La pression monte autour des footballeurs professionnels évoluant en Europe. Du fait de la crise du coronavirus, ils sont invités à faire des «efforts» financiers par leurs employeurs respectifs. Si certains font preuve de compréhension, d’autres campent sur leurs positions. En Angleterre, Watford de Ismaïla Sarr et tant d’autres clubs ont accepté la proposition. Ce qui n’est pas encore le cas de Liverpool de Sadio Mané. a l’instar de beaucoup de formations de Premier League, les reds sont dans la réflexion.
Alors que le monde lutte farouchement pour venir à bout du Coronavirus qui a fini de semer peur et panique, certains clubs sportifs mènent eux une bataille parallèle pour sauver ce qui peut l’être. Pour amoindrir leurs pertes suite à la crise installée par la pandémie, ils sont nombreux ces présidents de clubs à miser sur les gestes de leurs employés. Leur souhait, emmener joueurs, entraîneurs et autres salariés à baisser leurs émoluments. Une mesure « raisonnable », dans un contexte particulier. Mais l’idée ne semble pas faire l’unanimité. Si, dans de nombreux clubs européens, les joueurs ont déjà accepté la mesure, certains traînent encore les pieds.
PREMIER LEAGUE : LE GOUVERNEMENT PRESSE LES CLUBS !
La mesure consistant à emmener les footballeurs à baisser leurs salaires n’est pas appréciée de la même manière au niveau des clubs. Considéré comme le championnat le plus riche d’Europe, la Premier League est au cœur des débats. Et pour ne rien arranger, le syndicat des joueurs (PFA) a refusé de passer un accord avec la Premier League. Une posture qui a irrité le gouvernement britannique qui n’a pas hésité à s’immiscer dans le débat. « Tout le monde doit jouer son rôle et cela veut dire que les joueurs de Premier League aussi. La première chose qu’ils peuvent faire pour contribuer est d’accepter une baisse de salaire », avait indiqué le ministre de la Santé Matt Hancock, lors d’une conférence de presse. Une manière pour lui de mettre un coup de pression sur le syndicat des footballeurs professionnels. Et à ce jour, seuls trois clubs ont décidé de se plier. Dans un premier temps, Southampton (14e) et West Ham (16e) avaient annoncé des accords sur des baisses de salaires. Ce fut ensuite au tour d’Arsenal de les imiter, avec une annonce concernant une baisse de 12,5% du salaire de ses joueurs et de son staff technique. Au niveau de Tottenham, il n’y a pas eu de sacrifice financier pour les employés, mais une baisse de 20% sur les revenus des dirigeants.
LE SYNDICAT DES JOUEURS ANGLAIS RIPOSTE !
En prenant part au débat, le gouvernement anglais espérait faire bouger les choses. Mais plus d’une semaine après, rien n’a presque bougé. Mieux, le syndicat des joueurs (PFA) campe toujours sur ses positions. Indexée comme étant le principal facteur de blocage des négociations, la puissante association a plutôt plaidé pour les footballeurs. Dans un communiqué, la PFA semble dans un premier temps cautionner l’idée d’une baisse. « Nous avons bien conscience du sentiment répandu dans l’opinion publique que les joueurs devraient payer les salaires des personnels non-joueurs. (…) Nous acceptons tout à fait l’idée que les joueurs vont devoir se montrer flexibles et partager le poids financier de l’épidémie de Covid-19 pour assurer l’avenir à long-terme de leur club et de ce sport en général », peut-on lire dans le communiqué du syndicat. Dans un second temps, la PFA a dénoncé l’attitude de certains dirigeants de clubs qui auraient pour but, à travers cette mesure, de détourner les aides publiques pour ainsi préserver les actionnaires. « Les clubs, en tant qu’entreprises, qui ont les moyens de payer leurs joueurs et leurs salariés, devraient le faire. Toute utilisation des aides gouvernementales sans réel besoin financier se ferait au détriment de la société dans son ensemble. voir les joueurs contribuer à payer les salaires des employés non-joueurs ne servirait que les intérêts des seuls actionnaires », ajoute le texte de la PFA. Dans le viseur du syndicat, des clubs de l’élite comme Tottenham, Newcastle et Norwich qui ont décidé de placer leur personnel non joueur sous le programme de chômage partiel mis en place par le gouvernement qui prend en charge 80% des revenus à concurrence de 2 500 livres par mois.
WATFORD : SARR ET SES CO- EQUIPIERS ACCEPTENT !
La politique de la baisse des salaires commence à porter ses fruits. A l’image des dirigeants des Spurs de Totteham, certains managers ont décidé de faire des sacrifices. C’est notamment le cas de Eddie Howe (coach de Bournemouth), Chris Wilder (Sheffield United) et de Graham Potter (coach de Brighton). En plus des clubs cités (Arsenal, Southampton, Sheffield), Watford est venu s’ajouter à la liste.
