A SON EXCELLENCE MACKY SALL.

par admin

      

« Pour diriger un pays ou présider aux destinées d’une nation, il faut du courage, du cran, de l’ambition, beaucoup de compétence et un sens élevé de l’éthique ».

Monsieur le Président de la République, jusqu’au moment où j’écris ces lignes le monde entier est sous la menace de la covid-19 qui est en train d’imposer des changements notables dans nos modes de vie. Chaque Etat, chaque gouvernement, chaque dirigeant, avec le soutien de son peuple s’évertue à imaginer la meilleure stratégie pour venir à bout de cette pandémie qui a fini de mettre à nue nos fragilités dans tous les domaines de l’activité humaine. C’est ainsi que, ne voulant guère etre en reste, vous aviez pris une série d’initiatives pour fédérer autour de votre personne tous les segments de notre pays, afin que, chacun participe à l’effort de lutte contre la covid-19 ; et dans un élan de solidarité et fraternité rarement égalé, observé et vu, tous vos compatriotes ont répondu spontanément et sincèrement à votre appel. On a toujours en mémoire les images des audiences accordées aux différentes personnalités politiques, religieuses, coutumières et de la société civile défilant au palais de la République.

Monsieur le Président de la République, vous aviez pris un certain nombre de mesures, après avoir consulté des experts dans tous domaines, notamment ceux du comité scientifique en charge de la gestion des épidémies. C’est ainsi que vous avez décrété l’état d’urgence, assorti d’un couvre-feu de 20 heures à 06 heures, la fermeture de tous lieux de cultes, l’interdiction de toutes formes de rassemblements, le réaménagement des horaires de travail, la distanciation sociale et  physique etc…Il est bien évident que toute cette batterie de mesures, plus que contraignantes  et inédites, constituaient autant de facteurs dirimants pour une vie sociale normale, mais les Sénégalais s’y sont, volontiers, soumis par patriotisme et souci de vous accompagner dans ce que, vous-même, aviez qualifié de « guerre ». En plus des pouvoirs exorbitants dont vous disposez déjà, vous avez sollicité une loi d’habilitation qui vous a été accordée et qui faisait de vous le maitre et le chef absolu de notre pays, disposant de tous les leviers de commandement et de décision.

Monsieur le Président de la République, quand vous preniez ces différentes, difficiles et pénibles mesures, notre pays était à 27 cas positifs et que seules deux localités étaient touchées, Dakar et Touba. Les Sénégalais sont perplexes et n’arrivent pas à comprendre votre récente décision de revenir sur toutes ces mesures, la plupart préventives, alors que la maladie est dans sa phase ascendante et qu’elle n’a pas encore atteint son pic.  Certains spécialistes vous font le reproche d’avoir réagi tardivement alors que, selon eux, une anticipation nous aurait épargné la présente situation. Vous avez manifestement fait montre de négligence et de manque de vigilance. Les mesures d’allègement, d’assouplissement, de relâchement voire de dé confinement ne se prennent que quand on est en phase descendante, c’est-à-dire quand la maladie, plus ou moins maitrisée, évolue positivement et progressivement vers sa disparition. Il est bien évident que vous avez cédé aux pressions tous azimuts qui s’exerçaient sur vous, notamment de la part de certains cercles religieux dont certains veulent s’arroger le monopole de la foi. 

