Reprise du dialogue politique : Urgences… locales !

par pierre Dieme
Au rythme de Covid-19 qui a imposé au monde entier une vie au ralenti, la date antérieurement arrêtée par le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, pour la tenue des élections locales au plus tard le 28 mars 2021, risque d’être sérieusement compromise. Pour cause, si d’ici peu (fin mai début juin), le dialogue politique aujourd’hui suspendu ne redémarre pas, le Sénégal ne disposerait pas des huit mois nécessaires, selon certains experts électoraux, pour réviser les listes électorales, distribuer les cartes d’électeur, procéder au parrainage des candidatures, définir la phase des contentieux et autres, avant d’engager la campagne électorale, pour enfin arriver à l’organisation du scrutin proprement dit. Conséquence, à moins de devoir vivre une énième prorogation des mandats des élus locaux élus depuis le 29 juin 2014, pour un mandat de 5 ans, Etat et classe politique semblent obligés de démarrer instamment le dialogue politique national, déterminant pour l’établissement des règles consensuelles du jeu politique, et à partir duquel une date pourrait être arrêtée pour les élections locales. Et cela, d’autant que le contexte semble s’y prêter avec le pays qui s’adapte progressivement à vivre avec le nouveau coronavirus. En tout cas, du côté des acteurs du dialogue politique, la reprise des travaux est jugé possible si des dispositions idoines sont prises pour le respect des mesures sanitaires édictées.
 
ADAPTATION A VIVRE EN PRESENCE DU CORONAVIRUS AU SENEGAL: Le dialogue politique, en question !
 
Tel un coup de massue, la pandémie du Covid-19 a porté un sacré coup au dialogue politique sur le processus électoral, très déterminant pour l’établissement des règles consensuelles du jeu politique, en prélude aux prochaines échéances électorales. Dès lors que le chef de l’Etat, Macky Sall, demande aux Sénégalais «d’apprendre à vivre en présence du virus», la reprise des travaux, très avancés même s’il existe encore beaucoup de points d’achoppement, semble devoir faire partie des adaptations à entreprendre pour le bien du processus démocratique.

«Nous devons désormais apprendre à vivre en présence du virus, en adaptant nos comportements individuels et collectifs à l’évolution de la pandémie» ou encore «il nous faut adapter notre stratégie, de façon à mener nos activités essentielles et faire vivre notre économie». Ces phrases sont du chef de l’Etat, Macky Sall, lors de son adresse à la Nation, le lundi 11 mai dernier. Sur les raisons de cette nécessaire adaptation, le président Sall informe que «dans le meilleur, des cas, le Covid-19 continuera encore de circuler dans le pays jusqu’au mois d’août, voire septembre».

Par conséquent, des mesures ont été prises pour l’allégement des conditions de l’état d’urgence. Il en est ainsi des horaires du couvre-feu ramenés de 21h à 5h, l’ouverture des marchés et autres commerces 6 jours sur 7, la réouverture des marchés hebdomadaires communément appelés «Louma». Que dire de l’ouverture des lieux de culte, ou encore de la reprise des cours pour les élèves en classe d’examen, le 2 juin prochain ? Bref, le président Sall veut «une stratégie adaptée à nos réalités économiques, sociales et culturelles».

 Quid alors du processus démocratique, ou plutôt du dialogue sur le processus électoral ? Ne fait-il pas partie des activités essentielles, dans la mesure où il participe à la mise en place d’un système électoral qui permet au peuple d’exprimer librement et régulièrement sa volonté au moyen d’élections honnêtes, ayant lieu périodiquement?

 Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ensemble des acteurs politiques en ont fait une priorité. Sinon, comment comprendre que le dialogue politique sur le processus électoral soit le seul cadre d’échanges dans lequel se retrouvent toutes les composantes de la sphère politique sénégalaise, même l’opposition dite «radicale». Ces échanges politiques, contrairement à celui national boycotté par certains adversaires au régime de Macky Sall, sont considérés comme une donnée consubstantielle à la démocratie.

Les acteurs ont jugé nécessaire de se retrouver dans un espace, autre que celui de l’Assemblée nationale, pour discuter et trouver des consensus forts sur les questions politiques qui transcendent les partis politiques et même les mandats. Il en est ainsi des questions relatives aux règles du jeu politique, tout comme celles de la gouvernance démocratique. Malheureusement, la pandémie de Covid-19 est survenue au moment où les «dialogueurs», qui avaient fini de trouver un consensus sur les Termes de références, étaient en train de boucler le mode de financement de l’audit du fichier électoral et l’évaluation du processus électoral pour procéder ensuite à l’appel d’offre.

 Cette suspension des concertations risque de menacer l’échéance fixée par le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, au plus tard le 28 mars 2021 pour la date des Locales. La crainte est que d’ici la fin du mois de mai, si rien n’est fait, la date des élections soit compromise. Parce que, selon certains experts électoraux, il y aurait moins de 8 mois pour réviser les listes électorales, distribuer les cartes, procéder au parrainage, sans oublier la phase des contentieux et la consolidation de la liste, la campagne électorale, pour enfin arriver à l’organisation du scrutin proprement dit. Qui plus est, certaines questions d’une importance capitale restent toujours en suspens. Il en est ainsi des méthodes d’organisation des élections locales, à savoir le parrainage, le mode élection des adjoints aux maires et aux présidents de conseils départementaux. Les modalités de détermination du statut de l’opposition et de son chef, tout comme l’autorité en charge des élections et celle chargée des médias publics. Que dire du bulletin unique, de la rationalisation des partis politiques et du mode de financement des partis ?

Autant de questions sur une liste non exhaustive qui interpellent sur la nécessité de trouver la meilleure formule avec la présence de Covid-19, pour poursuivre les discussions. Cela, d’autant plus qu’une énième prorogation des mandats des élus locaux serait de trop, car étant élus le 29 juin 2014 pour un mandat de 5 ans. Donc, ils perdraient leur légitimité démocratique. De toute évidence, les principes démocratiques qui requièrent le respect du calendrier électoral républicain, pour ainsi honorer le droit de suffrage des électeurs, restent plus que nécessaires.

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