Depuis mardi midi à Wuhan, berceau de la pandémie de coronavirus, chaque district est tenu de déposer un plan de dépistage de l’ensemble de sa population. En cause, la découverte de six nouveaux cas de contamination ce week-end qui inquiètent les autorités de la capitale du Hubei.
De notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
On croyait la « guerre » terminée à Wuhan. Or, visiblement, le combat contre le Covid-19 reprend. Dans l’avis diffusé par la commission de prévention et de contrôle des pneumonie coronariennes, c’est à une « bataille de dix jours » qu’appellent les autorités, avec pour objectif de tester l’ensemble de la population de la capitale du Hubei, et même au-delà. Cette campagne de dépistage devant cibler en priorité les personnes âgées, les zones densément peuplées, mais aussi les populations migrantes, soit au total près de 14 millions de personnes.
Frisson ressenti jusqu’à Pékin
La nouvelle équipe dirigeante à Wuhan est terrorisée par un retour du coronavirus dans une région encore traumatisée par onze semaines de strict confinement. Les nouveaux dirigeants ne veulent surtout pas, comme ce fut le cas pour la précédente municipalité, se voir reprocher d’avoir trop tardé à repousser un ennemi invisible. « Nous devons avoir en tête que des réalisations majeures n’entraînent pas une victoire définitive, a affirmé Wang Zhonglin. La diminution du niveau d’alerte n’empêche pas de rester vigilants, a poursuivi le secrétaire général du parti communiste de Wuhan dans des propos rapportés par le journal Changjiang. Nous ne devons être ni négligents, ni paralysés, ni laxistes. »
La peur des cas asymptomatiques
Car ce qui fait peur ici, ce sont les porteurs silencieux du virus. Les six cas révélés ce week-end, après 35 jours sans nouvelle infection, ont réveillé les angoisses et fait frissonner jusqu’à Pékin. Les nouveaux cas résident tous dans une même communauté du district de Dongxihu, tout un quartier a été bouclé rapportait lundi nos confrères de France Télévisions. Environ 5 000 personnes sont en quarantaine.
Parmi les infectés figure un homme de 89 ans. Aujourd’hui dans un état grave, il affirme pourtant ne pas être sorti de chez lui. Ce patient portait visiblement le virus depuis longtemps sans avoir déclaré la maladie, et a finalement été déclaré positif « asymptomatique », selon la BBC.
Tests à grande échelle
Au terme de cette décision de la municipalité, tous les districts de la mégalopole ont reçu pour ordre de déposer leurs plans de dépistage massif avant midi, mardi 12 mai. Une campagne que certains experts jugent difficile à mettre en place à si grande échelle et dans une période aussi restreinte. Dix jours, c’est déjà court, même si selon un directeur de l’université de Wuhan cité par la BBC, un pourcentage important de la population – 3 à 5 millions de personnes – a déjà été testé. Ce qui réduit d’autant le panel.
Pour les autorités de la ville, cette campagne de tests est la seule manière de limiter les risques de nouvelles chaînes de contaminations à partir de porteur sans symptômes. Selon le Global Times, compte tenu de l’expérience chinoise et des mesures prises dans les nouveaux foyers infectieux, la Chine ne devrait pas connaître de nouvelle vague de pneumonie virale.