A la date d’hier, mardi 28 avril, le Sénégal comptait au total 823 cas déclarés positifs au Coronavirus, dont 296 guéris, 09 décédés, 01 évacué, alors que 517 patients sont toujours sous traitement. A ce rythme, le Sénégal atteindra sous peu la barre des 1000 cas. Ce qui semble conforter les craintes du Professeur Moussa Seydi, que tirait la sonnette d’alarme sur l’impuissance du pays de faire face à une vague de malades. Déjà, les hôpitaux semblent débordés, à certains endroits du pays.
«Que pourrions-nous faire si des milliers de malades déferlaient dans les hôpitaux ?», avait alerté le Professeur Moussa Seydi, sur le plateau de la Rts, le 28 mars dernier. Le Directeur du Service des maladies infectieuses et tropicales du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Fann avait laissé entendre que «les cas commencent à être trop nombreux et si ça continue, nous ne pourrons pas gérer la situation». Il le disait au moment où le Sénégal venait juste de dépasser la barre des 100 cas. Aujourd’hui, avec 823 cas déclarés positifs au Coronavirus, dont 517 encore sous traitement, la barre des 1000 cas n’est pas loin.
Pour autant, l’appel du Professeur semble toujours sonner comme un coup d’épée dans l’eau, dans la mesure où les Sénégalais ne respectent pas les mesures de prévention édictées par le corps médical. Il avait pourtant prévenu que «nous n’avons pas les moyens de contenir une vague de malades», tout en précisant «qu’on va vers beaucoup de décès si la situation devient incontrôlable comme dans les autres pays». Le Sénégal a-t-il atteint la situation incontrôlable dont faisait allusion le Professeur Seydi ?
Le moins que l’on puisse dire, les hôpitaux commencent à refuser du monde. Déjà à Touba, Dakaractu informe, depuis le 24 avril dernier, que le centre de santé de Darou Marnane était déjà débordé. Un problème d’espace se serait posé dans ledit hôpital dont la capacité d’accueil était limitée à 30 ou 31 patients, alors que la structure avait interné au total 36 cas, à ladite date. Selon toujours la source, il a été décidé d’évacuer les nouveaux cas vers Dakar. Que dire de Sédhiou qui ne dispose pas pour l’instant d’un centre de traitement, mais compte pas moins de 25 personnes contaminées par le seul cas communautaire ?
Tous les malades sont transférés alors à l’hôpital régional de Kolda, dans les locaux d’isolement pour les malades du Covid-19. Ces derniers vont rejoindre les 7 premiers cas enregistrés par la région, à la date du 3 avril, tous des cas importés identifiés au poste de Kalifourou, dans le département de Vélingara, à la frontière avec la Guinée Conakry. A ne pas occulter ceux mis en quatorzaine, pas moins de 80 personnes contacts. Quid de la capacité d’accueil de cet hôpital régional et de son service de réanimation? La réalité est que beaucoup de patients atteints de certaines pathologies étaient évacués vers l’hôpital de Ziguinchor.
Alors qu’à l’hôpital régional de Ziguinchor, le Professeur Seydi a étalé le sous équipement de l’hôpital, les limites du service de réanimation non fonctionnel et non construit selon les normes. Toutefois, il nous revient que, suite à la sortie du Professeur Seydi, des appareils respiratoires ont été acheminés à Ziguinchor. Que dire de la quantité des lits de réanimation sur l’étendue du territoire ?
A la date du 2 avril, le Pr Mamadou Diarra Bèye en charge des cas graves du Covid-19 avait indiqué que le Sénégal disposait de 56 lits de réanimation répartis dans différents hôpitaux de la capitale, à savoir le Cuomo et au service des maladies infectieuses de Fann, l’hôpital Dalal Diam également et au CTE de Diamniadio.
En plus de ces 56 lits, «40 lits autres sont en cours de mise à disposition au niveau des autres hôpitaux : Le Dantec, l’hôpital général de Grand Yoff et l’hôpital de Pikine», avaient laissé entendre le Pr Bèye. Pendant ce temps, les praticiens de la médecine ne s’accordent toujours pas sur la stratégie de dépistage, malgré l’existence des cas asymptomatiques. Si certains optent pour le dépistage massif, d’autres par contre militent pour celui ciblé, à savoir des personnes positives et des personnes contacts.
Les arguments de la rareté des ressources et la nécessité des moyens conséquents étant le plus souvent avancés par les partisans du ciblage. Par conséquent, aucune nouvelle mesure radicale n’est pour le moment prise pour contenir la pandémie qui a fini d’installer ses quartiers dans le pays. Ainsi, le pays semble patienter le lancement du kit de dépistage rapide du Covid-19 de l’Institut Pasteur, prévu pour le mois de juin. En tout état de cause, le Sénégal se rapproche à grande vitesse du millier de cas que craignait le Professeur Moussa Seydi.