La pandémie de la Covid19 secoue le monde entier jusqu’à agiter la principale organisation mondiale chargée du trafic aérien, l’organisation pour l’aviation civile internationale (OACI).
À son siège à Montréal, techniciens et diplomates en poste se chamaillent sur les conditions et normes autour de la reprise des vols.
Une source intérieure m’envoie cette contribution privée que je partage avec vous.
OACI: Rififi sur l’aérien
Montreal, 7 juin 2020
Les couloirs de l’Organisation de l’Aviation civile internationale sont vides, vides de ses travailleurs, vides de ses leaders mais surtout vides de ses principaux experts, analystes et penseurs en charge de la réflexion stratégique.
Lundi 1er juin 2020, une réunion de son Conseil s’est tenue, qui fera date dans l’histoire.
La plus grande partie des interventions n’apportait pas de plus-value au rapport proposé sur la relance de l’Aviation (CART), mais était utilisée pour féliciter le Président, la Secrétariat générale et le Président du CART pour leur leadership.
Est-ce le rôle des Ambassadeurs en poste au sein de cette instance ? Est-ce ce qui est attendu des leaders de l’aviation ?
Le lobbying des européens est passé par là.
Le choix des hommes pour faire partie du groupe CART, bien qu’étant dans les prérogatives du Président du Conseil, est discutable.
Sinon comment comprendre le choix de personnes sans une expérience lourde dans le domaine, pour représenter certaines régions, si ce n’est la volonté de disposer autour, d’hommes et femmes de type « yes men » et applaudisseurs ?
Il est bien clair que tout a été savamment planifié, du choix des participants aux principaux rédacteurs.
En effet, comment peut-on vouloir gérer l’après COVID-19 dans le milieu aéronautique sans examiner d’abord ce qui l’a causée et comment peut-on asseoir des solutions pérennes, robustes et résilientes sans mener une véritable réflexion stratégique ?
On y perd facilement son latin ! Après y avoir réfléchi, on peut nourrir la crainte que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’on se retrouve un jour face à une situation similaire à ce qui se passe présentement aux USA.
Ce qui s’y passe est le résultat d’un manque de réflexion stratégique, d’un excès de certitudes du leadership et enfin, la pérennité des mauvaises habitudes résultant du copier-coller.
Et l’OACI vient de faire du copier-coller d’un document de la FAA (l’agence américaine de la navigation aérienne) alors que cette organisation a échoué dans son application aux USA.
Les résultats son palpables à présent.
L’homme a besoin en permanence de sécurité mais aussi de liberté et de justice. Un équilibre judicieux entre ces trois concepts contribue à la paix dans la cité. Trop de sécurité ou trop de liberté ou d’injustice crée un déséquilibre et engendre la colère, les manifestations, les conflits.
Cet équilibre permanent entre la sécurité, la liberté et la justice est fondamental dans la vie des hommes.
Chaque fois que certains extrêmes sont dépassés, la nature reprend progressivement ses droits.
Les manifestations présentes aux USA ne sont pas seulement dues à la mort d’un Africains- américain. Ces manifestations ne sont en fait qu’une occasion saisie pas la population pour rééquilibrer les choses, reprendre leurs droits, suite à toutes les privations que le COVID a engendrées.
A travers le rapport présenté, et validé « avec un score à la Soviétique » par plus de 95% des participants, (j’allais ajouter de façon honteuse), et, me projetant sur le futur, on peut prédire, sans nul doute, la chute de l’OACI.
En effet, l’OACI et ses représentants ne peuvent plus être crédibles s’ils ne mettent pas devant leurs préoccupations, les passagers d’abord.
Or dans ce document, le passager semble être la dernière roue de la charrette, celui dont les préoccupations n’intéressent personne.
Ceux qui on voté ce texte donné en anglais, pour la plupart, n’ont soit pas lu les 63 pages mis à disposition, juste quelques jours avant le Conseil, ou n’ont pas compris les véritables enjeux pour les lire.
