Impact du covid-19 sur le transport aérien : éviter un crash à Transair

par pierre Dieme

La pandémie du Coronavirus a eu des conséquences désastreuses sur le secteur des transports aériens avec la fermeture des frontières depuis le 20 mars dernier. Une crise qui n’a pas épargné la compagnie sénégalaise Transair, qui assurait la déserte Dakar-Praia, mais aussi et surtout, connectait plusieurs régions sénégalaises à Dakar. Notamment Kolda, Ziguinchor… La «petite» compagnie aérienne sénégalaise Transair, frappée de plein fouet comme l’ensemble du secteur par la pandémie de coronavirus, ne sait pas où donner la tête. En attendant des jours meilleurs, elle fait voler ses avions à vide au-dessus du ciel sénégalais. Pour cause, pour conserver sa licence, un pilote doit effectuer au moins trois décollages et trois atterrissages tous les trois mois. Sans occulter un autre fait et pas des moindres : l’avion doit voler pour rester en bon état.

Or, tous les vols en provenance ou à destination du Sénégal sont suspendus depuis le 20 mars à l’exception d’une poignée d’évacuations sanitaires, d’un certain nombre de vols de rapatriement de touristes et des vols de maintenance. Les compagnies aériennes, dont Air France, très présente au Sénégal et les autres secteurs économiques du pays, attendent avec impatience l’autorisation de reprise des vols, en croisant les doigts pour qu’elle intervienne avant la saison estivale en Europe. Mais, le gouvernement a annoncé jeudi prolonger jusqu’au 30 juin la suspension de tous les vols au départ ou à destination du Sénégal. Selon Tv5monde.com, au niveau mondial, l’Association internationale du transport aérien (Iata) a chiffré à 314 milliards de dollars (286 milliards d’euros) l’impact de la pandémie sur le chiffre d’affaires des compagnies aériennes en 2020, soit une chute de 55% par rapport à 2019. Et le transport aérien ne devrait pas retrouver son niveau de trafic d’avant-pandémie avant 2023, selon l’association. Au Sénégal où le tourisme est un des moteurs de l’économie, on compte trois compagnies nationales.

La plus petite, Arcen-ciel Aviation, est spécialisée dans les vols à la demande. Air Sénégal, compagnie publique fondée en 2016, a su se faire une place dans les liaisons avec la sous-région et l’Europe. Quant à Transair, lancée il y a 10 ans, elle reste active dans les vols à la demande, son métier initial, tout en opérant en temps normal une soixantaine de vols commerciaux par semaine, dont 40 à l’intérieur du Sénégal.

Pour réduire l’impact de la crise, le gouvernement sénégalais a débloqué 77 milliards de francs CFA en faveur du tourisme et des transports aériens, dont 45 milliards de CFA pour Air Sénégal. Compagnie privée, Transair devrait bénéficier d’un petit coup de pouce, dont des prêts à taux préférentiels et un report du paiement de la TVA. Son Président Directeur Général, Alioune Fall a été même choisi comme président du comité de relance au sein du ministère du tourisme et des transports aériens. Mais le risque de faillite est réel. D’ailleurs, M. Fall reconnaît chez nos confrères de tv5monde.com que l’élan de leur compagnie est plus ou moins brisé. «Avant, nous étions en expansion, on prévoyait même des vols intercontinentaux dans quelques années. Maintenant, tout est à l’arrêt.

Quand on fait 3 ou 4 vols par jour et qu’il n’y a plus rien, on ne sait pas où on va», expliqué M. Fall, qui même s’il n’a pas encore procédé à un dégraissage du personnel, admet tout de même un «risque de faillite». A moins qu’à l’image de l’aide (45 milliards) devant être apportée pour sauver la compagnie Air Sénégal d’un crash en plein vol, l’Etat pense aussi à un plan de relance de Transair. En France, quand un dossier du sauvetage d’Air France a été finalisé avec l’apport de 7 milliards d’euros de liquidités provenant d’un prêt bancaire garanti par l’Etat d’un montant de 4 milliards d’euros et d’un prêt de l’Etat de 3 milliards d’euros, une douzaine de compagnies aériennes tricolores (Corsair, La Compagnie, Air Austral, Air Calin, Air Calédonie International, Air Tahiti Nui, Chalair, Air Corsica, ASL Airlines, Air Caraïbes, French Bee, Twin Jet, Air Antilles, Air Guyane) avait demandé, elles aussi, un coup de pouce de l’Etat, « au nom de l’égalité de traitement ». Comme Air Sénégal, la compagnie Transair, elle aussi, est frappée de plein fouet par la crise du Covid-19. Lui offrir « des moyens de survivre » ne correspondrait pas qu’à appuyer une société nationale qui emploie plus de 100 personnes. C’est mieux que des prêts à taux préférentiels et un report du paiement de la TVA.

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