Comme annoncé par les autorités, l’ouverture des écoles, pour les classes d’examen, sera effective à partir d’aujourd’hui.
Les élèves vont ainsi rejoindre leurs écoles après plus de deux mois d’attente pour éviter la propagation de la Covid-19 dans le pays. Cela fait suite à une vaste opération de convoyage des enseignants notamment de Dakar vers les régions.
Bien sûr, les craintes sont loin d’être dissipées. Aussi bien enseignants que parents d’élèves restent circonspectes. Il n’est pas sûr que la chaîne de transmission ne sera aggravée par l’arrivée en masse de ces enseignants qui, eux aussi, s’exposent au risque de contamination.
Mais, comme le soulignent beaucoup, il fallait sauver l’année. Et plus que cela, il est important de faire respecter le droit à l’éducation dont les jeunes sont bénéficiaires du fait de la constitution.
Ainsi, cette opération va sonner comme un coup d’essai car, à la moindre difficulté liée à une ou des contaminations signalées, il faudra l’annuler, du moins dans la localité concernée.
Néanmoins, nous estimons que c’est une solution conjoncturelle et en tant que telle, manque d’efficacité. L’ouverture ciblée des classes notamment pour les élèves qui vont affronter les examens va poser un problème sérieux de rupture d’égalité de tous par rapport à ce droit fondamental à l’enseignement. Car, malheureusement, les autres devraient aussi être évalués, parce qu’ils vont passer à une classe supérieure ou être recalés sans pour autant avoir rempli le nombre d’heures exigé.
A moins de travailler à empiéter sur les vacances, ce qui va poser des problèmes avec la saison des pluies, il reste évident que les autres qui ne seront en classe d’examen seront lésés.
C’est pourquoi, malgré le risque, il fallait travailler à ouvrir les classes pour tout le monde. Et pour ce faire, les académies concernées vont, en intelligence avec les collectivités territoriales et les parents d’élèves, prendre les dispositions idoines.
On ouvre les écoles et on protège les enfants. Car, nous ne pouvons pas, sans verser dans le pilotage à vue, instaurer une année scolaire à deux vitesses et avoir la conscience tranquille.
La solution, à un niveau aussi sensible, doit être radicale après avoir été consensuelle avec de larges concertations avec les acteurs.
Il en est de même pour les universités publiques et privées. Le fait de parler d’enseignement à distance et de se frotter les mains, est une forme de fuite en avant. Car, tout le monde sait qu’aucune université n’est vraiment prête et que les étudiants ne sont dans les dispositions pratiques de suivre ce genre d’enseignement. Du moins pour beaucoup d’entre eux.
Certes, la Covid-19 a surpris le monde entier et aucun pays n’a été vraiment préparé, mais, les solutions à l’emporte-pièce ne sont pas les bonnes. Il faudra être réaliste et réfléchi. On ne peut pas se payer le luxe de dire des choses dont on sait qu’elles seront difficilement réalisables.
C’est pourquoi, il faudra ouvrir les écoles et les universités pour tous et revoir les conditions d’enseignement et de vie des concernés.
Car, depuis avril, rien ne nous prouve que les mesures adoptées aient porté les fruits escomptés. Les cas continuent à augmenter notamment à Dakar et ailleurs comme Touba. Et comme personne ne sait quand est-ce que tout cela va finir, autant gagner les autres paris notamment celui du droit à l’éducation.
En clair, on peut commencer à ouvrir pour les classes d’examen, mais dans les quinze jours qui suivent, tout le monde devrait suivre.
A défaut, ce sera une année blanche pour certains et validée pour d’autres. Ce qui est davantage gage de déperdition scolaire, de résultats au rabais et d’incompétence de nos futurs cadres.
Assane Samb