Constitué par le président de la République le 22 avril, à travers le décret 2020-977, le comité de suivi de « Force-Covid19 » a pour vocation de veiller à la mise en œuvre des opérations du fonds levé pour la riposte contre les effets du nouveau coronavirus.
Toutefois, une polémique pour 3,5 millions de perdiem aux membres semble vouloir entacher la mission assignée au dit comité de suivi. Interpelles sur l’affaire hier, mardi 05 mai, les membres de la société civile n’ont pas manqué de montrer leur désaccord, pour ne pas dire agacement face à la situation, et d’appeler les membres du comité de suivi à faire preuve de solidarité et à faire de la souffrance des populations une priorité.
ALIOUNE TINE FONDATEUR D’AFRIKAJOM CENTER : «Il fallait effectivement mettre en place un véritable comité d’éthique et de suivi de gestion»
« Écoutez, pour moi, la lutte contre Covid-19, coïncide avec effectivement ce mouvement d’espèce d’union nationale sans précèdent, mais en même aussi des actes de solidarité sans précédent, avec les cotisations des Sénégalaises et des Sénégalais. C’est un moment de solidarité et de volontariat pour le bien de l’- humanité. Donc, un comité de suivi de cette nature, c’est presqu’un comité d’éthique, c’est très important. En réalité, c’est pour mettre de l’éthique dans la gestion justement de cet argent. De mon point de vue, les gens qui vont là-bas, ce sont des volontaires. C’est pourquoi lorsque j’y ai vu des députés et des institutions de la République, ça m’avait un peu surpris. Il fallait effectivement mettre en place un véritable comité d’éthique et de suivi de la gestion. Mais vraiment que les membres se fassent sur la base du volontariat et que ça soit un mandat gratuit.
Et, c’est ça qui est franc en ces moments extrêmement difficiles que nous traversons. Ce qui permet effectivement de dire que chacun se met à la disposition de chacun pour qu’en dernier instant, on puisse gagner ce combat. Mais depuis le début, il y a un certain nombre de fausses notes liées à l’argent, liées également à la gestion de l’argent. Moi, je m’étais dit que c’était un « fake news », cette histoire de perdiem. Si c’est une réalité surtout par rapport à la plupart des membres, quand même qui sont bien rémunérés, on ne voit même pas dans quelle mesure on veut parler de perdiem. Le volontariat, ça ne veut dire effectivement que ça soit des volontaires.
Mais en même temps, quand même si on dit qu’on doit payer l’essence et les déplacements mais 3,5 millions, le prix des perdiem, c’est deux fois les salaires de certains fonctionnaires. Donc vraiment, ça pose problème. Je pense que ce comité devrait réfléchir par rapport vraiment à sa mission, qui est une mission extrêmement noble. Il ne faut pas que ça soit gâché par l’argent. Il ne faut pas que vraiment dans la tête et l’image des gens, Covid-19 donne lieu à une espèce d’enrichissement.
Parce qu’on va vers des situations extrêmement difficiles dans ce pays, où la pauvreté va beaucoup frapper aux portes des gens au Sénégal et peut être même la famine. Je pense que dans ces conditions vraiment, essayer d’avoir le maximum de solidarité par rapport aux plus démunis, c’est vraiment le moment. Surtout quand même en ce moment de Ramadan qui est un moment de solidarité, un moment de partage de souffrance, partage des joies, partage des sacrifices, ça c’est très important. On doit concevoir cette mission comme vraiment un sacrifice qu’on fait pour le pays, pour les Sénégalais»
MOUNDIAYE CISSE DE L’ONG 3 D : «Il est temps de «déperdiemiser» certains cadres ou espaces et d’en- courager l’engagement bénévole»
« Un débat sur des perdiem n’avait pas sa raison d’être dans un contexte où les populations souffrent de cette pandémie. Le débat devait plutôt porter sur quelles contributions financières pour soulager les populations. Je salue l’acte de l’opposition. Parce que, selon les dires, l’opposition aurait renoncé à toute sorte de perdiem dans cette mission. Je crois que c’est un acte noble de l’opposition, qui montre qu’une opposition doit être soucieuse des problèmes des Sénégalais. En le faisant, elle évite le discrédit du comité. Il est temps de « déperdiemiser » certains cadres ou espaces et d’encourager l’engagement bénévole, quand on sait que la plupart des personnalités présentes au comité disposent déjà de salaires ou d’indemnités par ailleurs. Chaque Sénégalais qui en a les moyens devrait chercher à servir et non se servir du Covid-19. C’est pourquoi dans les comités pareils, il est judicieux de mettre des gens assez indépendants financièrement pour ne pas attendre rien de personne».
AMACODOU DIOUF DU CONGAD : «Le président aurait fait un mauvais choix des hommes et des femmes qui sont à l’origine de cette chamaillerie»
« Si l’information s’avère vraie, alors le président aurait fait un mauvais choix des hommes et des femmes qui seront à l’origine (s’il est vrai) de cette chamaillerie. Plus, le décret de nomination de ces membres du comité ne précise pas l’octroi de rémunération. Je pense que la structure du budget issu de ces fonds ne devrait pas contenir une ligne portant « indemnités » au regard du caractère de la mission. Ceci suppose aussi un défaut de documents de termes de référence complets précisant les charges financières ou la gratuité de la tâche de chaque membre. C’est de la précipitation et un manque de professionnalisme. Si c’est le cas, je suis sûr que les gens qui sont concernés redeviendront lucides si cela est vrai. Je ne crois pas personnellement à cette chamailleri