Quand, ici même, nous disions que Macky SALL agissait, non pas comme un président de la République ; mais, tel un chef de gang, certains ont trouvé la réflexion trop abrupte pour l’appréhender. La crise sanitaire qui s’est installée tourbillonnant a levé, au grand jour, le voile intégral qui couvrait le peu d’altruisme qui lui restait. Alors que, comme rarement ils ne l’ont fait, les Sénégalais, tous unanimement, lui ont accordé un blanc-seing pour que, tel le chef de guerre qu’il s’est autoproclamé, il conduise la Nation à la victoire, Macky confie les munitions à son beau-frère avant de se dérober et de signer l’armistice qui fait du virus un nouveau voisin de ses compatriotes. Seulement, cette reculade n’est que de façade. Quand mister corona aura fait la moitié des dégâts que l’OMS conjecture depuis le début de la pandémie, SALL retrouvera son vrai caractère. Celui contre lequel ont buté les partisans de Karim WADE, de Khalifa SALL… ainsi que les contempteurs du système de parrainage.
En se rendant au palais de la République, le 24 mars dernier, à la rencontre du chef de l’Etat, les leaders politiques de l’opposition avaient occulté la responsabilité de l’Etat dans la propagation du Coronavirus. Ce n’est que dernièrement, face à la presse, qu’Ousmane SONKO est revenu sur les cas enregistrés au Sénégal au mois de mars 2020 pour mettre à l’index la fermeture tardive des frontières sénégalaises si préjudiciable. Ainsi, personne ne parla du Français qui, de retour de voyage, a été le premier à être testé positif au Sénégal ; ni de l’émigré revenu d’Italie qui a contaminé plusieurs personnes à Touba. Dans leur volonté de donner corps à la concorde nationale mal-en-point, à la cohésion sociale malmenée, les plus farouches détracteurs du régime avaient tu les critiques pour répondre à « l’appel de la Nation ».
Macky SALL profite de cet état de grâce tombé du ciel pour s’arroger les pleins pouvoirs et ainsi tout verrouiller, à commencer par l’information. Un contrôle presque total de l’information édicté par un point de situation quotidien du ministère de la Santé et de l’Action sociale qui laisse peu de place à la spéculation. Avec l’Institut Pasteur dont les lettres écrites témoignent peu de noblesse, c’est le Gouvernement qui dicte au virus la direction à prendre. Et, plus les tests sont nombreux plus les contaminés le sont. En installant les gouverneurs à la tête des comités régionaux de gestion de l’épidémie à la place des médecins-chefs de région, le régime centralise davantage l’information même celle émanant des régions. Ainsi, le politique supplante le spécialiste.
« Face au péril, l’état d’urgence nous donne les moyens de renforcer nos rangs et d’intensifier nos efforts de lutte pour vaincre notre ennemi commun », disait le chef de l’Etat, le 23 mars 2020 dans une adresse à la Nation. Le Sénégal comptait alors 79 cas confirmés. La classe politique, la société civile, tout le monde lui donnait son onction comme en témoignent les milliards collectés dans le cadre du fonds « force Covid-19 ». Et pendant que les plumes les plus acerbes s’attendrissent, la presse s’accroche au train qui arrive à l’heure. Les voix tolérant, justifiant les violences policières parvenaient même à noyer celles les contestant. Tout était parfaitement arrangé pour que le Sénégal boute dehors le Coronavirus en un rien de temps. Le 10 avril 2020, il y avait plus de patients guéris que de malades sous traitement (137 patients guéris
Le super ministre Mansour FAYE, son beau-frère, réussit, tout seul, à focaliser les attentions non pas sur les gestes barrières mais sur l’aide alimentaire. L’autosuffisance alimentaire renvoyée aux calendes grecques, des tonnes de produits sont commandées à l’extérieur par l’intermédiaire d’opérateurs occasionnels. Et le coup d’envoi des arrêtés ministériels les éphémères est donné. Aly Ngouille NDIAYE commence par suspendre la délivrance des autorisations de circuler après qu’un ASP en a vendues 300 à Thiès. Pour se donner une occupation, Moustapha DIOP invente l’homologation des masques avant de déchirer son arrêté. Le ministre du Commerce bannit le pain des boutiques et crée des attroupements devant les boulangeries.
Il aura fallu moins de deux mois pour que les uns et les autres se rendent que « l’appel de la Nation » n’était, en réalité, qu’un leurre.Le chef de l’Etat cherchait l’unanimité non pas pour venir à bout du Coronavirus mais pour consolider ses positions au Sénégal et ailleurs dans le monde. « Nouvel ordre mondial, annulation de la dette », deviennent ainsi les nouvelles priorités de Macky SALL en total déphasage avec les préoccupations des Sénégalais qui ne voient plus la queue du diable pour la tirer. Entre le marteau du Coronavirus et l’enclume de la faim, il ne leur restait plus que la prière… Mais, cela aussi c’était trop demandé. Pour avoir insisté, les Sénégalais sont cloués au pilori et accusés d’être les responsables de la propagation rapide du Coronavirus. Sur des plateaux de télévision, « leur indiscipline » est mise en exergue pour voiler l’échec des pouvoirs publics…
A suivre …
Mame Birame WATHIE