Attaques à tout-va contre les personnes et les institutions: L’ère du sous-développement moral et intellectuel

par admin

Le chanteur Mame Gor Diazaka s’est rendu coupable d’un délit d’outrage à l’Armée, du moins selon nombre de militaires, dont le Colonel Kébé, qui n’ont pas apprécié sa sortie sur ‘’l’oisiveté’’ de l’institution face à l’insécurité.

Une plainte a même été agitée contre lui, renseignent nos confrères du ‘’Témoin’’.

Il s’est excusé en parlant de propos galvaudés ou sortis de leur contexte, de ‘’fautes de frappe’’, pour ne pas dire d’écart de langage. Et nous espérons que l’incident s’en arrêtera là.

Toutefois, il convient de méditer sur cette grosse bourde.

En effet, il est clair que le chanteur a exactement dit ce qu’il pense par rapport à l’insécurité dans le pays. Et il est évident qu’il a parlé en profane, comme la plupart d’entre nous quand des questions techniques se posent et que les spécialistes en la matière ne sont pas toujours accessibles.

Son idée, grosso modo, est que l’Armée doit être mise à contribution. Il l’aurait dit en ces termes, cela n’aurait dérangé personne.

Toutefois, c’est Mame Gor Diazaka. Celui qui, de chanteur, s’est converti en activiste au profit le plus souvent du pouvoir auquel il s’est rapproché.

Il s’est converti en activiste, celui du régime en place, et croit devoir se prononcer sur toutes les questions importantes de l’heure.

Mais de là à s’en prendre à l’Armée ? Cela pose, évidement problème.

Car, cette institution, chez nous, bénéficie d’une forme de sacralité qui n’est pas le fruit du hasard.

L’Armée, muette, est respectable parce que composée d’hommes et de femmes qui ont toujours donné l’exemple partout, sur les théâtres d’opérations où ils sont envoyés.

Ils ont fait la fierté de la Nation sur le plan strictement militaire, à l’intérieur du pays et à l’extérieur, et se sont investis sur les activités civiles, conformément à ce concept d’armée-nation qui n’est pas un vain mot.

Diazaka ignore que l’Armée intervient là où elle est envoyée par son Chef suprême qui est le Président de la République.

Qui plus est, une bonne partie de son intervention au niveau interne de la République est encadrée par la loi, en cas de nécessité appelée état de siège. Alors, c’est la loi martiale qui s’applique. Les lois ‘’civiles’’ étant gelées.

Les Sénégalais sont plutôt familiarisés avec de rares cas d’état d’urgence sous le régime du Président Diouf, où ce sont les forces de l’ordre (Police et Gendarmerie) qui interviennent avec des pouvoirs élargis.

Mieux, jusqu’ici, personne ne s’est hasardé à s’en prendre à l’Armée.

Malheureusement, nous sommes dans un pays où personne n’est épargné. Les activistes de tous bords désacralisent tout et s’épanchent en critiques tous azimuts, et parfois en injures contre les Institutions.

Personne n’aurait cru que l’on s’en prendrait un jour à l’Armée et que la déferlante hérésie sociale ambiante n’épargnerait pas les militaires.

Et les excuses de Mame Gor n’y peuvent rien. Le mal est déjà fait.

Il convient, cependant, de rappeler que quand une société ne reconnait plus les symboles, elle devient ingrate, amnésique et court tout droit vers la déchéance morale, intellectuelle et sociale.

Nous en sommes à un niveau où on met tout le monde sur le même piédestal, avec la possibilité de les huer à tout moment. Et peu de personnes et d’institutions échappent à la règle.

Les réseaux sociaux aidant, certains Sénégalais croient, avec la garantie de l’anonymat, détenir une licence de huer, de calomnier et d’injurier à tout-va.

Conséquence, nous entrons dans une nouvelle ère de sous-développement moral et intellectuel qui inquiète beaucoup plus que le sous-développement économique et financier.

C’est la perte de valeurs, de repères, de référents. C’est la déshumanisation, tout court.

Assane Samb

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