Conséquences de la covid-19 : Ce qui guette l’Afrique !

par pierre Dieme

L’Afrique, au sortir de la Covid-19, sera encore plus pauvre. C’est en tout cas le résultat que l’on peut déduire d’une étude publiée par la Banque mondiale et qui annonce la pire récession depuis la seconde guerre mondiale, laquelle guette tous les pays du monde entier.

En effet, les prédictions de la Bm ne sont pas optimistes. Elle parle de baisse de l’activité au niveau économique de l’ordre de 7% au niveau mondial et de 2, 5% concernant le groupe des économies de marché émergentes et en développement.

Une situation qui concerne, aussi, l’Afrique et le Sénégal. La récession pourrait être encore plus grave compte tenu du fait que l’économie africaine et trop dépendante de celle d’autres pays notamment ceux du Nord.

Les ‘’perspectives sont très incertaines’’ et ‘’dominées par des risques de détérioration, avec notamment l’hypothèse d’une pandémie plus longue qu’anticipée, d’un désordre financier durable et d’un affaiblissement du commerce mondial et des chaînes d’approvisionnement’’.

Un tableau sombre qui nécessite des mesures drastiques d’anticipation et de prévision à toutes les échelles.

Nos Etats doivent revoir leurs priorités, réaffecter les ressources à des dépenses prioritaires primaires comme le mangé, l’éducation, la santé.

Mais, il faudra surtout restreindre d’une façon substantielle les dépenses de fonctionnement. Il n’est pas possible de continuer à supporter des charges qui sont compressibles parce que non-essentielles alors que la situation va perdurer au-delà même de 2021.

Nous avons, comme au Sénégal, des Etats budgétivores avec de fortes masses salariales avec cet impératif de clientélisme politique, c’est-à-dire la nécessité de caser des partisans ou des proches.

Aujourd’hui, le Sénégal par exemple ne doit pas continuer à avoir la même masse salariale tout en sachant qu’il y a réduction des recettes à tous les niveaux et peu de perspectives d’endettement futur.

Car, nous nous sommes endettés à loisir et nous ne saurions continuer dans cette logique.

Dans le même ordre d’idées, il faudra travailler à accompagner le secteur privé national par un plan de relance beaucoup plus inclusif. Car, jusqu’ici, le secteur informel est mis en rade dans la stratégie de relance. Or, comme le préconise un économiste, il serait même indiqué d’avoir un Ministère Chargé de l’Informel.

Bien sûr, l’Etat doit travailler à davantage assoir un secteur privé fort avec, en toile de fond, la préférence donnée aux nationaux.

Pour ce faire, il faudra mettre l’accent sur des secteurs comme l’agriculture avec des cultures vivrières comme le riz, le mil, le maïs, etc.

Les essais doivent commencer sur la culture de blé dont les importations sont importantes.

Pendant ce temps, les artisans, ces petits entrepreneurs doublés d’artistes doivent être accompagnés à la mesure de leur importance dans le tissu économique national.

Il va de soi qu’au niveau africain, les Chefs d’Etat doivent vite s’investir dans le projet ambitieux et névralgique de la mise en place rapide de la Zone de libre-échange économique africaine (Zleca). La survie de nos économies en dépend. Car, nos micro-Etats ne peuvent pas nous garantir un marché de consommation fiable. Mais à l’échelle du continent, si nous nous unissons, tout est possible.

Or, si nous ne faisons rien, ce qui va se passer, c’est que nous allons nous endetter davantage, tendre la main à des bailleurs qui vont poser des conditionnalités encore beaucoup plus humiliantes.

Pis, nous aurons une masse généralisée de pauvres qui n’aura pas le minimum vital avec, en toile de fond, des tensions sociales et politiques certaines.

C’est dire que le chaos que l’on prédisait pour l’Afrique ne va pas se produire directement du fait de la Covid-19, mais du fait de ses conséquences économiques.

Et c’est seulement par la prévision, l’anticipation, la rigueur et la solidarité que nous parviendrons à juguler le mal. Ceux qui ne le comprennent pas en payeront les conséquences.

Assane Samb

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