Leur silence bruyant est suspect. Et pourtant jamais il n’y a eu autant de raisons de sortir du bois et de faire entendre une musique différente de celle émanant d’un pouvoir qui ne fait plus rêver.
Personne n’en doute: l’attente d’une nouvelle offre de gouvernance du pays est très forte chez les sénégalais aussi déboussolés que demandeurs d’une nouvelle ère portée par une autre parole et des acteurs plus fiables.
Or, en ce moment propice, il ne se dégage des rangs de ce que, faute de pire, on nomme opposition, qu’un fracassant…mutisme.
Comme si, suicidaires, devenus des ennuques, ravalés à un immobile statut, et sans voix, décorum dérisoire, aucun de ses membres n’ose plus prendre la parole. Comme si quelque force mystique leur interdisait de se positionner contradictoirement face à un pouvoir aussi illégitime qu’incompétent.
Ils assument leur absence dans un contexte où le pays fond entre un virus qui tue, une famine grandissante, et une marée déferlante de scandales sans fin.
Ne parlons pas, ce matin, de l’échec, monumental, ni de la nature, crapuleuse, du régime, né d’une fraude, qu’incarne jusqu’à la parodie un Macky Sall, entouré de malfaiteurs politiques, économiques, religieux et autres.
La caste des castrés qui a fini de coller à l’opposition sénégalaise, ou ce qui en reste, et ses prolongements dans la société civile, mérite un examen plus approfondi pour savoir comment elle en est arrivée-là.
Qu’on s’y attarde vite tant ses leaders sont en passe de décevoir tous ceux qui avaient cru en leurs prêches naguère féroces contre ce régime devenu celui de toutes les trahisons.
On a déjà écrit ici combien était maladroite, bête, la réponse, queue entre les pattes, au garde-à-vous, que les principaux leaders de l’opposition ont faite à l’invitation à une union sacrée attrape-nigauds lancée en leur direction par un Macky Sall plus manœuvrier que jamais, même quand il était dos au mur.
En s’y rendant, ils ont vendu leurs âmes et dignité. Et perdu la parole.
Parlons des conséquences de leur abjecte capitulation.
Par sa loi d’habilitation scélérate qu’ils ont ainsi validée, ils lui ont permis de dérouler tous ses plans les plus machiavéliques, et qui sait en commençant par tuer la démocratie sénégalaise pour lui substituer sa version individualiste, autocratique.
Va-t-il annuler les élections et les reporter à une date qui l’arrange ?
Le transfert sous ses services directs de l’instance de régulation des marchés publics, l’Armp, lui donne une carte blanche pour encore plus piller les finances publiques.
Sa gestion cavalière de la pandémie du Covid19, comme le fut celle de nos hydrocarbures, bénéficie de l’imprimatur des opposants qui sont allés lui en faciliter la tâche.
Qui donc doit s’étonner du silence de cette bande de losers, laches et légers individus face à la déferlante des scandales dans le pays.
Tous se taisent sur le crime à 187 milliards de francs cfa dont les auteurs, Makhtar CISSE, Pape Demba Biteye, Amadou LY et autres, sont clairement identifiés. Que la Senelec, notre société nationale d’électricité, puisse en mourir, c’est le cadet de leurs soucis.
Bouche cousue, comme si on les tenait quelque part, ils n’osent pas évoquer les magouilles sur les denrées alimentaires, notamment le riz, impliquant autour du fils de Macky, Amadou, des Ribanais ripoux, sans compter les autres scandales sur l’huile, le sucre, le savon etc où se retrouvent des marionnettes d’un Macky, plus que jamais chef suprême des voleurs.
En une phrase, résumons: par ses compromissions et sa criminelle participation au renforcement du pouvoir de celui qui a détruit tous les acquis post-indépendance du Sénégal, les opposants ayant capitulé devant le pire illégitime Président du Sénégal ne peuvent échapper à la reddition sur le tort qu’il nous a causé.
Senegalais, êtes-vous toujours prêts à confier votre destin à des individus capables non seulement de se livrer pour des miettes mais de se faire rouler comme des gamins?
Le besoin d’une nouvelle offre demeure. Il faut de bons messagers pour la porter.
Adama Gaye, Le Caire, 29 Avril, 2020