Lamine Diack, agneau du sacrifice?

par pierre Dieme

L’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), Lamine Diack, comparait devant les juges français à Paris. Soupçonné d’avoir étouffé des cas de dopage russes en échange de pots-de-vin et détourné de l’argent de sa fédération, son procès s’est ouvert, ce lundi, 8 juin, 2020.

Interrogé sur ce feuilleton judiciaire qui a démarré depuis 5 ans, Professeur Mbaye Thiam décèle des relents politiques derrière derrières ce procès. L’historien considère que l’ancien patron de l’IAAF comme ’’l’agneau du sacrifice’’ d’un combat de gladiateur. « Ce procès reflète une perspective d’enjeux géopolitiques à l’intérieur du mouvement sportif international. Dans cette perspective, Lamine Diack demeure l’agneau du sacrifice de toutes les gestions sportives des grandes fédérations, de la FIFA, du CIO, de l’UEFA, de la CAF de 1980 aux années 2000. Mais il le paie parce que c’est un Africain. Je ne parle pas de racisme, je parle de rapports de forces sur le plan international concernant l’ensemble des enjeux économiques, politiques sportifs. Ici, c’est un enjeu sportif », a-t-il déclaré.

L’IAAF est la plus importante fédération au monde. Son contrôle était devenu un enjeu politique majeur dans la mondialisation. Pour Pr Thiam, il fallait nécessairement éliminer les Africains au niveau de cette instance sportive. « Lamine Diack fait face aux juges français pendant que Sepp Blatter et Platini ont échappé. Pour leurs dossiers sont beaucoup plus filandreux que celui de Lamine Diack. Si le dossier de Platini a été mis sous le boisseau, c’est parce que la France et ses satellites ont fait ce qu’il fallait pour lui tirer des déboires judiciaires », a-t-il indiqué.

Concernant l’issue du procès, Pr Mbaye Thiam pense qu’en tout état de cause, Lamine Diack sera condamné. « Il y a deux choses : au bout du procès qu’il soit blanchi. Dans ce cas la justice française va perdre sa crédibilité. Ou alors qu’il soit condamné sans être transféré en prison et que l’on est l’impression, malgré tout, d’avoir condamné un coupable pour donner l’impression que justice a été rendue », a déclaré M. Thiam.

« ÇA FAIT CINQ ANS QUE JE ME TAIS… »

La première matinée du procès de Lamine Diack, ce lundi au palais de justice de Paris, a été pour l’essentiel consacrée à un rappel des faits qui ont entraîné la comparution devant la 32e chambre correctionnelle de l’ancien président de l’IAAF et de ses co-prévenus. Lamine Diack, qui avait fêté la veille ses 87 ans, a refusé de s’exprimer devant la presse, déclarant en souriant « ça fait cinq ans que je me tais », mais laissant la parole à ses avocats.

« Notre client est serein, déterminé, tranquille, a ainsi déclaré Me William Bourdon en mêlée de presse. Prêt à répondre avec toute la sincérité qui est la sienne, mais aussi avec toute la précision nécessaire à l’ensemble des questions qui lui seront posées. Dans ce dossier, le parquet a voulu installer un univers de corruption. Et quand on veut constituer un univers de corruption, et c’est de bonne guerre d’une certaine façon, ça s’opère par des rapprochements intellectuels, des rapprochements chronologiques… Mais enfin, il y a encore beaucoup de flou dans ce dossier qui subsiste et, me semble-t-il, le tribunal, constatant le caractère permanent de ce flou et les approximations ou les imprécisions qui sont contenues dans le réquisitoire du parquet, devrait, comme nous allons le faire, tirer toutes les conséquences de la déconstruction des charges à laquelle nous allons nous atteler pendant toute l’audience. »

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