Degats collateraux de la crise du coronavirus sur la sphere politique
Dans les conversations, le coronavirus et ses conséquences ont complètement éclipsé, presque effacé, les enjeux des Locales prévues au plus tard le 28 mars 2021. Le dialogue politique suspendu, au moment où les acteurs, après avoir fini de trouver un consensus sur les Termes de références, étaient en train de boucler le mode de financement de l’audit du fichier électoral et l’évaluation du processus électoral pour procéder ensuite à l’appel d’offre, risque de compromettre l’échéance fixée par le ministre de l’Intérieur. Si bien évidemment rien n’est fait d’ici la fin du mois de mai. Quid du quinquennat du président Macky Sall fortement chahuté dès sa première année et mis à rude épreuve par la pandémie du Covid-19 ?
Les effets de la pandémie du Covid-19 sont naturellement avant tout humains, puisqu’il s’agit de la santé publique, mais aussi des conséquences qu’elle entraîne pour le mode de vie. Ses effets sont aussi économiques et sociaux, comme on le constate déjà, avec le chômage partiel, les emplois remis en cause, la désorganisation des échanges internationaux, etc. Mais aussi, le Coronavirus a un impact politique très fort au Sénégal. En effet, il a porté un sacré coup de frein au dialogue politique suspendu, depuis le mois de mars dernier, risquant ainsi de dérègler l’horloge électorale. Les acteurs parties prenantes à ces concertations politiques étaient sur le point de boucler le financement de l’audit du fichier électoral et de l’évaluation du processus électoral, après avoir trouvé un consensus sur les Termes de référence. Cela, afin de lancer l’appel d’offre pour ces deux mesures très attendues par les acteurs politiques.
Hélas ! Le Covid-19 vient de remettre très sérieusement en doute la possibilité d’organiser ces élections locales, dans la fourchette temporelle proposée par le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, à savoir au plus tard le 28 mars 2021. Pour cause, tout est suspendu alors que lors des travaux, les acteurs de la société civile avaient jugé nécessaire d’obtenir du gouvernement un chronogramme qui permettrait de planifier toutes les grandes étapes qui vont mener aux élections. Leur crainte était basée sur le fait que d’ici la fin du mois de mai, si rien n’est fait, la date des élections serait compromise. Parce que, selon eux, il y aurait moins de 8 mois pour réviser les listes électorales, distribuer les cartes, procéder au parrainage, sans oublier la phase des contentieux et la consolidation de la liste, et la campagne électorale, pour enfin arriver à l’organisation du scrutin proprement dit. Cela, même s’ils admettent qu’il y a la possibilité de réduire les délais légaux. Par conséquent, si à cause du Covid-19, le cycle électoral n’est pas démarré d’ici la fin du mois de mai, les élections seront compromises à cette date et le président serait obligé de proroger encore une fois le mandat des maires, conseillers communaux et départementaux. Ce qui porterait un sacré coup aux principes démocratiques en dérèglant le calendrier électoral républicain, en violant le principe de souveraineté nationale et en bafouant le droit de suffrage des électeurs, entre autres.
Quid du quinquennat du président Macky Sall ? Le moins que l’on puisse dire, le second mandat du chef de l’Etat traverse une épreuve majeure. Déjà, la première année de son mandat a été fortement chahuté par beaucoup de choses, telles que l’affaire BBC et Aliou Sall sur le pétrole, le déterrement de la hache de guerre des syndicats d’enseignants, la crise née au sein de son parti l’Alliance pour la République (Apr), tout comme la polémique autour du mandat présidentiel, sans oublier la chasse à l’homme démarrée dans l’Apr à cause dudit mandat. Du débat post covid qui ne manquera pas d’être relancé.
Maintenant, il vient s’y ajouter cet ennemi invisible de Covid-19 qui remet aux calendes grecques la date de livraison des grands chantiers de l’Etat. Les priorités étant réorientées vers la lutte contre le Coronavirus, le programme de campagne qui a permis de réélire la président Macky Sall risque d’être confiné dans les tiroirs. Cela ne risque-t-il pas de donner des idées au chef de l’Etat, notamment de vouloir réclamer un mandat supplémentaire pour l’achèvement de ses grands chantiers, comme l’avait demandé son prédécesseur ? L’urgence du moment étant la lutte contre le Covid-19, le président Macky Sall a tout intérêt à prendre des initiatives adaptées, à livrer des informations vraies, à trouver les choix, les actes et les mots nécessaires.