The New York Forum institute a organisé, mardi 19 mai 2020, une table ronde virtuelle de haut niveau sur le thème : «Pour un monde résilient : l’appel de l’Afrique en faveur d’une nouvelle gouvernance mondiale». Une première du genre depuis la création de l’institution en 2010. Au cours de cette conférence virtuelle, le mot d’ordre a été de trouver de nouvelles alternatives pour faire face aux chocs du COVID -19.
Cinq chefs d’états ont participé à cette conférence : Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire, lssoufou Mahamadou du Niger, Macky Sall du Sénégal, Uhuru Kenyatta du Kenya et Julius Maada Bio de la de Sierra Leone. Les présidents africains, aux côtés d’experts internationaux, de financiers et de techniciens…se sont penchés sur les défis africains à travers une série de tables rondes virtuelles.
Lors de la table ronde virtuelle des chefs d’Etat, le président nigérien, Muhammadu Issoufou, a prôné pour un changement de paradigme après la pandémie du Civid -19. Ce nouveau paradigme, souligne-t-il, suppose une nouvelle gouvernance politique et économique mondiale plus démocratique. L’accélération de l’intégration politique et économique du continent africain passe par des institutions démocratiques fortes, capables de promouvoir une bonne gouvernance politique et économique dans les différents Etats du continent. Ce sont ces grandes questions qui doivent alimenter les débats au niveau continental et au niveau mondial, a rappelé le chef de l’Etat. Le nouveau paradigme COVID-19 doit être centré non seulement sur la lutte contre les inégalités mais aussi sur les études climatiques. Le nouveau paradigme doit permettre à l’Afrique de mobiliser des ressources financières pour sortir les populations des pauvretés, en permettant aux Etats de lever des impôts considérables (mobilisation de ressources internes) jusqu’ à 24% du PIB contre moins de 20% pour la plupart des états africains. Ensuite renforcer les IDE et consolider la ressource de la diaspora africaine.
Intervenant sur la question de l’annulation de la dette africaine, le président sénégalais, Macky Sall, a proposé de trouver des mécanismes plus souples afin de restreindre la dette africaine. Le chef de l’Etat sénégalais a rappelé que l’encours de la dette de l’Afrique subsaharienne représente moins de 2% des ressources mobilisées au cours de cette pandémie pour les pays du G20. Dans son intervention, Macky Sall a aussi appelé les bailleurs aident les pays africains à atténuer les dettes commerciales, ce qui permettra d’alléger les finances publiques africaines.
Tirant les leçons de son passé récent, l’Afrique a fait preuve de leadership dans sa réponse à la crise COVID-19. À la suite de l’épidémie d’Ebola, sous l’impulsion de l’Union africaine et de son Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), le continent a transformé sa gouvernance de la Santé. Cela lui a permis de mettre en place des mécanismes d’alerte précoces et de prendre des mesures adaptées. Les chefs d’État africains ont agi rapidement pour contenir la contagion et encourager l’utilisation de technologies pour faciliter la distanciation sociale.
En outre, parce que l’Afrique est le plus jeune continent au monde, avec un âge médian de près de 20 ans, certaines voix optimistes lui prédisent un sort moins tragique que ses homologues européens, américains ou asiatiques. Alors que les exemples de leadership sont nombreux, il ne faut pas ignorer le contexte global : les initiatives régionales et nationales ne peuvent à elles seules vaincre le Covid-19.
Le contexte particulier du continent appelle sans doute à une réponse particulière. Ainsi, un africain sur trois vit en dessous du seuil de pauvreté. Quelque 70% des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté dans le monde se trouve en Afrique, continent qui compte à peine 3% des professionnels de santé dans le monde et et moins de 1% des ressources financières. D’importantes dettes publiques et une sécurité alimentaire vulnérable fragilisent d’autant plus le continent.
Des dirigeants africains et européens ainsi que plusieurs organisations internationales ont déjà fait état de l’importance d’agir ensemble pour assister les économies les plus fragilisées. Les institutions internationales telles que le Fonds Monétaire International, le Groupe de la Banque mondiale, la Banque Africaine de Développement et la Banque Islamique de Développement ont intensifié leurs efforts. Cela ne suffit pas. Cet événement virtuel du NYF-Institute représentait une opportunité unique d’accélérer les efforts internationaux en faveur du continent. “À l’orée d’une décennie décisive pour notre siècle et à quelques mois du prochain G20, nous entendons définir ce que sera le monde d’après, le monde que nous voulons pour nous-mêmes et pour nos enfants”, a dit le président Sall. L’objectif du NYF-Institute est de proposer des solutions concrètes et innovantes pour stimuler la croissance économique en créant de nouvelles alliances, en favorisant les partenariats et en encourageant l’émergence de jeunes talents et entrepreneurs en période de crise.