Après des jours de négociations, les joueurs, les « Hornets » ont accepté une baisse de salaire pour aider leur club à faire face aux conséquences économiques de la pandémie du Covid-19. « Watford Football Club est parvenu à un accord avec ses joueurs en vue d’une baisse des salaires de l’équipe », a affirmé hier l’actuel 17ème de Premier League, sur son site officiel. Ce geste de Ismaïla Sarr et de ses coéquipiers a été salué par le président du club. «Nous pouvons être fiers de nos joueurs pour avoir accepté de faire ce geste. Ils ont compris qu’ils avaient un rôle à jouer et n’ont pas hésité à prendre cette décision pour le bien de l’ensemble du club », s’est félicité Scott Duxbury, dans un communiqué du club. Face à cette situation inquiétante, l’international sénégalais et ses camarades ont fait d’énormes efforts financiers. Watford n’a pas donné le montant de la baisse de salaire, mais plusieurs médias anglais ont fait état d’une réduction de l’ordre de 30%. «Personne, où qu’il travaille, n’est enthousiaste à l’idée de baisser son salaire. Mais c’est le bon sens et une capacité à bien comprendre les enjeux qui ont prévalu », a fait valoir le capitaine Troy Deeney.
LIVERPOOL : SADIO MANE ET LES SIENS EN DISCUSSION !
Leader de la Premier League avant l’arrêt du championnat, Liverpool de Sadio Mané n’est pas épargné par ces histoires de baisse de salaire. Après avoir annoncé son souhait de placer une partie de son personnel non joueur en chômage partiel, le club de la Mersey a fini par reculer. La direction parle même de mauvaise décision. « Nous pensons que nous avons pris une mauvaise décision la semaine passée en annonçant que nous allions recourir au Coronavirus Retention Scheme et nous en sommes vraiment désolés. Le club va chercher des alternatives, malgré notre éligibilité à ce programme qui concernait environ 200 salariés», a écrit le président du club, Peter Moore, dans une lettre ouverte aux supporteurs. Et qu’en est-il pour les joueurs ? Concernant cet aspect, le boss des Reds a déjà une idée. « Les discussions sont complexes. Et par conséquent, le processus est en cours », a ajouté M. Moore. A l’image de Liverpool, d’autres cadors du championnat anglais sont au stade de réflexion. « Les joueurs veulent la transparence complète. Ils ne sont pas stupides. Ils veulent en connaître les raisons et où va aller l’argent. Je pense que si les clubs ne sont pas capables d’expliquer pleinement leur position, ils doivent s’attendre à de la défiance de la part des joueurs », a assuré Gordon Taylor, président du syndicat des footballeurs (PFA), dans des propos relayés par The Mirror.
FRANCE : GANA ET LE PSG TOUT PROCHES D’UN ACCORD ?
Au niveau du championnat français, représentants de joueurs et clubs sont encore en négociations. A en croire l’Equipe, le plan en étude serait de parvenir à un « paiement différé sur un pourcentage du salaire ». La même source soutient qu’un accord pourrait être trouvé sous peu. « Thiago Silva et Marquinhos qui représentent les joueurs négocient pour une réduction des émoluments de 20 à 30 % », rapporte L’Equipe. Le président parisien, Nasser Al-Khelaïfi serait lui favorable à une baisse des salaires, alors que les salariés du club espèrent que les joueurs se montreront solidaires et responsables pour imiter leurs homologues du Barça, Bayern, Real Madrid ou encore la Juventus. Dans la Liga espagnole, les joueurs du FC Barcelone et de l’Atlético de Madrid ont accepté des réductions de 70%. En Italie, Cristiano Ronaldo et ses coéquipiers de la Juventus recevront un montant réduit pour les quatre prochains mois si la saison n’arrive pas à son terme
BAYERN, BARCELONE ET LA JUVE DONNENT L’EXEMPLE !
Au moment où la Premier League se déchire pour trouver un accord concernant la baisse des salaires, d’autres grands clubs européens ont montré la voie à suivre. Des géants comme le Bayern, le FC Barcelone ou encore la Juventus ont déjà vu leurs joueurs réduire leurs émoluments pour aider leurs clubs. En Allemagne, plusieurs clubs se sont engagés dans cette voie. Dans la Serie A italienne, les formations de l’élite aurait trouvé un accord. « Il s’agit d’une réduction d’un tiers de la rémunération brute annuelle des joueurs, en cas d’annulation définitive de la fin de saison. Si le championnat devait reprendre, la baisse serait d’un sixième de la rémunération brute annuelle », rapporte Corriere dello Sport. Selon la même source, les clubs doivent conclure des accords avec leurs joueurs. Toutefois, il faudra convaincre le syndicat des joueurs, pas pour le moment emballé par cette idée. « C’est irrecevable. C’est une volonté, à peine dissimulée, de faire porter à des joueurs présentés sous un mauvais jour la responsabilité d’éventuels dégâts économiques liés à une situation de crise », a fait savoir le représentant des joueurs professionnels, cité par Corriere dello sport
LES AVERTISSEMENTS DE LA FIFA
L’instance chargée du football mondial aura du boulot dans les prochains mois. Alors que les dirigeants de clubs et de Ligues multiplient les démarches pour trouver un terrain d’entente pour la suite de la saison, la FIFA observe de loin les tractations. Et dans ce dossier concernant la baisse des salaires en cette période de Covid-19, la FIFA aura un rôle particulier à jouer. Dans un document interne que l’agence Reuters a pu consulter, Gianni Infantino et son équipe invitent les clubs, les Ligues et les joueurs à conclure des conventions collectives appropriées. «Cela permettra de garantir une certaine forme de paiement du salaire aux joueurs et aux entraîneurs. Ces conventions permettront d’éviter les litiges, protéger la stabilité contractuelle et veiller à ce que les clubs ne fassent pas faillite, tout en tenant compte de l’impact financier du COVID-19 sur les clubs », préconise la FIFA.