Le Ramadan, pas une aubaine pour les prédicateurs

par admin

Le mois béni de Ramadan était une occasion d’organiser des conférences religieuses et des prêches dans les mosquées afin de mieux orienter les fidèles musulmans vers les recommandations divines. Cette année, avec la propagation du Covid-19, les rassemblements sont interdits. Par conséquent, aucune conférence religieuse ni prêche ne sera tenu en public. Néanmoins, les prédicateurs ont trouvé une alternative. Le message est transmis autrement, via les nouvelles technologies. Par ailleurs, le Ramadan que certains considèrent comme une période faste pour les imams et autres prédicateurs ne l’est pas, de l’avis des concernés.

AHMADOU MAKHTAR KANTE, IMAM DE LA MOSQUEE DU POINT E : «Je suis très choqué quand j’entends les gens dire que le Ramadan est la traite des imams»

«Les prêches continuent. Il y a des imams modernes qui publient sur Facebook ou font des vidéos et ceux traditionnels qui sont déconnectés ou âgés qui sont chez eux et qui parlent peut-être au téléphone à des personnes qui leur posent des questions. Il y a d’autres qui font recours à la technique pour faire des vidéos. On peut bien faire passer un message à travers les réseaux sociaux et ça peut même être démultiplié. Déjà, ça se faisait. On avait des temps d’antenne dans les médias. Actuellement, il y a des imams et des prédicateurs qui sont invités sur les sites pour faire des plateaux, d’autres ont leurs propres chaines YouTube ou ont des pages Facebook. Souvent, ils ont un public beaucoup plus important que celui des mosquées ou des conférences. Par exemple, mes vidéos sont regardées par des gens beaucoup plus importants que les groupes qui m’écoutaient un vendredi. Je ne parle même pas des petits groupes avec qui je discutais lors des prières quotidiennes ou des conférences. Ça se passe très bien. En plus, les gens font le partage et ont la possibilité de garder le document. Donc, il n’y a aucun problème.

S’agissant du profit, quand un imam ou un prédicateur va faire une conférence, il n’impose pas une rémunération. Ce sont des gens qui s’organisent et qui veulent qu’un imam vienne leur tenir un serment ou une conférence. Donc, c’est tout à fait normal qu’ils discutent des conditions de travail. C’est comme quand un consultant se déplace dans le cadre de son travail, il y a un minimum de moyens à donner. Chaque association à sa façon de traiter le conférencier. Je trouve que c’est tout fait normal que, quand on déplace un imam, on lui donne quelque chose. On ne peut pas lui en donner suffisamment parce qu’il dirige chaque jour les cinq prières et répond aux questions des gens soit au téléphone ou à la mosquée… Beaucoup d’imams sont morts dans la pauvreté. Les rares qui sont plus ou moins riches, ils ne sont pas des imams, mais des gens qui voyagent dans les pays du Golfe ou bien qui ont un business à côté. Mais un simple imam, qui s’occupe de la mosquée, n’a pas une rémunération régulière.

Je suis très choqué quand j’entends les gens dire que pendant le Ramadan, les imams et les prédicateurs sont dans la traite. Ils parlent comme si les imams gagnent des milliards dans les conférences, alors qu’il y a certains parmi eux, qui sont hyper-pauvres et personne ne s’en aperçoit. Cette question ne se pose pas. Et, même si c’était le cas, pourquoi tout le monde a droit à une traite et de tout ce que l’on veut sauf les imams ? Ils sont des êtres comme tout le monde. L’aspect financier, c’est un faux problème. Les imams sont aidés tous les jours, même si ce n’est pas le Ramadan».

OUSTAZ ALIOUNE SALL, PREDICATEUR A LA RADIO SUD FM : «Nos gains ne dépendent pas du Ramadan»

«Les nouvelles technologies telles que le téléphone, les réseaux sociaux comme le WhatsApp, sont les canaux que nous utilisons pour faire passer le message. S’agissant de l’application WhatsApp, quand nous sommes contactés par un groupe pour des causeries sur un thème bien déterminé, nous faisons l’introduction et après les membres du groupe font le partage et nous reviennent pour des questions. Je trouve que les conférences telles qu’elles étaient tenues au temps, sont beaucoup plus efficaces. Nous avions le public en face et les questions réponses se faisaient par interaction. Mais, on fait avec les moyens du bord.

Les gens ont l’habitude de faire du Ramadan un moment de gain pour les prédicateurs. Nous ne faisons pas de différence entre une conférence en période de Ramadan et une autre situation. Nous ne sommes pas des salariés pour avoir une idée exacte de nos revenus mensuels. On a des gains beaucoup plus importants que ceux des salariés. Nos revenus ne dépendent pas du Ramadan. C’est la presse qui a l’habitude de considérer le Ramadan comme une période faste pour les prédicateurs».

 

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