Cour des Comptes sur l’OFOR: Pourquoi l’eau est plus chère dans les zones rurales qu’en milieu urbain

par admin

Au Sénégal, les populations en milieu rural paient chèrement la mise sous délégation de la gestion de l’eau, par l’Etat qui l’a confiée à l’Office des forages ruraux (OFOR). Résultat, l’eau est plus chère en milieu rural qu’en milieu urbain. 

« En confiant la gestion de l’eau au fermier, l’Etat lui garantit un prix exploitant fixé par arrêté du Ministre en charge de l’Hydraulique et correspondant au tarif du mètre cube d’eau facturé aux différentes catégories d’usagers. Les constatations relevées dans ce cadre ont trait au défaut de maîtrise de la grille tarifaire ainsi qu’au caractère relativement élevé du prix de l’eau et du coût de l’abonnement en milieu rural », lit-on dans le Rapport 2017 de la Cour des Comptes. 

Ce tableau numéro 80 qui suit présente les prix fixés par l’arrêté tarifaire numéro 015783 du 07 août 2015, dans la zone Notto-Diosmone-Palmarin et Gorom-Lampsar
Cour des Comptes sur l'OFOR: Pourquoi l’eau est plus chère dans les zones rurales qu’en milieu urbain

« La mise en oeuvre d’un tarif domestique unique, fixé à 275 FCFA par mètre-cube d’eau, a négativement impacté le chiffre d’affaires du fermier, puisque 85% de ses clients sont des usagers domestiques. Il s’y ajoute qu’avec l’exonération de la TVA sur les factures domestiques, SEOH n’est plus en mesure de récupérer la TVA qu’elle a supportée sur ses achats », note le rapport. 

Qui ajoute que « Du fait de cette situation, le deuxième contrat de délégation, conclu avec AQUATECH, le 17 mars 2016, pour le périmètre de Thiès et Diourbel, n’est toujours pas mis en œuvre et des concertations sont en cours avec toutes les parties prenantes pour une nouvelle grille tarifaire qui prenne en compte ces contraintes ». 

Il convient néanmoins, selon la Cour des Comptes, de relever que ces tarifs restent élevés par rapport à ceux pratiqués par la SDE (devenu Sen’EAU depuis janvier 2020) en milieu urbain. En effet, alors que le tarif appliqué à la tranche sociale en milieu rural s’établit à 275 FCFA le mètre cube, le même tarif en milieu urbain est de 200 FCFA 

Les prix de l’abonnement plus élevés en milieu rural 
Pour ce qui s’agit du coût de branchement en milieu rural fixé à 125 000 Fcfa à la prise de service du fermier, il a été ramené à 75 000 Fcfa, puis à 25.000 Fcfa avec des kits subventionnés par l’OFOR. Mais, d’après toujours le document de la Cour des comptes, « le prix de ce kit subventionné est également bien au-dessus du coût du branchement social en milieu urbain qui s’établit à 13 500 Fcfa du fait d’une subvention de l’Etat ». 

La qualité des services, les défaut d’analyse de la qualité de l’eau et les retards dans la prise en charge des incidents… 
 

 

 

Lansana gagny Sakho, DG OFOR de septembre 2014 à septembre 2018 2017

Lansana gagny Sakho, DG OFOR de septembre 2014 à septembre 2018 2017
De l’examen de la qualité du service fourni par le délégataire, il ressort des anomalies et dysfonctionnements liés à la qualité de l’eau, à la récurrence des interruptions du service de distribution et au défaut de réactivité dans la prise en charge des incidents et réclamations. 

Le défaut d’analyse de la qualité de l’eau 
Il est indiqué à l’article 15 du contrat d’affermage que la qualité de l’eau distribuée par le fermier doit être conforme aux recommandations de l’OMS et que sa qualité psycho chimique et bactériologique doit se situer respectivement à 95% et 98%, sous réserve de la qualité de l’aquifère captée. Ainsi, le fermier fait faire des analyses mensuelles par un laboratoire, la Cour n’a reçu communication ni des résultats des analyses effectuées par le fermier ni des rapports de contre-expertise élaborés pour le compte de l’OFOR, note le rapport 

Des retards dans la prise en charge des incidents 
Aux termes de l’article 16 du contrat de performance annexé au contrat d’affermage, SEOH s’est engagée à intervenir dans un délai maximal de vingt-quatre (24) heures en cas de rupture d’une conduite ou de fuites d’une canalisation de distribution ou d’un branchement. Le temps de réaction pour la prise en charge des incidents techniques (fuites, pannes, canaux cassés etc.) s’est globalement amélioré dans le NDP. 

Il est, cependant, relevé par la Cour des Comptes, que des incidents ont été constatés sur le réseau sans que leur prise en charge ne soit effectuée dans les délais susvisés. Il en est ainsi, à titre illustratif, d’un tuyau non couvert sur la route de Palmarin à hauteur des « Sept Baobabs », exposé aux intempéries, et d’une vieille fuite à l’entrée de Ndiaganiao. 
En outre, dans les localités de Ndangane campement et Djifer, les fuites d’eau abondantes et fréquentes, tardivement prises en charge, occasionnent une faiblesse du rendement du réseau et empêchent la fourniture de l’eau en continue, ce qui freine considérablement l’activité hôtelière. 
Cette situation entraîne très souvent le recours aux puits non protégés et abandonnés, avec les éventuelles conséquences sur la santé des populations. Ces constats, faits en présence du Chef de la Division du Contrôle de l’Exploitation de facturation produites par le fermier, souligne le rapport en sa page 164.

 

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