Monsieur le Président de la République, concernant la fermeture des lieux de culte, précisément les mosquées, vous avez lamentablement failli pour avoir adopté une position faite d’ambiguïté, de laxisme, de favoritisme et bienveillance coupable à l’endroit d’une communauté religieuse dont vous adepte qui a ostensiblement refusé de se soumettre aux lois de la République. Les membres de cette communauté religieuse ont effectué les cinq prières quotidiennes et celle du vendredi dans les mêmes conditions de rassemblements et de promiscuité qu’auparavant ; et vous n’avez pas osé réagir de peur d’effaroucher le marabout qui serait votre guide religieux. Pendant ce temps des imans sont interpellés, arrêtés et rudoyés dans différentes localités du pays, notamment à Dakar et à Kaolack. Par votre faiblesse, votre politique partiale de deux poids deux mesures vous avez incité les autres foyers religieux à la révolte. Devant un tel défi, vous êtes resté sans voix, sans réaction, totalement impuissant. Vous avez levé la mesure sur les mosquées moins pour accéder à la requête de vos concitoyens que pour vous sortir de l’indélicate posture dans laquelle vous vous trouviez par la faute de marabouts qui n’ont aucunement voulu se soumettre aux lois de la République. Il vous fallait sauver la face. Concernant nos fervents musulmans, et particulièrement certains chefs religieux qui s’offusquent de la fermeture de nos mosquées, pourquoi ont-ils été muets comme des carpes à la fermeture des mosquées en Arabie saoudite ? Pourquoi n’ont-ils pas protesté auprès des autorités de la Mecque ? Parce que tout simplement ils ne veulent pas perdre les soutiens financiers, les subventions et autres subsides provenant de ce riche royaume. Au nom de quoi les musulmans sénégalais se croient-ils plus croyants que les autres ?

Monsieur le Président de la République, le maintien du couvre-feu n’est plus pertinent, il n’a plus sa raison d’être ; il y a tout simplement lieu d’y renoncer, parce que n’ayant plus d’efficacité dans la gestion actuelle de la pandémie. Cela permettra aux forces de défense et de sécurité de récupérer de leur fatigue, pour ensuite se consacrer davantage et essentiellement à assurer la protection des personnes et des biens. Vous venez de montrer à vos compatriotes que vous n’avez aucune considération, aucun respect pour nos institutions. Vous avez remis en cause un arrêt de la cour suprême sur le rapatriement des corps de nos compatriotes de la[u1]  diaspora décédés de la covid-19. A ce propos, vous et vos ministres n’avez eu de cesse de nous seriner sur l’impossibilité de ces rapatriements en évoquant les avis du comité scientifique et une directive de l’OMS, ce qui se révéla un grossier mensonge dont vous vous êtes prévalu pour tromper le peuple.  C’est triste de le constater, notre fameuse cour suprême a la fâcheuse tendance et la très mauvaise et désagréable habitude à avaler goulument vos couleuvres. Vous avez publiquement désavoué le Préfet de Dakar qui avait pourtant réussi à imposer aux commerçants une programmation judicieuse des activités marchandes. Pris de panique, ayant perdu votre sang froid, vous avez affaibli les institutions de la république, sapé l’autorité de l’Etat, sabordé la puissance publique et remis en cause votre propre crédit moral. Sous votre magistère, l’Etat s’est affalé, s’est aplati, s’est effondré ; jamais l’Etat n’a été aussi faible, impuissant, désarmé que sous votre gouvernance. Pour diriger un pays et présider aux destinées d’une nation, il faut du courage, du cran, de l’audace, de l’ambition et une volonté à toute épreuve ; malheureusement vous n’en avez pas, cela vous fait cruellement défaut. A cela, il faut ajouter votre parole instable, vos fausses promesses, vos engagements jamais respectés et vos multiples, récurrentes et sempiternelles abjurations.

Monsieur le Président de la République, tout ceci n’est rien de moins que la preuve manifeste de l’incohérence de vos décisions prises sans consultation, sans concertation. Votre démarche dans la gestion des affaires de l’Etat a toujours été brutale, cavalière et solitaire ; vous faites toujours semblant d’y associer l’opposition et la société civile alors qu’en réalité votre but est d’en faire des faire-valoir. Vous avez une conception à la fois féodale, jacobine et patrimoniale du pouvoir. Le comité de suivi que vous avez créé à la place du comité de pilotage que vous aviez promis, n’est en réalité qu’un machin cosmétique pour maquiller les forfaitures passées, présentes et futures de votre clan. Ce comité composé pour une grande partie de vos proches n’a aucun pouvoir et ne peut décider de rien, c’est de la poudre aux yeux. La nomination d’un général à sa tête n’est qu’un grossier subterfuge et  un vil stratagème de votre part pour donner du crédit au comité. Il n’est point étonnant de constater les récentes démissions de personnalités qui ont très tôt compris les enjeux sournois et surtout votre  de dupes. Ces démissionnaires ont une dignité, un honneur et un sens marqué des responsabilités qui ne leur permettent pas de se faire complices d’une duplicité au détriment du peuple. Bravo au ministre Habib SY qui a fait montre d’un patriotisme qui doit servir d’exemple.

