On se croirait dans les 80 avec ses lots de coups d’Etat, de famine, de guerre civile en Afrique. Le Covid-19 a remis les pendules de l’Afro-pessimisme à l’heure. L’Occident, lourdement affectée, prévoit le pire pour l’Afrique.
D’abord le Secrétaire général des Nations-unies qui a prédit le pire pour l’Afrique si rien n’est fait. Pour Guterres, sans la mobilisation de 3000 milliards pour endiguer la maladie, l’Afrique pourrait souffrir de millions de morts.
Ensuite, le Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (Caps) du Ministère des Affaires étrangères en France, qui prévoit un scénario-catastrophe sans précédent pour les pays africains.
Selon ces chercheurs, ce n’est qu’une affaire de temps car la crise du Covid-19 pourrait être en Afrique « la crise de trop, qui déstabilise durablement, voire qui mette à bas des régimes fragiles (Sahel) ou en bout de course (Afrique centrale) ». En tout cas, la crise du Covid-19 sera probablement le révélateur des limites de capacité des Etats, incapables de protéger leur population. En Afrique, elle va également amplifier les facteurs de crise des sociétés et des Etats. Un nombre élevé de morts, le décès d’une personnalité ou, enfin, la comparaison entre Etats fragiles (Sahel et Afrique centrale) et solides (Rwanda, Sénégal) Ce qui pourrait déclencher une contestation.
En somme, le Quai d’Orsay dit, en des termes à peine voilés, ce qu’avait prévu les Nations-unies. Ce qui est clair, c’est que l’Occident prévoit le pire pour l’Afrique. C’est le retour d’un afro-pessimisme qui surprend beaucoup les Africains eux-mêmes qui font actuellement partie des moins affectés du Corid-19 dans le monde.
L’Afrique entière en est à plus de 5 400 cas confirmés dans 49 pays pour plus de 131 décès. C’est-à-dire moins que ce qui se passe dans un seul des pays occidentaux affectés comme l’Espagne, l’Italie, les Etats-Unis.
Mieux, les gouvernements des différents pays n’ont pas croisé les bras. Au Sénégal et dans beaucoup d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest, c’est l’Etat d’urgence et un confinement de la capitale Lagos, au Nigéria, pour ne citer que ces exemples.
Les réactions des Etats sont énergiques, même si elles sont rendues difficiles par la précarité et la fragilité des systèmes sanitaires, l’insuffisance du personnel médical, la pauvreté, la promiscuité, le règne de l’informel et la non-viabilité d’institutions publiques qui fonctionnent mal.
Qu’à cela ne tienne, l’Afrique arrive, encore, à circonscrire le mal.
En effet, les conditions de vie et d’insalubrité ambiante ont sans doute davantage rendus les systèmes immunitaires des individus beaucoup plus préparés à ce virus.
Mieux, ces spécialistes en santé, mieux préparés à combattre les maladies tropicales dites négligées, ne sont pas du tout moins outillés que ceux du Nord.
En tout état de cause, nous ne savons pas et ne voulons pas savoir sur quoi ces prévisionnistes pessimistes se basent pour diaboliser l’Afrique, mais nous restons convaincus au moins d’une chose, c’est que le Covid-19 a démontré la fragilité de tous les systèmes sanitaires du monde.
Les pays les plus puissants n’ont pas évité la contamination rapide à grande échelle de leurs populations et n’ont pas pu éviter les morts en série.
Pour une fois, la maladie n’est pas ‘’africaine’’. Elle n’est pas non plus ‘’chinoise’’. C’est juste un virus qu’il faut combattre d’une façon solidaire et efficace par tous les pays du monde à l’aide de leurs spécialistes.
Certes, les Nations-unies ont le devoir d’alerter et de prévoir des ressources pour l’Afrique, mais les sorties notées sont à la limite une façon regrettable de semer la panique et de culpabiliser des Africains qui ne sont pas responsables de ce qui se passe.
Aucun pays n’ayant été préparé et tout le monde ayant été affecté, évitons de pointer du doigt les Africains pour en faire, comme dans les années 80, ‘’les damnés de la terre’’.
Assane Samb