Le Sénégal est, à ce samedi 25 avril 2020, à 614 cas déclarés positifs au Covid-19, depuis le 02 mars dernier. Il y a également 330 malades actuellement en traitement dans les différents centres coordonnés par le Professeur Moussa Seydi et son équipe.
La multiplication des cas, ces deux derniers jours, s’explique par la décision du ministère de la Santé d’être plus agressif dans le dépistage des nouveaux cas. Rien qu’entre hier vendredi et aujourd’hui samedi, 1231 tests ont été effectués sur des cas suspects. Et 135 nouveaux cas ont été enregistrés après ces deux opérations de l’Institut Pasteur et l’Iressef.
La nouvelle politique des autorités est de faire des tests en masse pour détecter le maximum de porteurs de virus asymptomatiques sur l’étendue du territoire. Ce pour apporter une réponse à la multiplication des cas communautaires. D’après le Professeur Seydi, un seul cas communautaire peut contaminer 400 autres personnes en un mois, si l’on se réfère à notre mode de vie. Et le non-respect des mesures d’interdiction de déplacement inter-région a facilité la tâche au virus qui continue de se propager, par le biais de commerçants qui ont décidé de faire passer leur business avant leur vie et celle des autres.
Dans les prochaines semaines, si le rythme du dépistage massif est maintenu, le Sénégal va certainement flirter avec la barre des 1000, 2000 voire 3000 malades ou plus. Rappelons que le Professeur Seydi avait bien averti autorités et populations : « Le Sénégal n’a pas les moyens de gérer une vague de malades de Covid-19. Plus il y aura de cas, plus il y aura des cas graves. Et plus il y aura des cas graves, plus il y aura de morts ».
Il est alors temps de faire une évaluation de la logistique en place pour savoir la conduite à tenir quand les malades arriveront par milliers dans les centres de traitement. Les enseignants-chercheurs de l’Ecole polytechnique de Thiès attendent toujours une validation et des moyens pour produire plusieurs dizaines d’assistants respirateurs.
Pas plus tard que jeudi, le chef du département des maladies infectieuses et tropicales de Fann, en charge de la coordination du traitement de tous les malades de Covid-19 au Sénégal, déplorait l’état défectueux du service de réanimation de l’Hôpital régional de Ziguinchor. Selon lui, ça n’a pas été construit dans les normes.
Dans les prochains jours, la communication au quotidien du ministère de la Santé et de l’Action sociale risque de changer de paradigmes. Il sera de plus en plus moins important de communiquer sur le nombre de nouveaux cas que sur le nombre de lits disponibles dans les centres de traitements, du nombre de respirateurs artificiels et du nombre de services de réanimation opérationnels.
Des commandes de nouveaux lits ont peut-être été passées, des édifices publics comme le CICES seront peut-être utiles à aménager pour recevoir le flux de nouveaux malades que les tests massifs vont occasionner. Le véritable combat, celui de s’interposer entre le virus et le chaos, n’a pas encore débuté. Mais les chiffres de ces deux derniers jours sonnent comme une troublante et flippante bande annonce.