Un parti qui ne participe pas à l’animation de la vie politique ne vit que de nom. Et le Rewmi devrait être rangé aujourd’hui dans cette catégorie. En effet, au-delà du silence assourdissant de son leader, la formation orange n’organise pratiquement pas d’activité et ne tient pratiquement pas de réunion.
Faire de la politique, c’est également occuper l’espace public et se faire remarquer dans les combats politiques et sociaux. A défaut, le parti politique perd toute sa vocation. Et cela soulève des interrogations, si particulièrement la formation en question est sortie deuxième à l’issue d’un scrutin présidentiel avec 21% de l’électorat. Dans l’ordre normal des choses, le Rewmi et son leader devraient incarner l’opposition sénégalaise et dicter le débat politique. A la place, on note le silence assourdissant de son leader qui, depuis la présidentielle, n’a plus pipé mot. A cela s’ajoute un manque d’animation de sa formation qui ne joue pas les premiers rôles et ne dicte pas le débat. En dehors du vice-président Déthié Fall qui profite de sa petite tribune à l’Assemblée nationale et d’interviews sporadiques dans les médias, rares sont les leaders de Rewmi qui se font remarquer. Comme s’ils étaient piqués par le même virus que leur leader, leur ardeur semble être douchée. Et comme la nature a horreur du vide, d’autres états-majors politiques en profitent. Il en est ainsi pour les Patriotes et les libéraux qui, sous l’impulsion de Me Wade et son fils Karim Wade, partagent l’espace avec la coalition présidentielle. Ce qui pousse à se poser la question à savoir si le Rewmi a réellement capitalisé sa deuxième place au sortir de la présidentielle de 2019. Joint au téléphone, le Secrétaire national chargé des Relations internationales et Directeur de l’école du parti pense que le Rewmi n’a pas laissé la place à ses camarades de l’opposition. Yankhoba Seydi affirme que le fait que leur leader ne parle pas ne signifie aucunement que le terrain est laissé à qui que ce soit. «Le temps de la politique est derrière nous. L’élection présidentielle est aussi derrière nous. On ne peut pas occuper le terrain politique éternellement. Il y a un temps pour faire la politique et un temps pour travailler », a-t-il expliqué. Toujours selon lui, si on entend par exemple Ousmane Sonko s’exprimer, on sent nettement que son parti se réunit régulièrement et prépare le terrain à son leader. Ce qui, à l’en croire, manque à sa formation ;
YANKHOBA SEYDI : «DETHIE FALL QUI DEVRAIT CONDUIRE LE PARTI NE GERE QUE SA PROPRE PROMOTION AVEC UN PETIT CLAN QU’IL A INSTALLE»
D’ailleurs, Monsieur Seydi estime s’être querellé avec le viceprésident de Rewmi Déthié Fall sur la nécessité de faire vivre les instances du parti. «Il y a deux ans, j’avais dénoncé ce problème. Et je suis revenu là-dessus il y a deux ou trois semaines. Rewmi est un grand parti et est composé de militants engagés. Mais il souffre d’un problème sérieux de fonctionnement. Et c’est lié au fait que le parti ne réunit pas ses instances notamment le Secrétariat national», a soutenu le Secrétaire national chargé des Relations Internationales de la formation orange. Yankhoba Seydi estime qu’aujourd’hui, le vice-président, à qui Idrissa Seck a donné pratiquement tous ses pouvoirs et s’est mis en retrait, devrait avoir la charge de conduire le parti et de le gérer au quotidien. «Mais cela ne l’intéresse pas. En réalité, il ne veut que gérer sa propre promotion avec son propre groupe, un petit clan qu’il a installé », déplore Yankhoba Seydi. Si le Secrétariat national se réunissait comme il faut, ajoute-t-il, le parti aurait la latitude de se prononcer sur les questions importantes qui agitent le Sénégal et à la fin de chaque rencontre sortir un communiqué. Et à partir de ce moment, souligne le Directeur de l’école du parti de Rewmi, le silence d’Idrissa Seck n’allait pas se sentir. «Mais le vice-président n’a pas convoqué de réunion depuis presque la veille des élections législatives. Un parti dont le Secrétariat national n’est pas convoqué depuis bientôt trois ans est un parti qui ne fonctionne pas sérieusement », tranche-t-il pour le regretter. Il indique que le parti a besoin de cadrer et de paramétrer toutes les activités, tout ce qui se fera sur le terrain, au niveau du secrétariat national. «On n’a pas un outil digne de ce nom. Nous avons le devoir de faire de sorte que ce parti puisse fonctionner pour que même si demain notre leader se retire de la politique que le parti puisse continuer à fonctionner. Nous voulons un parti moderne et une meilleure organisation qui passe par des dirigeants qui décident ensemble via les instances», explique Yankhoba Seydi.
«LE SILENCE D’IDRISSA SECK EST UN SILENCE DE COMMUNICATION»
Revenant par ailleurs sur le silence de son leader, le Secrétaire national chargé des relations internationales reconnait que c’est un silence très assourdissant. La preuve, dit-il, tout le monde demande où estce qu’il se trouve ; pourquoi on ne l’entend pas. «Le silence d’Idrissa Seck est un silence de communication. Idy c’est quelqu’un qui ne parle pas beaucoup, mais le jour il va prendre la parole tout le monde va l’écouter. Son silence est d’or », magnifie le Directeur de l’école du parti Rewmi. Encore que, d’après Yankhoba Seydi, toutes les questions abordées aujourd’hui, même celle concernant la hausse du prix de l’électricité, Idy en avait déjà parlé avant et pendant la campagne présidentielle. A ceux qui l’accusent de deal avec Macky Sall, Yankhoba Seydi estime que c’est une autre histoire qui n’a aucun fondement. «Idrissa Seck avait dit publiquement le 23 décembre 2018 lors de son investiture par les FDS qu’il avait tellement critiqué Macky Sall qu’il ne le critiquerait plus parce que cela ne vaut pas la peine. Idy a affirmé que Macky Sall a la gestion la plus catastrophique de tous les Présidents qui ont dirigé le Sénégal depuis l’Indépendance. Il ne peut pas quand-même dealer avec Macky Sall et il ne peut pas non plus continuer à le critiquer. Surtout que les membres de son propre camp sortent des choses qu’Idrissa Seck avait déjà dites. Et finalement Idy a ses propres porte-parole dans le camp de Macky Sall », a conclu le professeur et responsable Rewmiste, Yankhba Seydi