Progression de la courbe
La courbe de l’évolution des cas confirmés de COVID-19 suit des trajectoires bien différentes selon les pays. La capacité d’un virus à se propager dans la population est établie à partir de son indice de contagion (R0) – Selon l’OMS, cet indice est compris entre 1,4 et 2,5 – c’est-à-dire une personne infectée peut infecter entre 1,4 et 2,5 personnes. Ce qui veut dire que la croissance du nombre de cas peut rapidement devenir exponentielle. Des études prévoient un doublement des cas tous les 6 jours dans les différents foyers du monde. Dans les pays qui maitrisent moins la progression du virus, un doublement tous les 2 jours est noté.
Pour le Sénégal, l’évolution des cas se détache d’un doublement tous les 7 jours pour passer à près d’un doublement tous les 10 jours ou plus. Ce qui dénote d’une évolution lente et maitrisée qui ne surcharge pas la capacité de notre système sanitaire pour le moment et on espère un aplatissement de la courbe. La tendance de la courbe du Sénégal est sensiblement identique à celle du Japon après le 100e cas. Rappelons que le Sénégal (premier cas le 02 Mars), à l’image du Japon et de certains pays a rapidement pris des mesures dont le contrôles thermiques à l’aéroport et la batterie de mesures qui s’en est suivi respectivement les 14 Mars, 20 Mars et 24 Mars, à savoir la fermeture des établissements publics, la suspension des rassemblements, le contrôle accru aux frontières, la suspension de liaisons aériennes et l’état d’urgence avec les différentes mesures affiliées. Une série de dispositions prises associées à une campagne de sensibilisation sur des mesures individuelles de prévention.
Encore plus à faire dans les mesures préventives
Cependant, beaucoup reste encore à faire notamment dans la persévérance de l’application des mesures préventives et le respect des dispositions des autorités. Pour ce qui est des mesures prévention, la sensibilisation sur la distanciation sociale (1 à 2m) reste encore à se généraliser dans le pays notamment dans les marchés et autres lieux publics encore en fonctionnement. La lente progression de cas au Japon est d’ailleurs largement attribuée à la distanciation sociale et au port de masques en lieux publics. Le Sénégal devrait sensibiliser plus sur cet aspect et encourager la population au port de masques dans les lieux publics, qu’elle soit malade ou pas. Notre industrie textile et les tailleurs peuvent être mis à profit dans la fabrication de masques.
Faible quantité de tests de dépistages
De nombreux pays ont opté pour une stratégie de dépistage massif du Covid-19. C’est le cas de la Corée du Sud, l’un des pays ayant le plus réussi à ‘’aplatir sa courbe’’, avec le déploiement près de 600 cliniques de dépistage. Une stratégie qui semble être bonne. Cependant, les stratégies différentes selon les pays et selon la disponibilité des moyens de tests. Pour le Sénégal, les autorités ont déclaré ce 03 Avril 2020 que la stratégie adoptée ne nécessite pas des tests de masse. Pourtant l’institut Pasteur a une capacité de test supérieure au nombre de tests réalisés actuellement et a l’IRESSEF en appoint.
Le 19 Mars 2020, le Sénégal a connu son premier cas dit communautaire, dont la traçabilité épidémiologique est impossible. En date du 30 Mars, le nombre de cas communautaire était constant et égal à 10 et n’apparaissait plus dans les nouveaux cas, jusqu’à ce jour (04 Avril), où l’on notre un nouveau cas communautaire. Ce sont des cas qui méritent attention et qui devraient pousser nos autorités à réaliser des tests de manière proactive notamment dans les différents foyers atteints en procèdent par échantillonnage volontaire. Par ailleurs, tout le corps médical s’occupant de la prise en charge des cas confirmés et contacts devraient aussi être systématiquement testés si les conditions sont réunies.