Dans beaucoup de pays, le monde d’après covid19 est en train d’être pensé et les prémisses financiers de sa construction en cours de mobilisation. Une chose semble évidente. Le futur né de la nuit. Il peut s’effondrer dans la pénombre ou comme l’aurore, éclabousser de ses lumières.
Le numérique sous toutes ses formes est un de ces flambeaux dont il faut s’emparer et apprivoiser. De l’enseignement à distance domestiqué, à la mise à disposition de services en ligne pour le citoyen (état civil, casier judiciaire, certificat de bonne vie et mœurs, certificat de résidence), des payements numériques généralisés, à l’interconnexion des différentes plateformes des services publics (impôts, douanes, domaines, etc.), de l’agriculture écologique durable à la télémédecine-téléconsultation, de la robotique à la conception de prothèses par les imprimantes 3D, de la reconnaissance faciale à la reconnaissance vocale, du travail à la maison au travail peu économe dans les bureaux, il y a tellement d’applications qui résolvent des problèmes et interpellent notre intelligence pour bâtir un monde nouveau propre à notre culture, notre humanisme et résolvant des problèmes que nous nous posons.
Les flambeaux de la génétique moléculaire, de la biotechnologie et de la bioinformatique nous conduisent dans un monde où tout est possible, presque possible, et dans un monde où l’homme devient Prométhée. Heureusement que les barrières posées par l’éthique et la responsabilité freinent certaines tentatives de franchir l’inadmissible, l’impensable, la rationalisation de combinaisons hasardeuses des briques élémentaires du vivant. De l’inventaire du patrimoine de notre biodiversité végétale, animale, microbienne, avant que d’autres ne s’en emparent pour se les approprier avec des brevets, de la production de semences, de médicaments, des tests rapides et fiables de diagnostique de maladies, des thérapies génétiques, de la protection des populations contre des aliments, des médicaments et des vaccins trafiqués, rien n’est presque impossible, tout est presque possible ! Là où la sécheresse sévit, où les sols se dégradent, où la faim et la malnutrition rodent, maîtriser ces sciences et ces technologies, c’est se donner les moyens de renvoyer aux calendes grecs la misère des populations.
J’aurai pu parler des fantastiques applications des nanotechnologies, de la physique nucléaire, de la géomatique, de la physique de l’atmosphère et de l’espace, etc.
La maîtrise de ces technologies est impérative pour notre bien être et pour notre sécurité. Pour y arriver, il faut au moins les trois ingrédients fondamentaux :
– les ressources humaines : nos universités en forment. Les compétences qui manquent peuvent être complétées par des collaborations interuniversitaires et l’intervention des sénégalais et africains de la diaspora ;
– les infrastructures lourdes de recherche. Elles sont indispensables pour bâtir la souveraineté et l’émancipation du pays. Nous avons un maillon essentiel, le supercalculateur, la Quantum Learning Machin (QLM), deux microscopes électroniques (l’un à balayage et l’autre à transmission), les équipements de biotechnologie végétale. Il faut y ajouter une plateforme de génétique moléculaire, un réacteur nucléaire de recherche et quelques autres appareils pour que les institutions publiques de formation et de recherche puissent en toute autonomie (par rapport à l’international) résoudre les problèmes qui se posent à nous.
– le financement public pour accompagner la recherche, l’innovation, le prototypage et le passage à l’entrepreneuriat.
Ne faisons pas comme Hamady Kandy dont parle le dicton peul : « Hamady Kandy ala welo soodi korne » (« Hamady Kandy n’a pas de vélo, il a acheté un klaxon »).
Ne perdons pas de temps pour réussir l’après covid19. Ces sciences et technologies sont à la portée de notre jeunesse qui, d’ailleurs spontanément, en est passionnée.
Convaincus et engagés nous réussirons !
Mary Teuw Niane