Les transferts internationaux commencent à connaître les contrecoups de la propagation du Covid-19. Si d’habitude la manne financière envoyée par la diaspora sénégalaise tournait autour de 900 à 1000 milliards de frs par année, des chiffres avancés parlent d’une perte de près de 100 milliards de frs dans le court terme pour les ménages.
Les dégâts collatéraux seront ressentis par les services de transfert d’argent. L’activité connait actuellement une chute qui pourrait même se traduire par la fermeture d’agence de transfert et surtout une perte d’emplois.
Les premiers impacts sur les envois de la diaspora parlent d’une perte de près de 100 milliards de frs dans le court terme. « Mon mari qui vient en France m’a carrément dit de se débrouiller avec les recettes du magasin qu’il m’a ouvert ici à Yoff. Je dois me battre pour vendre le restant du matériel disponible dans le magasin et faire de sorte que ceux qui nous doivent de l’argent passe à la caisse. C’est à partir de cet argent que je dois payer notre location et acheter le ravitaillement parce que mon mari me dit qu’il est confiné en France. Il ne peut pas sortir pour aller au travail » explique Fatou Diouf rencontrée à Yoff. Cette dernière ajoute qu’elle ne pense même à aller dans des points d’argent pour récupérer un hypothétique envoi d’argent.
Astou Sall, une autre femme d’émigré d’Italie vit la même situation. Elle n’a pas la chance de s’occuper d’un magasin. Elle ne vivait que des envois de son époux. Astou Sall affiche le masque de l’inquiétude. « Débrouille-toi. Essaie de vendre tes bijoux parce que je ne peux plus envoyer de l’argent puisqu’on est confiné ici en Italie » lui a dit son mari.
La pandémie du coronavirus a pratiquement alors touché tous les secteurs de la vie économique du pays. Les points de transferts d’argent vivent les dégâts collatéraux de la situation. Ce n’est plus la grande affluence comme il y a quelques semaines quand le pays ne comptait pas encore de victimes de ce virus venu de Chine et qui s’est gaillardement installé au Sénégal. Bien entendu, malgré que les clients se fassent désirer, le personnel est toujours présent tout en respectant les mesures d’hygiène.
En face du cimetière musulman de Yoff, une structure à l’enseigne « Point 26 », et accueillant un magasin multiservice, est ouverte. Devant le portail, quelques rares clients faisaient la queue en laissant beaucoup d’espaces entre eux. Chacun y accédait à tour de rôle. Chaque client devrait se nettoyer les mains avec une solution hydro alcoolique avant d’accéder à l’intérieur de la boutique.
A l’intérieur, le personnel portait des masques de protection en plus du port des gants. « On ne peut s’empêcher de venir travailler, car s est notre gagne-pain et les clients ont besoin de nous. Mais nous sommes obligés de nous conforter aux règles d’hygiène pour nous protéger car nous recevons toutes sortes de personnes », soutient Souleymane Sy, l’un des caissiers tout en indiquant que les clients se font rares en ces périodes de pandémie. A en croire notre interlocuteur, si ça perdure, cela risquerait de laisser beaucoup de séquelles dans le secteur du transfert d’argent.
Aux hlm Grand Médine, une autre agence de transfert a ouvert ses portes. L’endroit se singularise par la densité des services d’envoi et de réception. En effet, dans cette zone, il y a plusieurs agences de ce genre. Toutes affichent les services offerts : Ria, Money Gram, Western Union.
Devant l’agence à l’enseigne, « Thioune et frères », un calme plat règne à l’intérieur. Dans cet établissement, même si les caissiers sont à leur poste, ils semblent se tourner les pouces avec la clientèle qui se fait rare. Une seule caissière est présente dans la boutique. Marianne Ndiaye laisse entendre que ses autres collègues sont en congés, car les clients se font rares à cause de l’épidémie du Covid 19.
Menace sur l’activité
« Actuellement, je suis seule au boulot pour gérer le peu de clients qui viennent retirer ou envoyer de l’argent. Là où je suis, je respecte toutes les mesures avec le port du masque et des gants. Avant chaque transaction, j’invite le client à se nettoyer les mains avec la solution hydro-alcoolique. Nous manipulons des billets de banque et beaucoup de gens les touchent, C’est la raison pour laquelle, il faut que tous les agents de banques respectent les mesures d’hygiène pour ne pas être exposés ».
A quelques mètres de cette agence, trône une autre peinte en jaune. Trois box sont disponibles. Un espace client est aménagé. Le décor est complété par des produits électroménagers empaquetés. Le maitre des lieux est trouvé en train de faire ses comptes. Mor Seck qui en est le gérant se confie sans détours sur la situation des transferts internationaux enregistrés dans la structure où elle officie. ‘’Les opérations de transfert que nous faisons sont en baisse.
Pour les transferts internationaux, avant le contexte du coronavirus, nous pouvions en faire une quarantaine ou une cinquantaine par jour. Mais, actuellement, il nous est difficile d’en enregistrer 10’’. Seuls les transferts nationaux marchent mais pas comme on le souhaite. Quelques rares personnes viennent retirer ou envoyer via les opérateurs orange Money ou Wari. Si la situation continue, nous serons obligés de fermer boutique et de licencier des employés » a-t-il conclu.
Le Témoin