Contribution – La crise sanitaire du COVID-19 et ses impacts sur le sous-secteur de l’horticulture au Sénégal. (Demba SIBY)

par admin

 Contribution – La crise sanitaire du COVID-19 et ses impacts sur le sous-secteur de l’horticulture au Sénégal. (Demba SIBY)

La crise sanitaire causée par la pandémie du COVID 19 a partiellement indisposé le monde.Plus de 4.800.000 personnes ont été infectées par le virus COVID 19 et la barre des 320.000 morts a été déjà franchie. Les conséquences ne sont pas que d’ordre sanitaire, elles sont aussi économiques.Le gouvernement du Sénégal devrait parallèlement, à la lutte quotidienne contre le covid-19,construire un modèle économique stratégique dont le rôle principal est de faire face aux chocs exogènes nés de cette crise. Ensuite de le protéger financièrement pour les propulser et éviter toute prédation étrangère. D’abord par définition, il faut comprendre par « stratégique », tout ce
qui garantit l’autonomie, la sécurité économique et la souveraineté de l’Etat. C’est la raison pour laquelle on doit prioritairement définir des critères d’intérêt stratégique comme par exemple peut-on nourrir les villes sans paysans ? Le développement des villes doit-il s’appuyer sur le recours croissant aux importations de produits alimentaires? Quels sont les débouchés en devenir pour l’agriculture sénégalaise ? Autant de questions qui nécessitent un détour par l’intérieur des filières
agricoles, qu’on peut faire évoluer en fonction des mutations technologiques et géopolitiquesmondiales internationales. Car n’importe quel secteur pris dans son ensemble peut être considéré comme stratégique peut gagner ou perdre son caractère sensible ou stratégique en fonction del’humeur de l’environnement Mondial.

La filière horticole est devenue le sous- secteur le plus dynamique de l’agriculture sénégalaise. Le Sénégal présente des conditions pédoclimatiques favorables à l’horticulture dans plusieurs zones du pays, mais la production horticole est concentrée principalement dans la bande littorale des Niayes et dans la vallée du fleuve Sénégal. Le pays produit une large gamme de produits à forte valeur ajoutée pour répondre à la demande des marchés nationaux, sous régionaux et internationaux. La production horticole connait une augmentation constante de plus de 10 % chaque année, pendant que les exportations des produits horticoles progressent de plus 20 % par an. La production de fruits et légumes s’est accrue de 37% entre 2012 et 2019 tandis que les volumes des exportations ont progressé de plus de 55% durant ces huit dernières années. Parallèlement le taux de couverture des besoins pour les légumes de grande consommation en 2019 s’est beaucoup amélioré : il est de 8 mois pour la pomme de terre et l’oignon et de 7,5 mois pour la carotte. La valeur en devise d’une tonne de fruits et légumes équivaut à deux fois celle du coton, trois fois celle de l’arachide et plus de vingt fois celle des phosphates. Ce qui fait de l’horticulture une filière très importante dans l’agriculture sénégalaise d’autant qu’elle permet d’atténuer les déficits céréaliers, de diversifier l’alimentation des ménages surtout des ruraux, avec notamment la promotion d’entreprises privées de production et donc de «booster» la croissance économique du Sénégal contribuant ainsi à la réalisation de la vision du PRACAS qui est de construire une agriculture compétitive, diversifiée et durable.

Malgré toutes ces performances, le sous-secteur de l’horticulture est confronté à de réelles contraintes qui freinent son développement :
• Les structures d’encadrement spécifiques sont encore limitées ;
• La dépendance de l’extérieur pour l’acquisition de semences de qualité ;
• Les faiblesses notées dans l’organisation des producteurs;
• Les infrastructures de conservation et de stockage moderne inexistantes ;
• Les unités de transformation des fruits et légumes sont insuffisantes ;
• Les investissements des producteurs dans les exploitations restent aussi faibles ;
• Les horticulteurs sénégalais connaissent également une faible labellisation de leurs produits.

Ainsi dans cette période critique de pandémie du COVID 19, il est nécessaire de repenser notre système alimentaire autour de la sécurité, de la souveraineté et surtout de la durabilité. Ce qui nous amène à une réflexion sur l’optimisation de l’utilisation des produits horticoles pour un développement de ce sous-secteur. Ceci ne serait possible que par la prise en charge urgente des préoccupations suivantes :

✓ Une mise en place d’un système d’encadrement spécifique à l’horticulture et l’instauration de
cahiers de charges pour une production de qualité est indispensable ;

✓ La diversification » du choix des variétés et l’organisation de la production en fonction des besoins réels du marché ;

✓ L’implication de la recherche pour la reconstitution du capital semencier national ;

✓ Un renforcement des unités de stockage et de conservation indispensable du fait du caractère très périssable des produits horticoles ;

✓ La maîtrise de l’eau pour faire plusieurs campagnes par an ;
✓ Un appui des initiatives privées pour un partenariat public privé dans la transformation des fruits et légumes et de réseaux de distribution efficaces ;

✓ La mise en place d’un bon système de régulation capable de garantir l’écoulement correcte des produits horticoles dans les marchés intérieurs et éviter la concurrence déloyale des produits importés ;

✓ Et enfin autres facteurs importants pour hausser le niveau de labellisation : la régularité des productions et les initiatives privées dans la production, la commercialisation et la transformation des produits horticoles.

Demba Siby 

Chef de Réseau Ouest La Banque Agricole du Sénégal

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