Le monde traverse actuellement une crise sanitaire sans précédent avec la pandémie du Coronavirus(Covid-19) qui n’a pas épargné le Sénégal. Cette épidémie a provoqué une fermeture brutale des frontières, ce qui va causer des retards inévitables ou pire des ruptures dans toutes les importations de produits y compris les médicaments d’où l’importance pour chaque pays d’avoir une souveraineté industrielle pour les produits alimentaires ainsi que les médicaments.
En ce même moment, MédiS Sénégal qui est la seule industrie pharmaceutique de manufacturing sénégalais en exploitation a fermé ses portes depuis le 15 janvier 2020 en déclarant un chômage technique illégal, irrégulier et abusif. Pourtant, Certains médicaments de la firme (Chloroquine, Paracétamol, Doliprane, Quinine et Terpine) sont utilisés dans le traitement symptomatique du Corona Virus.
Conscient des multiples problèmes (humain, technique et financier) rencontrés par l’entreprise, les Délégués du Personnel avaient pris la responsabilité d’alerter le Président du Conseil d’Administration et les Autorités sénégalaises (Président de la république, Ministre de la santé et directions rattachées DPM/PNA, Ministre de l’industrie, Ministre du travail) sur la mauvaise gouvernance et le risque sanitaire en cas de faillite de l’entreprise à travers un mémorandum datant du 19 décembre 2019.
En réponse au mémorandum des délégués du personnel, la direction Générale de MédiS basée à Tunis a pris la décision unilatérale et en violation des directives du code du travail sénégalais à envoyer la quasi-totalité du personnel en chômage technique à partir du 15 janvier 2020 pour une durée de six (06) mois et en interdisant l’accès de l’usine aux employés, ce qui représente une fermeture définitive déguisée de l’entreprise.
Les employés sont restés 3 mois sans salaire et sans prise en charge médical du personnel et de leur famille. La production de MédiS Sénégal est à l’arrêt depuis le 15 décembre 2019 alors que beaucoup de médicaments de santé publique (Gardénal, Phénobarbital et Fer) sont en rupture actuellement au Sénégal.
Nonobstant les rencontres décrochées avec le ministère de la santé et les Directeurs de plusieurs institutions (Direction du Travail, Direction de la Pharmacie et des laboratoires, Haut Conseil du Dialogue Social, CNTS) la situation s’aggrave de jour en jour, ce qui va à l’encontre de la politique de l’état en matière de lutte contre les faux médicaments la promotion de l’industrie pharmaceutique locale et de la politique maladie universelle.
MédiS Sénégal est une industrie pharmaceutique créée en 1973 grâce à la volonté de l’état du Sénégal sous le nom de SIPOA (Société Industrielle et Pharmaceutique Ouest Africaine). La société a grandi au fil des années jusqu’à intéresser la multinationale Rhône Poulenc à rentrer dans le capital et en devenir l’actionnaire majoritaire en 1989.
Par le jeu des fusions acquisitions des multinationales, la société a subi plusieurs changements de dénominations : Rhône Poulenc à Aventis Pharma en 2000 ; Aventis Pharma à Sanofi- Aventis en 2004 ;
Sanofi-Aventis à Africasoins Production (groupe Sanofi) en 2006 ; Africasoins Production à Winthrop Pharma Sénégal (groupe Sanofi) en 2008 ; Et Winthrop Pharma Sénégal à MédiS Sénégal en Avril 2017.
MédiS Sénégal appartenant au groupe Les Laboratoires Médis qui est un leader tunisien de l’industrie pharmaceutique, présent déjà en Algérie et en République Tchèque vient élargir ses bases au Sénégal avec la perspective de se développer activement en Afrique subsaharienne.
Médis Sénégal compte 117 permanents et plus de 200 journaliers et temporaires pour assurer ses activités. MédiS Sénégal fabrique des médicaments accessibles au pouvoir d’achat des pays africains. Ci- dessous une liste des produits phares :
Paracétamol est un antalgique Gardénal ou Phénobarbital soignent l’épilepsie Fer acide folique utilisé par les femmes enceintes Parégorique soigne les diarrhées et dysenteries Doliprane Sirop un antalgique pour les bébés Paluject et Quinine soignent le paludisme
L’entreprise appartenait au leader français Sanofi avant d’être racheté en Laboratoires Médis suite aux difficultés financières et au vieillissement de son portefeuille. Monsieur Lassaad BOUJBEL PCA du groupe Les Laboratoires Médis avait pris des engagements à développer le portefeuille des médicaments du site de Dakar et à maintenir et améliorer les acquis et avantages sociaux des employés. Cependant la mauvaise gouvernance de MédiS Pharma Sénégal démontre le contraire des engagements de Monsieur BOUJBEL : détournements financiers, mauvaise gestion des salaires des employés, mauvaise gestion du personnel, la liste étant loin d’être exhaustive.
C’est en résumé, les causes des manifestations du personnel de Médis Sénégal qui luttent nuit et jour afin d’éviter la faillite de la seule entreprise pharmaceutique en exploitation au Sénégal.
Rappelons que Pfizer Sénégal une firme pharmaceutique américaine est tombée en faillite en 2017.
Le Sénégal a importé en 2018 des médicaments d’une valeur de 137 milliards de FCFA selon Dr Annette Seck Ndiaye Directrice de la PNA.
La faillite de MédiS Pharma Sénégal représenterait une catastrophe sanitaire et industrielle avec une suppression de plus de 250 emplois.