L’urgentiste en chef

par admin

Au-devant de la scène depuis l’apparition du coronavirus au Sénégal, Dr Abdoulaye Bousso, qui pilote le Centre des Opérations d’Urgence Sanitaire (Cous), est sur tous les fronts pour vaincre le virus du Covid-19. Crayonné comme un bosseur infatigable, Dr Bousso est devenu populaire en un laps de temps, grâce à ses talents de rhéteur. Avec son visage du parfait gendre et sa mise toujours impeccable, Dr Bousso est désormais la «star» qui fait chavirer le cœur des jeunes filles dans les réseaux sociaux.

«Si sama jëkër binga bindtày,daa beau dé ! » (tu écris aujourd’hui sur mon mari, il est beau hein !) lance tout sourire une cousine tombée en pamoison devant Dr Abdoulaye Bousso. En effet, la photo du directeur du Centre des Opérations d’Urgence Sanitaire (COUS) du Ministère de la Santé etde l’Action sociale (Msas) figure sur beaucoup de profils de jeunes filles depuis l’apparition du Covid-19 au Sénégal. Sur Facebook, elles rivalisent de super latifs pour chanter la beauté de leur «star» reconnaissable à ses cheveux poivre et sel et sa barbe parfaitement bien taillée.

Désormais, ses apparitions sur les plateaux de télévision pour faire l’état des lieux de la pandémie du coronavirus au Sénégal sont fortement attendues. Et il n’est pas exagéré de dire qu’il ravit la vedette à des célébrités comme Waly Seck et l’ancien footballeur Habib Bèye. Bien qu’évoluant dans un monde où la santé passe avant tout, il n’en demeure pas moins qu’il est adepte de la mise soignée. Même si lui préfère en sourire : «Ah ! J’avoue que c’est depuis toujours ainsi, c’est un peu dans ma nature !» Mais le fait qu’il soit toujours tiré à quatre épingles n’étonne guère Cheikh Seck, physiothérapeute au service de médecine physique à l’hôpital général Idrissa Pouye de Grand Yoff (ex Hoggy). «C’est un métier où nous sommes obligés d’être corrects», souligne Dr Seck.

Diplômé en gestion des catastrophes et en chirurgie orthopédique et traumatologique, Dr Abdoulaye Bousso doit manifestement son aura à sa compétence avérée en médecine et en communication de crise. Homme de terrain, ce membre de «Médecins Sans Frontières France», qui a fait plusieurs théâtres d’opération comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire et Haïti, s’est assigné aujourd’hui pour mission d’anéantir le maudit virus du Covid-19 et d’empêcher sa propagation. En compagnie bien sûr d’une équipe composée de plusieurs experts de la santé. Né à Dakar il y a 47 hivernages, ce monogame, papa de quelques enfants, est un vrai «boy town». Ayant fait ses humanités successivement à l’école primaire de la Caserne Samba Diéry Diallo, au Cem de Colobane et au lycée Thierno Seydou Nourou Tall, le chirurgien n’a jamais opéré loin de la capitale. D’autant qu’il a effectué ses études supérieures à la faculté de médecine de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad). A sa sortie de l’université avec le titre de docteur en poche, le jeune Dakarois a servi à Kaolack avant d’être affecté à l’hôpital général de Grand Yoff devenu hôpital Idrissa Pouye de Grand Yoff. Sous les ordres du Pr Mouhamadou Habib Sy, il officie au service d’Orthopédie-traumatologie pendant une dizaine d’années. A son arrivée à la tête du Ministère de la Santé et de l’Action sociale,

Pr Awa Marie Coll Seck qui lui voue une certaine estime le nomme dans son cabinet comme Conseiller Technique N°2. Il y fait quelques piges avant d’être bombardé, toujours par Pr Awa Marie Coll Seck, à la tête du Centre des Opérations d’Urgence Sanitaire (Cous). Très écouté par les Sénégalais pour éclairer leur lanterne sur l’évolution de la maladie du coronavirus dans le pays, Dr Abdoulaye Bousso livre les recettes qui l’aident à accomplir cette tâche. «C’est l’expérience, car je suis souvent confronté, dans le cadre de mon travail, à des crises sanitaires notamment avec Médecins sans frontières», confie-t-il.

