02 mois d’épidémie pour un bilan en hausse. Lors du point de presse conjoint avec le ministre de la Santé et de l’action sociale, le directeur du Centre des œuvres d’urgence sanitaire (Cous), Dr Abdoulaye Bousso, a fait remarquer que le nombre de personnes dépistées positivement à Covid-19 a été multiplié par 6, soit 1182 cas à la date du dimanche 3 mai 2020, dans 11 régions et 33 districts du pays. De même, le nombre de décès a fortement augmenté, soit d’un (1) seul cas à 9 cas de décès à la date d’hier.
Ainsi, l’urgentiste s’inquiète de la multiplication des clusters (foyer de contamination). Le patron du Cous a rassuré toutefois que sur chaque site « une équipe médicale sera déployée 24 h sur 24 et une ambulance médicalisée sera positionnée sur place ».
« Nous sommes à 1115 cas et si on voit par rapport à notre dernier point du 2 avril, le nombre de cas est multiplié par 6 et là nous constatons effectivement que l’épidémie est en train de se développer dans le pays », a déclaré Dr Abdoulaye Bousso, directeur du Cous. Il a établi en outre que le nombre de personne guéris a été « multiplié par 6 » mais, « nous ne nous attardons pas trop » sur ces chiffres car, « c’est vrai que c’est important et c’est très gratifiant pour le personnel de santé d’avoir des guéris. Mais le focus surtout, c’est sur le nombre de nouveaux cas et notre combat, c’est vraiment de réduire le nombre de nouveaux cas » a-t-il souligné. En ce qui concerne le taux de létalité du Covid-19 au Sénégal depuis le début de l’épidémie, le bilan est ponctué d’inquiétude. « Le mois dernier, nous étions à 1 cas et à l’instant, nous sommes à 9 cas donc pendant le mois d’avril, nous avons eu a enregistré 8 décès » a renseigné le patron du Cous.
Face à l’équation de l’endiguement de propagation du virus, la bataille est loin d’être remportée. De « 7 régions touchées, nous sommes passés à 11 régions touchées. Et pour les districts, nous étions à 24 districts touchées et nous passons également à 33 districts sur 79 districts. Donc, 41,7% de nos districts sanitaires sont touchés actuellement » a informé Dr Abdoulaye Bousso.
Et de poursuivre : « En termes d’information sur la proportion de contamination par rapport au genre, c’est à peu près égal. Nous avons 52,22% d’hommes qui ont contracté la maladie contre 47,78% de femmes ». Ajoutant que la tranche d’âge la plus touchées est celle qui se situe entre 25 ans et 45 ans. « Les enfants entre 0 et 4 ans représentent 5,2% des cas de contaminations et la tranche d’âge de 60 ans et plus représente plus de 10,4% », a précisé le spécialiste.
L’INCIVISME DE CERTAINES PERSONNES, HANDICAP LA RIPOSTE
Par ailleurs, Dr Abdoulaye Bousso, a fait remarquer que l’incivisme de certaines personnes a entrainé la multiplication des clusters (réseau de contamination, Ndlr). « Une chose assez particulière dans cette épidémie, c’est l’existence de clusters. Nous avons des patients qui contaminent beaucoup de personnes et aujourd’hui, nous avons puis identifié 14 clusters qui, eux seuls, sont responsables de plus de 20% des cas. Nous avons des patients qui ont contaminé 28 personnes par exemple et ça, c’est vraiment particulier et dans l’hypothèse, c’est un peu notre mode de vie qui pourrait l’expliquer » a-t-il regretté. Et de poursuivre : « nous avons des contaminations dans les familles, des fois autour des chefs religieux, mais nous avons eu également des cas de contamination professionnelle dans un centre d’appel qui a créé un cluster ».
La stratégie n’a pas changé, a indiqué le patron du Cous lors du point de presse conjointe avec le ministre de la Santé et de l’action sociale, le samedi 02 mai. « Nous sommes à 9701 cas contacts suivis par les services sanitaires depuis le début de l’épidémie au Sénégal et au 30 avril, nous sommes en train de suivre 5226 cas contacts et c’est évolutif » a renseigné Dr Bousso. Et d’ajouter : « au niveau des laboratoires, nous sommes à 17787 tests de laboratoire dont essentiellement la majorité faite par l’Institut Pasteur. Et je dois préciser que la stratégie est restée la même depuis le début. Ce que nous essayons de faire, c’est prendre en charge les cas suspects et également tous les cas positifs. Donc c’est des cas contacts que nous dépistons au maximum et ce qui explique qu’aujourd’hui, nous avons plus de cas ».
OUVERTURE DES SITES DE TRAITEMENT EXTRA HOSPITALIÈRE
En outre, la montée en flèche de la courbe des personnes testées positivement risque de suffoquer les établissements de santé et pour une approche de solution, le directeur du Centre des œuvres d’urgence sanitaire (Cous) a indiqué « sur la prise en charge extra hospitalière, l’objectif est de ne pas perturber nos établissements de santé. C’est de ne pas faire de nos hôpitaux, des hôpitaux Covid, ce qui peut porter préjudice aux autres maladies ».
Et de rassurer : « c’est pourquoi nous avons reçu des instructions du ministre de la Santé et de l’action sociale pour mettre en place ces prises en charge extra hospitalière, ce qui ne va pas faire baisser la qualité de la prise en charge et cela est très important. Et pour cette catégorie de prise en charge, c’est pour des cas qui sont peu symptomatiques et asymptomatiques. Une équipe médicale sera déployée 24 h sur 24 et une ambulance médicalisée sera positionnée sur place sur ces sites. Et aujourd’hui, on estime à 400 lits disponibles au niveau de ces sites ».
Et d’informer qu’après avoir été « informé sur certain retard de prise en charge des patients », le ministre a donné des instructions pour que la situation puisse être rapidement corrigée. En ce qui concerne les sites de traitement extra hospitalier dont près de 400 lits sont mis à disposition, il a informé qu’i s’agit : « des hangars des pèlerins de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, de la base aérienne de Thiès mais également du centre des armées de Gueréo ».