Dénoncé depuis longtemps, surtout par les employés de la Senelec, le contrat liant la société d’électricité avec Akilee n’était, à ce jour, pas encore disponible. Le Quotidien a pu tomber sur un exemplaire qu’il a pris le temps de parcourir. Le contenu permet de comprendre que les négociateurs de la société d’électricité ont assimilé à leur manière les contes de chez nous et mis en œuvre le partage de «bouki», au profit de la plus petite entité. Un partenariat établi pour 10 ans et qui vise à installer, pour cette période, environ 1 million 400 mille compteurs dits intelligents pour le compte de la Senelec.
Pourquoi dès lors imposer, dès signature du contrat, à l’un des partenaires d’acquérir environ 2 millions 700 mille compteurs, sous prétexte que l’évolution du marché prévoirait ce développement à l’avenir ? Le contrat liant la Senelec et Akilee, son partenaire/filiale, dévoile bien de situations incongrues qui laissent à tout le moins perplexe. On se demande, à la lecture, si les parties qui négociaient pour la société nationale d’électricité avaient vraiment mis en avant les intérêts de l’entreprise. De manière générale, le contrat semble plus déséquilibré en faveur de la start-up Akilee. Au point que les négociateurs avaient même revu l’éventualité d’une sortie du franc Cfa du système monétaire le liant à l’euro.
Ainsi, l’art. 10 du fameux contrat indique : «En cas de changement de parité entre le franc Cfa et l’euro, ayant pour effet une augmentation de la contre-valeur en francs Cfa des engagements financiers libellés en euro d’Akilee envers ses partenaires techniques et commerciaux, ou envers les parties financières, que lesdits engagements portent sur des dettes exigibles ou des dettes non échues, Senelec s’oblige à ajuster les montants des parts fixes et variables (…) de sorte à compenser intégralement le coût financier induit par le changement de parité.»
S’agissant de la résiliation du contrat, chose qui semble être à l’ordre du jour ces derniers temps, le contrat permettra à Akilee de ne pas y laisser sa chemise, tout au contraire. Quel que soit le cas de figure envisagé, «Résiliation sans faute, résiliation pour faute d’Akilee, résiliation pour faute de Senelec, cas de force majeure prolongé», la Senelec devra verser à Akilee les montants des factures émises et non payées, les encours après livraison, des indemnités majorées, ainsi qu’un montant correspondant au manque à gagner sur la durée restant du contrat.
Ce contrat comporte 8 annexes qui couvrent un large éventail de sujets, allant de la quantité des compteurs à livrer et de leur plan de livraison et de déploiement, au modèle de lettre de garantie à fournir par Senelec au profit d’Akilee, mais nulle part on ne spécifie les compétences techniques dont Akilee va faire bénéficier la Senelec, alors même qu’elle est présentée comme «une société hautement qualifiée dans le domaine des technologies, notamment celui de l’exploitation et de l’appropriation des systèmes de comptage intelligent».
Et même si cela n’était qu’une omission, si l’on se rappelle que le patron d’Akilee a été pendant un moment salarié de Senelec, sous les ordres du Dg Makhtar Cissé, avant d’aller fonder sa boîte dans laquelle il a vendu 34% des actions à Senelec, on se demande où et à quel moment il a développé l’expertise qu’il a proposée à son ancien employeur. On comprend alors les récriminations des cadres et des syndicalistes de la Senelec qui parlaient, en leur temps, de «délit d’initié».
Sans oublier le fait, que l’on avait déjà épinglé, qu’Akilee avait été présentée en un moment comme étant une filiale à 100% de Senelec. Et qui se révèle comme un partenaire financier froid et sans état d’âme. Comme un compteur d’électricité.