14 cas communautaires hier sur un total de 64 cas, cela fait trembler. Il s’y ajoute qu’avec ses 736 cas dont 284 guéris, le Sénégal fait partie des pays les plus touchés en Afrique même s’il est encore loin derrière les pays du Maghreb et l’Afrique du Sud.
La pandémie due au Covid-19 gagne incontestable du terrain chez nous parce qu’au moins 11 régions sont aujourd’hui touchées dont des localités jusqu’ici épargnées.
Dakar, Rufisque et sa banlieue, Thiès, Touba, Ziguinchor, Saint-Louis, Mbour et autres localités du pays connaissent des cas communautaires.
Avec ses 9 morts, on peut craindre le pire d’autant plus que des cas graves surviennent de plus en plus et nous avons 3 décédés qui ignoraient être porteurs.
Une situation assez sérieuse qui mérite que l’on s’y attarde pour pousser la réflexion afin d’améliorer les stratégies.
En effet, la situation interpelle à la fois autorités et populations même si nous savons que les uns et les autres sont déjà sur le qui-vive.
Le Plan de riposte est bon. Il est cependant à parfaire. Et cette initiative est plus à prendre au niveau local, c’est à dire de chaque région et de chaque commune où les autorités doivent assoir des stratégies adaptées.
Gouverneurs, Préfets et Sous-Préfets, en intelligence avec les conseils municipaux sont interpellés pour que les stratégies soient davantage améliorées.
A ce propos, il faudra d’ores déjà éviter les erreurs dans la distribution de vivres en ciblant les vrais nécessiteux et travailler à la distribution de masques et autres instruments qui aident au respect des mesures-barrières.
Les populations dont la plupart tire le diable par la queue, ne sauraient être laissées à elle-même. Car, en période électorale, chaque homme politique se débrouille pour des tee-shirts, des casquettes qui inondent les rues. Qui peut le plus peut le moins. D’autant qu’il s’agit ici d’une question de vie ou de mort.
Il faudrait donc que les autorités sortent davantage de moyens. Les 50 millions de Macky, c’est largement insuffisant. Car, les fonds politiques à lui alloués servent justement à couvrir largement des dépenses non seulement exceptionnelles mais aussi surprises et surtout vitales pour la survie de la Nation. Même si la Présidence a sorti 200 millions, il faudrait que la population puisse largement bénéficier de l’appui logistique et technique pour réussir cette guerre qui en est vraiment une.
Néanmoins, nous attendons, aussi, plus de responsabilité de la part des citoyens. Le comportement observé fait peur. Les gens bravent quotidiennement le danger sans en prendre vraiment conscience.
Même si le port du masque connait un certain succès, il n’en reste pas moins que la distanciation sociale est loin d’être partout la règle. Beaucoup continuent à vivre exactement comme avant, dans la rue, les lieux de trravail, en famille et entre amis.
Pis, nombre de sénégalais continuent à braver l’interdiction de voyages interurbains sans autorisation spéciale. Ils empruntent des pistes de contournement des check-points et réussissent à importer le virus comme cela a été le cas à Mbour, Diender, Mbambilor, etc. pour ne citer que les cas les plus récents.
Le virus a acquis sa loi d’habilitation à voyager tranquillement parmi nous à cause du laxisme, de l’indiscipline et de l’incivisme notés chez certains.
Notre système social, culturel et religieux a échoué à former un citoyen-modèle, conscient de ses responsabilités envers les autres et lui-même.
Pis, à ce manquement, nous avons ajouté l’absence de sanction dissuasive. La ‘’peur du gendarme’’ s’est estompée au fil du temps. Le Sénégalais est devenu un rebelle. Il s’insurge notamment contre toute forme d’autorité et ne poursuit que la satisfaction de son intérêt immédiat.
C’est pourquoi, si l’on n’y prend pas garde, la situation épidémiologique du pays va s’aggraver dans les prochains jours et notre système de santé dépassé d’ici quelques semaines.
Et rien ne nous dit que la courbe va s’infléchir. L’heure est d’autant plus grave que le nombre de guéris démunie considérablement ce qui peut signifier que le protocole de soin n’est plus aussi efficace que les spécialistes ne pensaient.
Alors, il est temps de sortir les grands moyens, les grands remèdes et que tout le monde s’y mette.
Loin d’être une affaire seulement de l’Etat, la situation nous interpelle tous car elle constitue une insulte notre intelligence.
Mis à genou par un petit virus, notre modèle de civilisation arrogante et triomphante par moment, s’effiloche.
Allons-nous continuer à laisser faire ?
Assane Samb