Que ce soit du côté de l’Etat ou des particuliers, la domestication ou socialisation du coronavirus est entrée en phase active. Or, toute socialisation est une banalisation.
On chante la maladie à tout bout de champ alors que jamais quelqu’un, jusqu’ici, n’a chanté le diabète, la tension, l’infarctus du myocarde, le cancer ou n’importe quelle autre maladie.
Pourtant, ils sont des dizaines de chanteurs au Sénégal et ailleurs dans le monde à élaborer des chansons sur le virus. Des gens se comportent comme si d’ailleurs ils parlaient à un ami ou à un voisin.
Bref, la Covid-19 fait peur et séduit. Qu’à cela ne tienne, actuellement, elle est acceptée comme maladie en cours chez nous et ailleurs. Il n’y a plus cette psychose du début.
La preuve, les nouvelles mesures prises par les autorités sénégalaises ont été largement dictées par la réaction violente de la jeunesse du pays qui ne voulait plus des mesures de restriction imposées aux populations depuis trois mois.
Ainsi, on peut se demander ce que peut servir un couvre-feu qui démarre juste à 23 heures ? C’est en réalité juste le dernier baroud d’honneur des autorités. Histoire de ne pas perdre la face et de donner l’impression de maîtriser la situation.
Mais, la réalité est que les autorités ont perdu la maîtrise de la situation. Après trois mois, la tendance baissière est largement relative. Le bilan n’est pas exhaustif et le Ministère de la Santé le sait.
Car, les chiffres se basent sur des tests choisis selon un éch antillonnage qui rappelle le sondage avec ses calculs de probabilité et sa marge d’erreur.
Nous n’avons pas des tests massifs, donc, nous ne savons pas vraiment. Les chiffres obtenus sonnent juste comme des indicateurs.
Bien sûr, avec nos moyens limités, il était difficile de faire autrement. Nous n’avons pris que des demi-mesures. Parce que nous n’avons pas les moyens de prendre les mesures que dictait la situation au début. Il y a eu un semi-confinement et des tests ciblés sur certaines personnes dites suspectes ou qui présentent des signent de maladie.
Pourtant, en ce moment-là, nous savions qu’il fallait confiner tout le monde et faire des tests massifs. Ce que nous ne pouvions pas faute de moyens.
Or, les demi- mesures ne peuvent pas garantir les victoires. C’est pourquoi, du côté de la population, le relâchement a été immédiat après le discours du 11 mai du Chef de l’Etat qui était aussi à demi-mots, donc ambivalent.
Pis, avec les difficultés de la nouvelle situation aggravées par le non-respect de certaines mesures d’accompagnement, le message lancé aux autorités en manifestant, c’est de lui dire qu’il n’y a pas de quoi les retenir chez eux. Car, le virus a été domestiqué.
Malheureusement, on doit se rendre à l’évidence que, autant il est difficile de vivre avec un serpent venimeux, autant tenter de banaliser la présence du virus, c’est s’exposer à un danger de mort.
Ce qui ne veut nullement pas dire qu’il ne fallait pas prendre les mesures d’assouplissement. A notre avis, il faut maintenant travailler à conscientiser les populations, à les responsabiliser davantage dans la politique de riposte.
Sans totalement lâcher prise, l’Etat doit savoir libérer les énergies tout en attirer l’attention sur la présence du danger.
Aujourd’hui, tout le monde sait que le danger sera augmenté du fait de l’ouverture des barrières entre régions et du fait que les masques tombent.
Alors, il est important de se préparer à une augmentation des cas de contamination car nombre de nos concitoyens ne feront rien pour ne pas se mettre en danger et mettre la vie des autres en danger. On ne peut pas alors compter sur eux.
Donc, il ne faudra plus d’hôpitaux ne serait-ce que militaires. Il faudra encore distribuer du matériel de protection au personnel médical et aider les uns et les autres à mieux respecter les mesures-barrières par la communication et la dotation en moyens.
C’est une maigre parade, mais c’est mieux que rien. Car, le coronavirus a été bien accueilli au pays de la Téranga et va encore y rester pendant un bon moment.
Assane Samb