Malgré la psychose qui gagne les populations avec la propagation du Covid-19, l’expert auprès de l’OMS pour Règlement Sanitaire International (Rsi) et pour le Développement des Centres d’Opération d’Urgence de Santé Publique (Dcousp) se définit professionnellement comme quelqu’un qui ne doit pas perdre son sang-froid. «Un chirurgien doit être calme et serein», rappelle-t-il. Il faut dire aussi que Dr Bousso doit son flegme britannique à son parcours qui a beaucoup trempé son caractère. «J’ai toujours été le plus jeune de toutes mes promotions, de l’école primaire à la faculté», lance-t-il sans vantardise, même s’il avoue ressentir actuellement une forte pression sur ses épaules. Toujours limpide, sans langue de bois et rassurant dans ses explications sans verser dans la banalisation de la maladie, le patron du Cous pourrait certainement tenir son bagout de son passé syndical. En effet, Dr Abdoulaye Bousso, ce n’est pas uniquement les blocs opératoires et autres bistouris. C’est aussi un militantisme très poussé. Ce qui lui a valu d’être tour à tour le Secrétaire général du Syndicat Autonome des Médecins du Sénégal (Sames) et le Vice-président du conseil de l’Ordre des Médecins du Sénégal. Cheikh Seck (actuel secrétaire général du Syndicat Démocratique des Travailleurs de la Santé et du Secteur Social) avec qui il a partagé plusieurs batailles syndicales se souvient d’un homme particulièrement engagé. «Nous avons mené plusieurs luttes ensemble, lui en tant que secrétaire général du Sames et moi en tant que secrétaire général de la section Sutsas de l’Hoggy.

Et malgré les apparences, il n’hésitait pas à taper du poing sur la table à chaque fois que de besoin. Il défendait toujours des principes», renseigne le physiothérapeute qui décrit par ailleurs Dr Bousso comme un grand bosseur. «Malgré ses responsabilités syndicales qui lui octroyaient 20 heures d’activités, il prenait ses consultations et faisait ses opérations correctement et rigoureusement», témoigne Cheikh Seck.

Propulsé au-devant de la scène depuis l’apparition du coronavirus dans le pays, il est surnommé par certains observateurs (tout comme Pr Moussa Seydi et Dr Alpha Amadou Sall)la voix de l’espoir. Jusque-là, il est à la hauteur de sa célébrité et tient d’une main de maître la gestion de la crise sanitaire qui secoue le pays. Ce qui n’étonne point Cheikh Seck. «Dans nos activités syndicales, il avait toujours montré son leadership par son sens de l’écoute et son ouverture», se souvient notre interlocuteur.

 Pourtant, l’intéressé avoue que ce n’est pas facile. «On ne dort presque plus», dit-il. Surtout que ce passionné de football, sport qu’il pratiquait avec ses copains tous les vendredis au terrain de Dakar Sacré-Cœur, ne s’offre plus ce luxe depuis l’instauration du couvre-feu. Son exécutoire actuel ? Il répond : «Je cours une fois par semaine».

Par ailleurs, quand on lui demande son avis sur le fait qu’il soit devenu le chouchou des filles sur la toile, il éclate de rire au téléphone : «Tu vas me créer des problèmes et je risque de ne plus sortir après la pandémie !» Mais apparemment, les «coépouses» virtuelles de Mme Bousso devront prendre leur mal en patience.

Et pour cause, Dr Abdoulaye Bousso qui vient de finir un master en Défense, Paix et Sécurité et qui s’est inscrit en doctorat en sciences politiques, préfère savourer son plat préféré (le «ceebujën) mijoté par sa dulcinée. Et ce, en dépit des nombreuses «déclarations d’amour» dont il fait l’objet dans les réseaux sociaux.

 

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