Prorogation de l’Etat d’urgence : L’opposition à contre-courant

par admin

Après une première prorogation de 30 jours, le chef de l’Etat, Macky Sall a encore allongé, pour une durée d’un mois supplémentaire, l’état d’urgence sur le territoire national, dans le but de permettre aux pouvoirs publics de prendre toutes les mesures tendant à restreindre les libertés publiques en vue d’endiguer le Covid-19 et de freiner sa propagation. Une mesure de prorogation diversement appréciée par les acteurs politiques, selon leur chapelle.

Du côté de la mouvance présidentielle, le porte-parole de la Ligue démocratique (Ld), Moussa Sarr, se félicite de la mesure exceptionnelle qui aurait permis de limiter les cas de contamination communautaire. Ce qui est tout autre pour leurs adversaires politiques, en l’occurrence le président du mouvement Alliance Générationnelle pour les Intérêts de la République (Agir), Thierno Bocoum, qui réclame une évaluation de la première prorogation, ainsi que des justifications de l’actuelle.

Le chef de l’Etat, Macky Sall a prorogé, pour une deuxième fois, l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire. En effet, après la première séquence de 30 jours déclarée par décret n° 2020- 830 du 23 mars 2020, le chef de l’exécutif a décidé de remettre une autre couche jusqu’au 2 juin prochain. L’idée, selon les autorités, c’est de permettre aux pouvoirs publics de prendre toutes les mesures tendant à restreindre les libertés publiques en vue de contenir le Covid-19 et de ralentir sa propagation.

A l’heure du bilan de la première prorogation, marquée par les proportions inquiétantes prises par la pandémie durant le mois d’avril dernier, les avis sont partagés, selon qu’on est du côté du régime ou de celui de l’opposition.

Joint au téléphone par la rédaction de Sud quotidien, le porte-parole de la Ligue démocratique (Ld) tire un bilan satisfaisant de la première mesure d’état d’urgence. Pour Moussa Sarr, la Ld s’est félicitée de l’implication personnelle du chef de l’Etat dans la lutte contre le Covid-19, mais aussi de toutes les mesures prises jusqu’ici. Se réjouissant de l’adaptation des décisions du Président Sall à la situation de la pandémie dans le pays, il dira que «le couvrefeu, qui a été instauré jusqu’ici, a donné des résultats. Si ce n’était pas le couvre-feu, qu’aurait été la situation ?

Il est évident que la situation aurait été pire». Parce que, explique-t-il, «nous connaissons le mode de vie des Sénégalais». Il a ainsi relevé que malgré le couvre-feu, certains Sénégalais par méconnaissance ou par défiance de l’autorité, circulent de région en région et transportent le virus avec eux. Ce qui lui fera dire que «partout où les mesures ont été prises et appliquées, il y a eu très peu de cas communautaires».

Toute chose qui conforte le porte-parole des “Jallarbistes“ dans sa position. Il reste formel que «le président de la République a très bien fait de proroger l’état d’urgence et le couvre-feu pour limiter les cas dits communautaires. Pour le reste, nous sommes tous individuellement et collectivement interpellés». Moussa Sarr n’a pas manqué enfin de saluer le travail des praticiens et des forces de l’ordre. Le regard est tout autre, du côté des adversaires politiques du régime en place.

Le président du mouvement Alliance Générationnelle pour les Intérêts de la République (Agir), Thierno Bocoum s’offusque de l’absence de bilan et de justificatifs pour la deuxième prorogation. Il pense qu’il revenait «à l’Etat sénégalais d’évaluer les effets de l’Etat d’urgence dans la lutte contre le Covid-19 et de justifier sa deuxième prorogation». Pour lui, le président Macky Sall et son gouvernement doivent des comptes et des éclairages aux populations. Il explique que «l’Etat d’urgence est décrété dans un cadre exceptionnel. Et pour ce cas d’espèce, le péril imminent a été évoqué. Nous pensons que sa prorogation pour la deuxième fois doit également être justifiée».

Pour étayer son propos, l’ancien poulain d’Idrissa Seck, président du parti Rewmi, rappelle la loi d’- habilitation votée à l’Assemblée nationale pour autoriser le président à disposer de 3 mois pour gérer la crise. «Dans le rapport de présentation du décret en date du 3 Avril dernier, prorogeant l’Etat d’urgence, il était question de phase séquentielle. C’est important de justifier la nécessité d’ouvrir une autre séquence d’Etat d’urgence dans notre pays», selon lui.

Plus exigeant, le président d’Agir soutient mordicus que «l’Etat doit justifier toute utilisation de mesures exceptionnelles à l’aune de l’évolution du combat contre la maladie». Pour cause, se justifie-t-il, le chef de l’Etat a une obligation de transparence et de redevabilité qui pèse sur sa tête.

 

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