La traduction du rapport de 15 pages a été reçue 02H00 avant le début du Conseil. Au moment où ces lignes étaient rédigées, la pièce jointe de 48 pages où les points les plus importants sont présentés en détail, ne nous étaient pas encore parvenus.
Alors, sur quelles bases ce rapport a-t-il été voté ?
En effet, comment peut-on parler de restauration de la confiance dans l’aéronautique dans le futur, lorsque l’on doit faire entre 01H00 et 09H00 de vol avec un masque, des gants, ne pouvant pas se parler à ses voisins, en se nettoyant les mains en permanences, en évitant de toucher les bagages des autres, en étant peut-être menottés pour un rien, en étant « vacciné » à l’aéroport avec un produit dont on ignore la provenance, en consommant des repas précuits et décongelés, en se déplaçant que très peu et de façon contrôlées, en réduisant certains acquits dans le domaine du transport des bagages aussi bien cabine que soute, en faisant …, etc. et, l’appeler attitudes sociales, sans que personne parmi les membres du Conseil ne l’ai testé auparavant, et que les africains en premier, ne s’en émeuvent ou ne s’en offusquent alors que tout est dirigé contre eux ?
Comment pouvons-nous, sous le couvert de la sécurité, bousculer des comportements, des traditions et des habitudes culturelles vieux de milliers d’années sous le prétexte d’une certaines protections contre le COVID-19 ?
Enfin comment pouvons-nous, sans sourcilier et sans s’en inquiéter d’aucune manière quelconque, être tous d’accord sur un problème aussi grave et aussi important, avec une disparité incroyable entre les pays concernés (je voulais dire inacceptable), des enjeux financiers incommensurables et des intérêts démesurés, disproportionnés et disparates ?
Comment pouvons-nous … ? Et ceci sans prendre en compte les nombreuses tracasseries en termes de tests de santé avant, pendant et après les vols sous le couvert de la sécurité sanitaire.
Pourquoi punir les passagers pour ce dont ils ne sont pas responsables ou leur faire payer les conséquences des ambitions démesurées et des bêtises de personnes ou de pays ?
Il n’est pas trop tard et l’OACI doit revoir sa copie.
Etre un bon technicien est certes une qualité, mais pas à ce niveau où il faut plus et mieux d’analyses globales et de réflexions stratégiques, pas seulement en théorie même si davantage de prospective ne serait pas de trop dans cette organisation.
Si d’aventure, les mesures proposées sont appliquées telles que planifiées par écrit et dans la tête de ses concepteurs avec les cinq niveaux prévus et les objectif principaux et objectifs secondaires cachés, l’OACI court un jour le risque de voir une révolte des passagers, dont les intérêts ne sont nullement pris en compte dans ce document, face au rouleau compresseur de l’Organisation mondiale de la Santé et des grandes organisations de l’aéronautique.
Cette révolte pourrait être similaire à celle dite du « COVID-19 » aux USA et dans le monde, et pourrait avoir comme facteur déclencheur ou comme déclic, la moindre étincelle liée à n’importe quelle attitude d’un employé lambda d’aéroport dans le monde.
Par ailleurs, dans ce document, les préoccupations de contrôles des données des passagers, la gestion de ces mêmes données par certains Etats et les enjeux financiers sont manifestes. De même on y entrevoit des leçons de « transparence », « de communication claire », « d’adhésion aux principes de bonnes gouvernances » etc., toutes dirigées sans nul doute, seulement vers certains pays membres de l’OACI et pas vers d’autres.
Au finish, les passagers et les pays en développement seront inévitablement les seuls grands perdants dans ce jeu à gros enjeux, qui semble-t-il, aurait été planifiée de longue date. L’OACI et certains pays viennent ainsi de gagner une bataille.
Trop de sécurité, tue la sécurité …
Montreal, Correspondant particulier.