La révolte des jeunes de la Médina qui date du début du couvre-feu turlupine les autorités qui ont voulu être fermes à en arrêtant 85 avant-hier. Et cela est logique.
Car, on ne peut vouloir une chose et son contraire. La propagation du virus dicte une exigence de chacun sur lui-même et impose à l’Etat une fermeté sans laquelle la lutte est perdue d’avance.
C’est dire que les autorités ne peuvent pas faire deux poids deux mesures en admettant une quelconque forme de laxisme dans l’application des mesures.
La dangerosité de la maladie et son mode de contamination rapide ont donné du fil à retordre aux gouvernements des différents pays. Ici, toute erreur se paie cash.
Il y a cependant nécessité de réfléchir sur l’adaptation des mesures à prendre à notre contexte socio-économique au moment où il est question de revoir les heures de couvre-feu qui doivent être rallongées de 16 heures à 7 heures du matin.
Il s’y ajoute que nombre d’autorités administratives ont été amenées, comme le leur permet la loi d’habilitation, à restreindre les libertés, même de jour.
Ainsi par exemple dans certaines localités de la banlieue de Dakar, magasins et ateliers sont fermés de jour privant nombre d’habitants surtout les jeunes de leurs gagne-pains.
Le marché Ocas sera certainement fermé à Touba et d’autres mesures de ce genre sont déjà prises dans de nombreuses localités comme Ziguinchor.
La révolte des jeunes de la Médina n’est pas du tout isolée. C’est la face cachée de l’iceberg.
En réalité, ils sont nombreux à fouler au pied les mesures prises et tenant vaille que vaille à jouir de leur liberté. Une situation qui rappelle celle des jeunes des banlieues en France.
Evitons cependant que cette vague d’indignation envahisse aussi les adultes exactement comme en Afrique du Sud ou dans certains pays où les gens sont sortis pour défier les forces de l’ordre parce qu’ils n’ont rien à manger.
En effet, avant de changer les heures de couvre-feu, il est important de faire une évaluation exhaustive de l’efficacité des modifications à apporter. Cela ne sert à rien de restreindre davantage les libertés alors que tout le monde sait que les vivres distribués ne vont pas suffire.
Sous prétexte d’avoir donné 69 milliards de vivres, les autorités étatiques ne peuvent pas ignorer que des milliers de familles étaient déjà dans le besoin d’une assistance alimentaire pour au moins trois mois. Sans Covid-19, des milliers de familles de presque tous les départements du pays auraient tout de même eu besoin d’appui. Et le processus était déjà enclenché.
Alors, ne mélangeons pas les choux et les carottes. Le Covid-19 cache mal la misère chronique que vivent nombre de nos concitoyens. Si l’on n’y ajoute des marchés d’attribution sujets à polémique, le cocktail pourrait être explosif.
Mieux, on se rend compte que beaucoup de pays sont en train d’envisager le déconfinement sans pourtant voir le bout du tunnel avec une mortalité encore très forte.
Sans faire preuve de laxisme, nous pouvons adapter les mesures au contexte sous le contrôle des spécialistes en la matière.
Aujourd’hui, il s’agit également de revoir toute la politique de riposte surtout à partir du mois de mai où l’espace aérien pourra être rouvert et les jeunes rejoindre les écoles et les universités.
Sois nous accélérons les tests, soit nous apprenons à vivre avec le virus en mettant l’accent sur les mesures-arrières ou sur d’autres stratégies appropriées.
Mais le confinement même partiel ne pourra pas se poursuivre pendant de longs mois.
Car, à ce rythme, il sera difficile d’éradiquer complétement la contamination car le virus n’a pas révélé tous ses secrets.
Assane Samb