La propagation du coronavirus dans la banlieue dakaroise inquiète les populations, mais surtout les agents de la santé. A l’hôpital Dalal Jamm, ils sont au front de la lutte avec la prise en charge des malades. Pr Fatou Samb Ndiaye, coordinatrice du Comité de riposte du Covid-19 de l’hôpital Dalal Jamm, fait le point de la situation dans cette partie de la capitale où les cas se multiplient.
«Aujourd’hui, le problème qui se pose en banlieue est que nous avons une surpopulation. Guédiawaye compte aujourd’hui plus de 500 mille habitants. La question qui se pose ou qui fait peur, c’est que les infections communautaires commencent d’augmenter. On se pose la question de savoir est-ce que ce ne sont pas des cas contacts qui ont échappé à la surveillance et qui n’ont pas été déclarés. Et c’est ça la gravité de la question. Un cas communautaire est un sujet qui a été en contact avec la maladie, mais n’avait pas été déclaré ou qui a échappé au service de suivi des membres du Comité d’alerte au niveau du ministère.
Donc pour chaque cas communautaire, il y a un nombre de cas contacts déclarés. Certes la balle est toujours dans notre camp, mais je dirai qu’aujourd’hui elle est plus dans le camp de la communauté. Maintenant, c’est à l’échelle communautaire que les décisions doivent se prendre. Chaque mairie, chaque préfecture, les gouvernances devraient prendre des décisions qui siéent pour cette lutte.
Je demande à ce que la ville de Guédiawaye soit confinée. Dès l’instant qu’on dit que Guédiawaye a un cas communautaire, la population doit être attentiste vis-à-vis du ministère de la Santé et de l’action sociale, et même de l’Etat. C’est à nous de prendre notre propre décision par rapport à notre protection.
C’est inquiétant. Je me demande même si ces gens-là sont suffisamment sensibilisés ou si l’information n’est pas passée. C’est à nous peut-être, techniciens de la santé, de faire autrement ou de voir une manière mieux adaptée pour faire passer l’information, pour que la population adhère à ce qu’on est en train de faire. Pourquoi les gens continuent toujours à se regrouper ? Pourquoi se regrouper dans les grands-places et autres ? Il faut une maturité pour qu’on puisse combattre cette maladie sinon on risque de se retrouver dans la même situation que les Marocains. Nous allons nous retrouver avec des milliers de cas et on n’aura même pas où les mettre, parce que si la population ne suit pas, on aura d’énormes difficultés à pouvoir maîtriser cette maladie.
Le port du masque dès l’instant qu’il devient obligatoire, mais surtout le lavage des mains, rester à distance avec son interlocuteur, les gens doivent s’adapter. Il faut que les mairies viennent en aide aux populations parce qu’on ne peut pas confiner un «gorgoorlou» chez lui pour le laisser mourir de faim. Que les moyens soient dégagés. Il faut que les mairies achètent aussi des masques pour les offrir aux populations parce qu’il y a des gens qui ne peuvent pas les acheter. C’est le rôle de la mairie d’aider les populations à rester chez elles.»