Il n’y aura pas de défilé ce vendredi 1er mai au Sénégal. Comme partout ailleurs dans le monde. Pas de meetings, ni de traditionnelle remise des cahiers de doléances par les syndicats au Palais, pour commémorer « Fête du travail ». Depuis près de deux mois, les rassemblements sont interdits dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.
Au Sénégal, c’est une première. Les centrales syndicales seront confinées chez elles avec leurs cahiers de doléances. La lutte contre l’ennemi commun prime sur toute autre revendication d’ordre professionnelle. Pour le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal-Forces du changement (CNTS-FC), Cheikh Diop, cette situation ne s’est jamais posée dans sa longue carrière de délégué syndical . « C’est la première fois que je passe un 1er-Mai confiné», a-t-il confié sur Rfi.
Le chef de l’Etat Macky Sall a d’ailleurs salué « la décision historique des centrales syndicales de ne pas présenter cette année de cahier de doléances », lors de la dernière réunion du Conseil des ministres.
Les revendications demeurent toujours
Le contexte de pandémie de Covid-19 a peut-être gâché la « fête », mais n’a pas rangé aux oubliettes les revendications des syndicalistes. Pour le patron de transporteurs routiers, Gora Khouma, la manière même de célébrer le 1er au Sénégal est insensée. « (…) Nous ne faisons que répéter les mêmes doléances. (…) C’est pourquoi, j’estime que sur le fond, les syndicalistes ne devraient pas avoir une pareille tradition (remise cahier de doléances au chef de l’Etat), car revendiquer c’est pour avoir des actifs. Et l’année dernière je l’ai fait savoir à mes camarades syndicaux. Donc aujourd’hui, il faut même dire que cette pandémie n’a rien bouleversé en ce qui concerne ce 1er mai qui marque la fête du travail », a déclaré le Secrétaire général du syndicat des camionneurs du Sénégal.
Saourou Séne du Cusems pensent aux enseignants du privé
Dans ce contexte de Covid-19 où toutes les écoles sont fermées, le Secrétaire général du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire (Cusems) pense que l’Etat doit soutenir ses collègues qui officient dans le privé. « Car ils n’ont plus de revenus ! Avec le Fond-Covid19, l’Etat devrait prendre en charge les enseignants du privé devenus des sans-salaires. Par ailleurs, des mesures sociales et pédagogiques doivent être prises pour soulager les établissements d’enseignement privés qui sont les entreprises les plus touchées par la pandémie du coronavirus sur le plan économique », dit-il.
Saourou Séne évoque également les revendications des enseignants qui n’ont toujours pas été satisfaites par les gouvernants
« Beaucoup de nos préoccupations sont restées entières. Et parmi lesquelles figurent les passerelles professionnelles, les concours attendus cette année, le système de rémunérations dont le Chef de l’Etat avait commandité l’étude, la question du corps des administrateurs scolaires ainsi que celle des sortants du Cenef de Thiès dont l’intégration dans la fonction publique pose encore problème », rappelle-t-il avant de reconnaître que dans le contexte actuel, ce qui prime c’est la lutte contre la pandémie du nouveau Coronavirus.
Ce vendredi, il n’y aura donc pas de Fête du travail comme à l’accoutumée. Covid-19, qui a réduit tous les secteurs à une quasi inactivité, danse sur le toit du monde. C’est sa fête à lui.