Trois des quatre fonds d’urgence affectés à la lutte contre le Covid-19, qui totalisent 520 milliards FCFA, ont été affectés par la présidence ivoirienne à un trio de consultants bien introduits au sein du pouvoir.
Mis en place à l’initiative du premier ministre Amadou Gon Coulibaly le mois dernier (Africa Intelligence du 22/04/20), les quatre fonds d’urgence contre la pandémie de Covid-19 sont hébergés à la Banque nationale d’investissement, dirigée par Youssouf Fadiga. Ces fonds, qui totalisent 520 milliards FCFA (800 millions €), vont être gérés non par l’administration ivoirienne, mais par les antennes de Deloitte, EY et KPMG implantées dans le pays. Une décision de la présidence, qui vise à empêcher toute contestation sur les critères d’attribution des fonds et leur gestion, celle-ci ne pouvant s’offrir le luxe d’une polémique en pleine campagne électorale.
Les trois enseignes cultivent depuis des années leurs liens avec l’administration d’Alassane Ouattara et le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, au pouvoir). Le directeur local de Deloitte, Marc Vincens Wabi, qui a hérité du fonds dédié aux grandes entreprises (100 milliards FCFA, soit 150 millions €, dont 30 milliards FCFA déjà disponibles), est très proche de la Grande loge de Côte d’Ivoire (GLCI). Le grand maître est le ministre de la défense et actuel premier ministre par intérim, Hamed Bakayoko.
Dirigé à Abidjan par Eric N’guessan, EY Afrique pilotera le fonds des PME (150 milliards FCFA, soit 230 millions €, dont 40 milliards FCFA disponibles). L’un des associés du cabinet est Dramane Gon Coulibaly, l’un des frères cadets d’Amadou Gon Coulibaly.
KPMG, animé à Abidjan par Jean-Luc Ruelle et Franck Nangbo, gérera le fond dédiés au secteur informel (100 milliards FCFA, soit 150 millions €).