Réputé pour son rôle joué dans la défense de l’intérêt de ses concitoyens, aussi bien sous l’Empire colonial que dans le Sénégal indépendant, Lamine Guèye a aujourd’hui bonne presse au niveau de l’opinion publique. Les différentes batailles engagées en sa qualité d’avocat, de magistrat puis de sénateur ont pu rehausser le statut des indigènes avant l’indépendance. Jusqu’à sa mort survenue ce jour du 10 juin 1968, le président Lamine Guèye aura dédié toute sa vie à la cause des autochtones.
L’homme est d’abord et avant tout un enseignant puisqu’il devient instituteur après l’obtention de son brevet en 1907 puis enseignant en classe de mathématiques à l’Ecole Wiliam-Ponty de Gorée. Cette partie de la vie de l’homme mérite amplement d’être relatée d’autant plus qu’en tant qu’enseignant, il a contribué pendant dix ans à la formation de personnalités telles que l’ancien président ivoirien Houphouët-Boigny.
Devenu le premier juriste noir de l’Afrique française avec le titre de docteur en droit en 1919, Lamine Gueye va mettre à profit sa nouvelle qualification pour préserver les intérêts des ressortissants de la colonie. Son entrée dans la politique lui permet de devenir maire de Saint-Louis en 1924 et de participer avec moins de succès aux élections législatives de 1928 et locales de 1929 dont il est sorti vaincu. En 1945, son nouveau statut de maire de Dakar va davantage le propulser au-devant de la scène politique. Mais si le président Lamine Guèye est aujourd’hui apprécié de façon presque unanime c’est surtout grâce à la « Loi Lamine Guèye » qui étend la citoyenneté française à tous les indigènes des colonies françaises. Il règle ainsi une injustice longtemps établie avec l’institution des « Quatre Communes ».