Ils peuvent bien se donner bonne conscience en affirmant que le Franc CFA, sous sa forme coloniale et post-coloniale, est entrain de mourir. Mais qu’ils n’essayent pas de nous faire croire que ce qui va naître sera l’ECO.
L’ECO n’est pas la monnaie de l’UEMOA et ne le sera pas. C’est un projet souverain de la CEDEAO pris au piège des manœuvres d’une France qui, face à des dirigeants africains sans épaisseur, a réussi à faire d’une pierre deux coups: torpiller un projet de la CEDEAO sur lequel elle n’a aucune prise et usurper un symbole monétaire qu’il fait naître ligoté et enchaîné à l’euro pour une durée indéterminée.
Au moment où la crise sans précédent du COVID 19 amène certains grands dirigeants du monde à se donner les moyens de consolider leurs acquis et à d’autres de rompre les équilibres défavorables et les chaînes de la dépendance, il se pourrait bien que rien ne change en Afrique. La faute à des dirigeants incapables de prendre conscience des enjeux de l’heure et de comprendre que les disruptions ne sont plus seulement nécessaires. Elles sont devenues incontournables.
Je demande, une fois encore, aux dirigeants de la CEDEAO de s’opposer à l’utilisation du nom et des signes de l’ECO, qui constituent un symbole de la libération des peuples ouest africains et non un instrument de la servitude de certains États.
J’invite en particulier le Nigeria, le Ghana et les autres pays de la ZMAO à rejeter la réforme de la France. Je milite et œuvre depuis plus de 15 ans pour l’avènement d’une monnaie souveraine et flexible dans la CEDEAO, en appui aux politiques sectorielles commerciale, agricole et industrielle. Je poursuivrai ce combat avec tous les intellectuels, militants, acteurs politiques et de la societe civile ouest africaine pour faire barrage aux desseins de la France et ses représentants.
Je recommande aux États de l’UEMOA de continuer à utiliser le Franc CFA arrimé à l’euro aussi longtemps qu’ils le voudront, tout en œuvrant, comme ce fut le cas ces dernières années, pour des convergences nécessaires à la création de l’ECO.
Ainsi, plus tard, lorsque les conditions seront réunies au niveau de la CEDEAO, et cela arrivera tôt ou tard, l’ECO naîtra en tant que monnaie libre, flexible et souveraine. Elle sera alors notre monnaie.