Monsieur le Président de la République, votre comportement ne vous honore pas et ne vous grandit pas non plus. Les Sénégalais vous ont élevé au grade de Général et je vous ai donné le titre de Maréchal, parce que vous aviez déclaré la guerre à la covid-19, mais il faut avouer et reconnaitre que vous ne méritez aucun de ces titres. Vous avez honteusement abandonné les troupes en pleine bataille et au beau milieu de la guerre, livrant ainsi votre peuple à la merci totale de l’ennemi. C’est déshonorant, honteux, malsain, décourageant, affligeant. Nous ne sommes pas dupes ; vous dites que c’est un changement de stratégie. Non, c’est un constat d’échec et n’ayant aucune solution alternative, vous avez choisi la facilité en désertant le champ de bataille. Un général ne mène pas la guerre assis confortablement dans son salon privé, il doit etre en permanence en première ligne, 24h/24h, dans son quartier général, plus précisément à son poste de commandement pour diriger les opérations sous les feux de l’ennemi. Vous ne devriez pas vous trouver à Mermoz mais plutôt au Palais de la République, siège de la légalité institutionnelle et de la légitimité populaire. N’est pas Général qui veut.  

Monsieur le Président de la République, les Sénégalais se souviendront que vous les avez abandonnés à un moment crucial de leur existence ou ils avaient grandement besoin de vous. Personnellement votre attitude ne me surprend pas, j’ai toujours dit que vous êtes un faiblard qui n’a ni la carrure ni l’envergure encore moins les qualités intellectuelles nécessaires et l’ouverture d’esprit souhaitée  pour diriger un pays comme le Sénégal. Vous gérez le pays en usant de stratagèmes, de subterfuges, de malices, de ruses et d’expédients ; cela peut marcher quelques temps mais cela ne peut prospérer indéfiniment. A force de tirer, vous avez fini par couper le cordon ombilical qui vous liait à votre peuple qui, patiemment, sereinement, vaillamment et stoïquement attend d’arriver au terminus 2024 pour mettre un terme à vos fonctions présidentielles. Vous avez délibérément et unilatéralement rompu le contrat de confiance entre vous et le peuple qui vous aura tout donné. Quand on n’envisage pas de solliciter un troisième mandat on doit pouvoir s’affranchir de toutes formes de pressions et gouverner en roue libre ; mais quand on a en tête de solliciter une nouvelle fois les suffrages de ces concitoyens, on s’aménage la voie avec des compromis, des compromissions et des concessions et on ne se gêne pas à user de la corruption et de la concussion,  et pourquoi pas de la prison.

Monsieur le Président de la République, permettez-moi de terminer en citant une fois encore votre ami Souleymane Jules Diop qui disait, je cite « Macky Sall est un homme faible, incompétent, incapable, sans épaisseur intellectuelle dont l’ambition ne peut aller au-delà d’etre un chef de service, voter Macky c’est élire Marième Faye ». Vous constituez une parenthèse, une très mauvaise parenthèse dans la marche de notre jeune nation ; vivement qu’on en finisse avec vous, avec votre système de prédation, d’exploitation du peuple, de vols, de corruption, de détournements des deniers publics et de bradage de nos ressources naturelles, 2024 n’est pas loin, il se fera jour.

                 La nuit n’est aussi sombre qu’à l’approche de l’aube.

Le pouvoir au peuple, les servitudes aux dirigeants. TERMINUS –2024.

Dakar le 14 Mai 2020.                                                    Boubacar   SADIO

                                                   Commissaire divisionnaire de police de classe exceptionnelle à la retraite.


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