C’est le deuxième jour du procès de Lamine Diack, ex-patron sénégalais de l’athlétisme mondial et ses cinq co-prévenus dont son fils Papa Massata Diack, poursuivis pour leur implication présumée dans un système de corruption destiné à protéger des athlètes russes dopés. Pour l’audience de ce mercredi 10 juin, la cour s’est intéressée aux contreparties qu’aurait obtenues Lamine Diack en échange du ralentissement des procédures de sanctions des athlètes suspects. Il s’agirait de contrats de sponsors et de droits télévisés pour la fédération, mais aussi d’un financement de l’opposition à Abdoulaye Wade pour les campagnes électorales de 2012 au Sénégal.
Un mail de juillet 2013 de Papa Massata Diack à propos d’un cadre de l’IAAF (International Association of Athletic Federations) qui s’étonne de la présence d’athlètes russes suspects aux Mondiaux, a mis les enquêteurs sur la piste. « Il lui a été clairement expliqué le rôle politique joué par la Russie dans les combats politiques au Sénégal entre novembre 2011 et juillet 2012, présidentielles et législatives », écrit-il à son père, Lamine Diack.
Un million de dollars pour batte Wade
Confronté à cet email en garde à vue, Lamine Diack, rappelle la présidente, dit vouloir prendre ses responsabilités et reconnait l’existence d’un accord avec Valentin Balakhnitchev, alors trésorier de l’IAAF et président de la Fédération russe d’athlétisme. « J’avais dit qu’il me fallait un million et demi de dollars pour battre [Abdoulaye] Wade. La Russie a financé », déclare Lamine Diack aux enquêteurs.
Toutefois, souligne la présidente, il ne précise alors ni le nom des destinataires ni les modalités de financement, se bornant à pointer : « C’est mon fils, Papa Massata Diack, qui devait coordonner tout cela avec Balakhnitchev ».
Pour le côté russe en revanche, « l’aide venait nécessairement du gouvernement
Devant les enquêteurs, Lamine Diack avait également évoqué un financement politique russe antérieur qui date de 2009 et n’entre pas donc pas dans le cadre des poursuites actuelles. À l’époque, il avait déjà sollicité une aide pour les municipales en demandant à Valentin Balakhnitchev de passer le message au président Vladimir Poutine, qu’il avait rencontré en 2006.
« Le message est passé. L’ambassadeur de Russie à Dakar m’a contacté. La Russie a donné 400-450 000 euros pour la campagne », déclare alors Lamine Diack aux enquêteurs, en indiquant que l’argent a servi à financer notamment des véhicules et des meetings.
Ce 10 juin doit avoir lieu première audition très attendue de Lamine Diack s’il maintient toutes ses déclarations. Son ex-conseiller, l’avocat Habib Cissé, était ce matin à la barre pour s’expliquer sur son rôle et les autres contreparties présumées liées aux sponsors et droits télévisés.
Avec RFI