Des licences russes à celles sino-turques

par admin

«La pêche illégale coûte chaque année 1,3 milliard de dollars (plus de 715 milliards de F CFA) à l’Afrique de l’Ouest». Dixit, Max Bankole Jarrett, de l’Africa Progress Panel. Dire que les côtes de continent sont riches, relève d’une lapalissade ; qu’elles sont pillées depuis des années par des flottes étrangères en est une autre.

Ce qui étonne plus d’un, c’est que les régimes se suivent mais le problème reste entier. Il n’y a pratiquement pas de volonté politique pour résoudre le problème qui remonte aux années 80. Qui ne se souvient pas encore des fameuses licences de pêche russes ?

Sous le régime socialiste, on avait assisté à une délivrance de plusieurs licences à des bateaux de pêche battant pavillon russe en dehors des dispositions du code de la pêche, au motif que cela financerait la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de 1992. La seule que notre pays a eu à abriter depuis la première édition en 1957.

Pendant de longues années, des armateurs russes vont exploiter illégalement les ressources halieutiques sénégalaises. A la survenance de la première alternance politique, on assistera à un débat stérile, sans conviction aucune, pour mettre un terme à ce pillage organisé de nos sites. Pis, les Russes vont rester sur nos côtes, parce que disposant des plusieurs autres licences qui seront encore accordées irrégulièrement à leurs chalutiers pélagiques. A leur départ, les armateurs sénégalais croyaient pouvoir enfin jouir convenablement de leur métier. Que nenni !

 TAPIS ROUGE AUX TURCS ET CHINOIS 

Alors que le Sénégal n’a signé officiellement d’accorde de pêche qu’avec l’Union européenne (UE), en 1979, les acteurs sénégalais assistent impuissants à un autre pillage savamment organisé par des navires turcs et chinois. Comme les russes, ces derniers vont, eux aussi, bénéficier de la délivrance de licences relevant, cette fois, d’une catégorie qui n’existe pas la pêche maritime. Il s’agit de la «licence de pêche démersale profonde, option poissons-céphalopodes». Mais, le plus abracadabrant, c’est la stratégie développée pour acquérir de ces licences.

Le département de la pêche maritime ne devrait pas ignorer les contrats de coopération de pêche qui lient des Sénégalais à des Chinois pour l’octroi facile d’une naturalisation des bateaux, condition sine qua non, pour pêcher dans les cotes sénégalaises.

Une note de service de la commission consultative de l’attribution des Licences de pêche avec consultation à distance du 13 avril dernier devrait attirer leur attention sur cette mafia savamment organisée. Mais il n’est pire aveugle que celui qui ne veut rien voir, dit l’adage.

Pourtant, la pêche est une source d’emplois, d’employabilité et d’alimentation. Elle génère des milliards de F CFA à nos concitoyens. Sans occulter des sommes importantes devant être versées dans les caisses du Trésor. Mais nos autorités devraient surtout comprendre que les ressources halieutiques sont certes renouvelables mais non inépuisables.

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