13 ans jour après que l’abbé Diamacoune Senghor a tiré sa révérence suite à une longue maladie qui avait nécessité son évacuation en France où il a finalement rendu l’âme, le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) s’est fissuré. Plusieurs lieutenants se sont disputé le leadership dont les plus représentatifs sont sans doute Cesar atoute badiate et Salif Sadio. Deux chefs de guerre en bisbilles profondes, selon nos confrères du journal Le Témoin, qui reviennent sur la crise profonde qui secoue le mouvement indépendantiste.
D’abord, le décès de la figure de proue du Mfdc a davantage fragilisé l’unité du mouvement indépendantiste déjà très divisé. Cette division se traduit aujourd’hui par l’absence d’un bureau politique du Mfdc. Les nombreuses contradictions internes ont fait que, depuis le décès de Diamacoune, le mouvement ne s’est jamais réuni pour désigner son successeur à sa tête. Tous les responsables du mouvement qui se prévalent d’un titre quelconque se sont autoproclamés, donc quand ils parlent, cela n’engage pas leurs autres frères.
Il y a eu certes une tentative de réorganisation du mouvement afin de pouvoir restaurer l’unité. Et l’initiative était venue des anciens collaborateurs de Sidy Badji, le premier chef d’Atika, la branche armée du mouvement qui, avec l’abbé Diamacoune, étaient les deux principaux responsables du Mfdc. Ils avaient mis en place une structure dénommée ‘’le Groupe de contact’’, pilotée par Louis Tendeng, un ancien combattant revenu à la vie civile. Cette structure avait pour vocation de ratisser large pour restaurer l’unité des différents clans de l’aile politique qui ont leurs quartiers à Ziguinchor et ensuite descendre dans le maquis pour rapprocher Salif Sadio et César Atoute Badiate, les deux principaux chefs de guerre du mouvement, devenus ennemis jurés.
Mais malgré la volonté de Louis Tendeng et ses collaborateurs parmi lesquels on peut citer Youssouf Coly, un autre ancien combattant revenu à la vie civile qui était un chargé de mission de Sidy Badji, les choses ne sont pas allées loin. Leurs démarches s’étaient vite heurtées à l’intransigeance de certains responsables qui travaillaient dans l’entourage de l’Abbé Diamacoune comme Abdou Elenkine Diatta. Lesquelles ne voulaient pas se soumettre à l’autorité de Louis Tendeng qu’ils considéraient comme des pions du Gouvernement sénégalais. Donc, à priori, ils soupçonnaient ces membres du Groupe de contact de faire un double jeu.
Les proches de l’ex-secrétaire général du mouvement, Jean Marie Biagui, refuseront, eux aussi, de rejoindre ce groupe qui, finalement, n’a pas réussi son objectif de rassembler le restant de l’aile politique du Mfdc pour ainsi pouvoir essayer de mettre en place un nouveau bureau national.
Salif Sadio et César Atoute, deux chefs de guerre en bisbilles profondes
Du côté du maquis aussi, les actions de ce groupe de contact se sont soldées par un échec. Ils ne réussiront pas à faire taire les querelles entre Salif sadio et César Atoute Badiate, le premier nommé considérant toujours le second comme un traître qui travaille avec des forces occultes pour faire échouer l’objectif du Mfdc de mener la Casamance à l’indépendance. Au contraire, leur division s’est accentuée, tous les ponts sont aujourd’hui coupés entre eux. Tous les observateurs avisés sont d’avis que ces deux chefs de guerre ne feront jamais la paix. Pour rappel, ils se sont tirés dessus deux fois dessus, en 2001 et en 2006. Et à chaque fois, c’est César qui avait pris le dessus parce qu’aidé par l’Armée bissau-guinéenne.
À l’origine de leur antagonisme, l’Abbé Diamacoune voulait limoger Salif Sadio de la tête d’Atika où il avait été nommé par des responsables du Mfdc à l’insu du Prélat. Ce, suite à une rencontre que l’ancien chef de la branche armée du Mfdc, Léopold Sagna, avait eue au Palais présidentiel à Dakar en 1994 avec le président Abdou Diouf. Ces responsables et une bonne frange du maquis avaient considéré cette rencontre comme une trahison. En réaction, ils avaient intronisé Salif Sadio avant le retour de Léopold dans le maquis. Une nomination que l’Abbé Diamacoune avait toujours récusée. Ainsi, il avait demandé à maintes reprises à Salif de démissionner, chose que ce dernier avait toujours refusée.
Finalement, l’Abbé avait pris l’option d’armer César (Atoute Badiate) et compagnie pour le faire partir de force. Pour réussir cette opération, le prélat avait bénéficié d’un important appui du Gouvernement bissau-guinéen, sous le règne de Coumba Yala, pour mener cette opération qui avait permis de prendre la base stratégique de Kassolol qui est aujourd’hui le quartier général de César Atoute Badiate.
Source: Le Témoin