Assouplissement de l’état d’urgence: L’Etat n’avait plus le choix

par pierre Dieme

Les Ministres de l’Intérieur et du Transport devraient s’adresser à la presse aujourd’hui pour parler des modalités d’assouplissement des mesures d’Etat d’urgence et du transport interurbain.

Cette communication fait suite à la forte recommandation faite hier par le Président de la République en Conseil des Ministres. Il les a instruits, en rapport avec les acteurs du secteur du transport, d’examiner les modalités consensuelles de levée graduelle des mesures de restriction.

En termes clairs, les restrictions vont bientôt sauter. Mais, il est important que des concertations soient engagées au lieu de verser dans une précipitation qui rendra encore les nouvelles mesures impopulaires.

A ce propos, le Président qui parle de ‘’renforcement de la riposte sanitaire, la sensibilisation des  populations et l’engagement communautaire’’, est, déjà, dans une autre dynamique de riposte.

Manifestement, il d’agit d’aller vers l’abandon de toute forme de coercition et de verser dans la sensibilisation et l’implication des populations, ce que l’on aurait dû faire depuis longtemps.

Aujourd’hui, il est clair que l’Etat n’avait plus le choix. Il faudra davantage faire de concessions parce que la situation, à bien des égards, est devenue intenable.

Les émeutes qu’il a eues dans certaines villes comme Touba et Thiès ont prouvé à tous le ras-le-bol des populations, arrivées à un certain stade de désespérance parce que, pour beaucoup, dans l’incapacité de travailler afin de subvenir aux besoins les plus élémentaires.

Et l’intervention du Khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké, est pour davantage compliquer les choses pour l’Etat. Pour calmer les uns et les autres, le Khalife a promis d’examiner la situation et d’en aviser. Ce qui, certainement signifie une concertation inévitable avec les plus hautes autorités de l’Etat afin que davantage d’attention soit portée aux doléances des populations.

Du coup, il faudra s’attendre, dans les prochaines heures, à des assouplissements substantiels dans le cadre de l’état d’urgence et de la levée des barrières entre les régions.

Bien sûr, il n’est pas question de renoncer complètement aux restrictions. La pandémie sévit encore fortement dans notre pays et rien n’indique qu’elle recule.

Dans ces conditions, certaines restrictions vont subsister. Mais force est de constater que l’envie n’y est plus. Ni du côté des populations, ni du côté des forces de défense et de sécurité.

Certes, il y a eu relâchement et laxisme dans le comportement d’une bonne partie de la population, mais il n’y a jamais de fumée sans feu.

Ce qui s’est passé, c’est que nous avons manqué de rigueur et de concentration dans la gestion de la crise. L’Etat a manqué à ses promesses dans l’exécution du Plan de riposte et les faux-débats ont tout de suite pris le dessus sur l’essentiel.

Or, en situation de guerre, on ne peut pas se permettre ni d’être distrait ni d’être incompétent ou de mauvaise foi. Et c’est ce qui nous a perdus.

Conséquence, nous sommes manifestement en train de perdre la guerre. Car, le virus fait de plus en plus de victime et nous sommes obligés de retourner petit à petit à la situation d’avant-Covid parce qu’économiquement asphyxiés. Le temps qu’il nous était permis de consentir à ce semi-confinement est épuisé. Il faudra véritablement vivre avec le virus même si beaucoup d’entre nous n’y sont pas du tout préparés.

Et ceux qui craignent la recrudescence des cas de contamination n’ont pas tort.

Avec la réserve cependant qu’on avait prédit 40 millions de morts en Afrique et que rien de tel ne s’est produit. En clair, la Covid-19 n’a pas dévoilé tous ses secrets. Et que les pronostics d’hécatombe ne se réalisent pas du tout même s’il faut éviter toute attitude irresponsable parce que suicidaire.

Assane Samb

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