Le débat avait été soulevé et vite enterré sous l’autel du consensus national autour de la lutte contre le coronavirus.
Or, il s’impose, derechef, du fait que le prix à la pompe du litre de gasoil et d’essence et de bien d’autres hydrocarbures est calculé en fonction du cours mondial du baril du pétrole.
Or, ce même baril a chuté d’une façon spectaculaire depuis quelques jours. Il est passé de 61,68 USD le baril en début d’année 2020, à 20,52 USD ce lundi 30 mars. Une baisse drastique de 67% qui doit induire une réduction importante du prix du carburant et des autres hydrocarbures.
Une situation sur fond de rivalité entre l’Arabie Saoudite et la Russie, qui impacte tous les pays producteurs, mais qui a des effets importants sur le commerce mondial.
Une baisse jugée sans précédent par beaucoup d’analystes qui voient l’Arabie Saoudite brader la ressource pour obliger la Russie qui n’est pas membre de l’Opep à venir à la table de négociation.
La décision s’impose d’autant plus à nous que certains pays voisins comme la Guinée Conakry ont amorcé une réduction de 10% par exemple sur les prix, même si cela a été jugé ‘’faible’’ par certains.
Or, il ne fait pas de doute qu’aujourd’hui, tous les secteurs de la vie nationale, notamment le transport, le commerce, l’industrie, les services, etc. sont impactés par les mesures d’état d’urgence et les mesures subséquentes comme le couvre-feu. Les activités sont réduites, sont au ralenti et le manque à gagner est immense, notamment pour les transporteurs qui se posent beaucoup de questions. Certains d’entre eux, outrés par l’interdiction du transport interurbain et la réduction des passagers, pensent arrêter leurs véhicules.
Des travailleurs marchent et l’argent se fait de plus en plus rare.
En conséquence, Macky qui entend amortir le poids des implications sociales des mesures prises, ne peut mieux le faire qu’en passant par une réduction importante du prix du carburant et du prix du transport.
La même réduction pourrait également concerner l’énergie, notamment l’électricité, dont les mesures d’augmentation avaient entrainé des manifestations monstres dans le pays il y a juste quelques semaines.
Ce serait l’occasion, pour la Senelec, de revenir sur les mesures d’augmentation du prix de l’électricité, étant entendu que le coût faible du baril va positivement impacter sur le coût de production globale.
Ces ajustements sont d’autant plus importants que les Sénégalais vivent un confinement partiel avec fort impact négatif sur leurs activités quotidiennes.
Certains marchés sont fermés, notamment à certaines heures, les boutiques ne fonctionnent plus à partir de 20 heures et les ménages commencent à subir le contrepoids de ces mesures.
En conséquence, la meilleure façon pour les autorités d’aider des populations éprouvées et stressées, c’est d’appliquer ‘’la vérité des prix’’ qui appelle nécessairement à une réduction.
Car, quand sous la forte demande de la Chine et de l’Inde, le baril avait connu une augmentation de 40%, la Senelec avait revu sa politique commerciale et avait imposé une hausse.
Mais, cette situation appartient au passé.
Aujourd’hui, tant que durera la crise du coronavirus, le prix du baril risque de ne pas augmenter, à moins qu’un accord spectaculaire ne soit trouvé entre les pays de l’Opep et la Russie.
Assane Samb