L’année scolaire 2019-2020 est partie pour être mouvementée. A moins que le « Macky» ne trouve des réponses dynamiques et instantes aux revendications des personnels enseignants, les syndicats et autres cartels de l’école vont continuer de dérouler leur mot d’ordre de grève générale sur l’étendue du territoire national.
A l’instar du G7, composé du Saemss, du Sels, du Siens, du Cusems, du Sels/A, de l’Uden et du Sneelas/Fc, qui entend paralyser aujourd’hui les enseignements-apprentissages dans tous les établissements scolaires, après avoir débrayé hier, mardi, dans le cadre de son deuxième plan d’actions. Avec en conséquence, de fortes menaces sur le calendrier des compositions.
Revoilà le jusqu’au-boutisme qui s’empare encore du système éducatif sénégalais, entre un gouvernement incapable de satisfaire ses principaux engagements et des personnels enseignants déterminés à tordre la main des autorités pour rentrer dans les acquis syndicaux arrêtés d’accord partie. Une grève totale est ainsi exécutée ce jour, mercredi, par le G7 qui regroupe le Saemss, le Sels, le Siens, le Cusems, le Sels/A, l’Uden et le Sneelas/Fc et qui ne compte reculer d’un iota dans son combat initié depuis des mois pour pousser le gouvernement à régler ses revendications.
Après avoir bouclé donc leur premier plan d’action qui avait tant soit peu perturbé le secteur éducatif, Saourou Sène et ses camarades passent à l’étape suivante avec un deuxième plan d’action qui a démarré depuis hier, mardi, par un débrayage suivi d’Assemblées générales départementales d’informations avant la grève totale pour ce mercredi 5 février. Si le premier volet de ce plan d’action n’a pas fondamentalement perturbé les établissements d’enseignement hier, mardi , avec des élèves qui étaient en pleine séance de compositions, il reste que la grève totale a poussé les autorités académiques de Dakar à décaler le calendrier des examens prévus.
Il est 11 heures au lycée Saidou Nourou Tall de Dakar et la cour est vide. Certains élèves sont en train de prendre tranquillement leur petit-déjeuner, alors que les autres suivent tranquillement leurs compositions. Des élèves qui se disent en ce moment très concentrés sur leurs évaluations expliquent : « Nous sommes en composition et on n’est pas au courant d’un mouvement d’humeur des enseignants».
Au lycée Galandou Diouf de Mermoz, non loin de là, on trouve des élèves regroupés en groupuscules, dans le vestibule de l’école. Et la rengaine n’est guère différente : « Vous ne faites pas cours ?». Et les filles de répliquer : «Si, Monsieur. Par contre on est en composition. En plus, nos professeurs sont en réunion d’information ».
Dans une salle, se trouvent les membres du G7 en pleine discussion. Ils refusent de répondre à nos questions : «Attendez dans quelques minutes :» ; nous a fait entendre l’homme a la porte. Sur ces entrefaites, des élèves nous font savoir que les classes de 2nde, 1ère et 4ème sont en phase de compositions. Par contre, retrouvés devant la porte de leur salle de classe, des élèves de 3ème nous confient : «nous sommes là depuis ce matin, on n’a pas vu notre professeur, on a entendu qu’il est en réunion et aussi qu’ils sont en colère contre l’Etat ».
Interpellé à l’issue d’une assemblée générale tenue avec ses collègues du G7 au lycée Galandou Diouf, Ndongo Sarr, secrétaire général adjoint du Cadre unitaire syndicale des enseignants du moyen et du secondaire (Cusems) explique que leur réunion était destinée à évaluer l’entame de leur deuxième plan d’action matérialisé par un débrayage du mardi 04 février, et une grève totale, aujourd’hui, dans tout le territoire national. « Au menu de cette assemblée générale, il était question de sensibiliser les collègues du G7, les informer des enjeux de la lutte afin de pouvoir maintenir et renforcer la mobilisation ». Avant d’affirmer que le mouvement est bien suivi par ses collègues.
Comme en témoigne, selon lui, « l’acte pris par les autorités académiques de la région de Dakar de repousser le calendrier des examens prévus demain (ce mercredi-ndlr) ». Ce qui est, de son avis, un indice du taux de suivi du mouvement de grève. Ndongo Sarr ne s’empêchera toutefois pas de constater « nous avons en face de nous des autorités qui, il faut le regretter, ne réagissent que quand on leur met la pression». Pour cause, il arguera que le G7 a observé une trêve d’une année pour donner le temps au gouvernement de matérialiser le protocole d’accords signés depuis le 30 avril 2018 mais « nous avons l’impression que les autorités ne se soucient guère de nos préoccupations ».
Pour lui donc, la balle est dans le camp des autorités qui n’honorent pas leur parole. Toujours dans sa logique de justification, le secrétaire général adjoint du Cusems dira : « dans les pays normés, les protocoles d’accords mettent fin à une crise. Malheureusement, chez-nous, ils sont l’objet d’une crise ». Et de conclure : « Nous voulons que l’Etat honore sa parole en apurant le passif social car c’est l’Etat même qui avait dit que ces accords sont réalistes et réalisables».