El hadji Ndiaye est venu titiller les marabouts. Diversement appréciés, ces propos ont soulevé la désapprobation de certains mais aussi traduisent un agacement partagé par d’autres. Mais c’est du pain béni pour ceux font bloc autour de leurs guides. Pourquoi parfois leurs hésitations face à cette grave pandémies ? Il suffit de voir leurs trajectoires. Pourquoi, voulons nous qu’ils se muent en défenseur de l’intérêt général après avoir été tout le temps partisans de priviléges spécifiques (« légitimes » selon eux) et de statuts spéciaux. C’est cela le malentendu. D’autant que nous nous confrontons à la pratique des « petits fils » car c’est d’eux qu’il s’agit désormais. Les gens veulent demeurer spéciaux sur la base plus de leur légitimité historique que de leurs postures actuelles. Mais il faut beaucoup de patience. Car ce système va imploser.
Au moment où ceux qui ont le frigo plein et savent qu’ils seront payés à la fin du mois demandent qu’on passe au confinement (qui est sûrement la solution), presque aucune voix de se lève pour appeler à l’empathie pour s’assurer que les goorgorlus qui vivent parmi nous pourront manger et se soigner et garder leurs dignité. C’est là où on attend certains. Les experts en santé font leurs boulot dans des conditions difficiles. On découvre que nous avons une large frange d’analphabètes qui ne savent pas comment tousser, se laver la main (comme si la règle en matière a changé), qui ne croient pas aux virus, qui pensent qu’un talisman ou des fragments de « saines salives » peut les sauver. On découvre que le long terme pour certains l’horizon c’est la solde ou le revenu journalier toujours aléatoire. On découvre dans certains quartiers les gens s’entassent dans les maisons à 30. Tout cela n’est pas nouveau et ne changera pas du jour au lendemain. Ce pays est en profonde crise. Et la misère est incroyablement installée au moment où des politiciens et petits bourgeois le regardent avec condescendance et mépris.
Le temps est à l’empathie et la décence aussi. Donnons à ces gens un masque et un manteau de dignité. Parce que certains d’entre nous découvrent que nous sommes embarqués dans la même galère que cet autre peuple que nous croisons tous les jours sans les voir. La théorie sur le respect des règles et en toute urgence insiste beaucoup sur la nécessité d’impliquer les autorités religieuses et coutumières, mais très peu ou pas sur les mesures d’accompagnement pour le rendre effectif. Pourtant ce devoir de solidarité est inscrit dans tous nos préceptes religieux. C’est le moment de le rappeler alors. Il suffit de regarder le profil socio économique des gens qui postent « stay home ». Remplaçons cela par « let us help everybody to stay home ». Et chacun de nous peut le faire à son échelle. Ce serait plus utile que de passer la journée à faire le virologue en herbe, l’agence de presse qui relaye tout et rien, l’objecteur de conscience qui tire sur l’autre soi devenu comme par magie plus indiscipliné ou fanatique.
Le confinement économique s’est exacerbé pour tous ceux qui ont de petits boulots autour de l’aéroport, dans le secteur touristique, pour petit gérant de kiosque de PMU et loto (plus de courses hippiques, matchs de foot), demain ce sera la vendeuse dans une gargotte, le mec en pousse pousse assis au feu rouge. Il ne s’agit pas de résoudre tous ces drames sociaux ou de trouver un alibi pour ne pas agir vite. Mais il faut tenir compte du contexte local comme disent nos brillants amis.