Le médecin-chef du district sanitaire de Bignona dénonce un laxisme coupable de l’État dans la lutte contre le coronavirus. Tito Tamba a fait une sortie hier, jeudi, pour asséner ses vérités à l’État en jugeant inopportunes les primes d’encouragement aux personnels soignants au détriment de l’équipement des plateaux techniques, surtout par rapport à un déficit d’équipements de protections nécessaires pour la prise en charge des malades de Covid-19. La blouse blanche ne valide pas la politique de l’État qui laisse en rade le personnel communautaire.
Ça commence à gronder au niveau des personnels de secteur sanitaire. A l’instar du médecin-chef du district sanitaire de Bignona qui a traité « d’amateurisme » dans une certaine politique menée contre le Covid-19. Dans un message adressé au gouvernement, la blouse blanche a en effet demandé la priorisation des équipements sanitaires de protection au détriment des motivations. Soulignant d’emblée que « Dans le contexte actuel de crise sanitaire mondiale liée au Coronavirus, l’État du Sénégal a pris des engagements devant la nation pour apporter une riposte à la hauteur de la menace », Tito Tamba a loué les efforts produits par la cellule nationale de crise, avant d’observer que « L’heure n’est ni au tâtonnement ni à l’amateurisme encore moins à la politique ».
Soulignant en fait qu’à cette étape de la riposte, il constate une tendance inquiétante du nombre de cas issus de la transmission communautaire ainsi que du nombre de décès liés au Covid-19 dans notre pays, le médecin chef du district de Bignona a cependant relevé que toute action allant dans le sens de la lutte contre cette pandémie doit être minutieusement réfléchie. Pour autant, selon lui, les ressources financières doivent être utilisées à bon escient en fonction des priorités du moment. « Nous apprécions à sa juste valeur l’octroi d’une motivation Covid19 à une partie des prestataires de soins de santé », a-t-il renseigné non sans faire remarquer que « cette frange non valorisée par l’État sénégalais est aussi exposée que les médecins et souvent sans équipement de protection ». Raison suffisante pour lui d’asséner que « le respect de l’équité dans la gestion démocratique du personnel soignant devrait pousser l’Etat à intégrer tout le corps médical ».
D’ailleurs, le médecin considère que cette motivation ne constitue pas une priorité à l’heure actuelle de la lutte. Selon Tito Tamba, à ce jour, les personnels soignants ont besoin d’équipements de protection. « Nous pensons que le renforcement des équipes médicales est nécessaire dans les structures sanitaires.
Pour plus d’efficacité dans le dépistage de masse des cas contacts, les kits de prélèvement doivent être disponibles en quantité suffisante. Enfin, toutes ces mesures doivent être accompagnées par le relèvement des plateaux techniques des sites de prise en charge en conformité avec les recommandations de l’Oms». Et de conclure : « pour l’instant, nous sommes préoccupés par l’urgence et la complexité de la riposte. Quand la situation sera sous contrôle, viendra alors le moment idéal de valoriser le personnel soignant en apportant des réponses positives à leurs revendications »
LE SYNDICALISTE CHEIKH SECK «VALIDE» TITO TAMBA
Après le médecin du district sanitaire de Bignona, Tito Tamba, c’est au tour du coordonnateur des syndicats de la santé pour la justice sociale, Cheikh Seck de fixer l’État face à ses responsabilités par rapport à l’insuffisance de matériels de protection pour le personnel soignant. Cheikh Seck appelle le Chef de l’État Macky Sall à «mieux protéger» les agents de la santé qui, selon lui, sont «les acteurs de première ligne». Et sans quoi, dit-il, «cela risque de créer une véritable catastrophe pour ne pas parler d’hécatombe».
Le syndicaliste a insisté encore sur le déficit des équipements. « Le matériel n’est pas suffisant… Je vous donne l’exemple de l’hôpital où je travaille. Ici à l’hôpital, nous sommes 632 comme agents et il y a 273 prestataires. Cela veut dire qu’il y a presque 900 agents. Et quand on vous donne 7 000 masques, cela veut dire que le reste, on cible», a expliqué Cheikh Seck. Et de réclamer : «si on pouvait avoir au moins un million de masques qu’on distribuait dans les structures, ce serait mieux»