Les photos de la première Dame du Sénégal et celle de la Guinée-Bissau, dont le mari Embalo vient d’être porté au pouvoir, postées hier sur les réseaux sociaux, nous réconfortent sur le fait que c’est vraiment un ami du Sénégal qui vient d’arriver au pouvoir dans ce pays frère.
En effet, suite à la présidentielle qui vient de se dérouler en Guinée-Bissau, le second tour a été l’occasion pour le candidat de l’indéboulonnable PAIGC, Domingo Simoes Pereira, de professer des menaces contre le Sénégal, notamment pour ce qui concerne le tracé de la frontière et autres litiges dépassés depuis des lustres.
Aujourd’hui, Omaro qui vient d’arriver au pouvoir, a fait sa première visite au Sénégal pour remercier son homologue pour son soutien, notamment lorsqu’il était en difficulté en tant que simple citoyen.
Une situation qui rappelle celle qui est survenue Gambie il y a de cela trois ans, avec l’arrivée au pourvoir d’Adama Barro. Alors que son prédécesseur Yahyah Jammeh se faisait un malin plaisir de s’en prendre au Sénégal et à ses dirigeants, Barrow est resté reconnaissant au Sénégal et n’a pas posé des actes majeurs allant dans le sens de torpiller cette amitié.
Idem en Mauritanie. Cet autre pays frontalier du Sénégal a, à sa tête, Mohamed Ould Ghazouani. Ce dernier est arrivé au pouvoir en remplacement d’Ould Aziz.
Le nouveau Président a, durant le dernier sommet sur la paix et la sécurité dans le Sahel en novembre 2019, généreusement accepté d’être l’invité d’honneur. Une marque d’estime et d’amitié pour le Sénégal, malgré des relations émaillées, de par le passé, d’incidents ayant abouti à la mort de pêcheurs et à l’expulsion de nos compatriotes.
Ce qui veut dire que les relations n’ont jamais été vraiment faciles avec nos voisins, excepté le Mali avec qui on a su rester des frères, les Chefs d’Etat ayant cultivé un esprit de responsabilité et de respect mutuel qui a permis de garder exemplaires les relations qui sont de toutes sortes.
Mais avec la Gambie de Yahyah Jammeh par exemple, le Sénégal a souffert du blocage de certains projets communs, d’attaques systématiques et provocations contre ses dirigeants et sa population, de la complicité des autorités gambiennes avec certaines factions du MFDC, de la coupe illégale de bois, etc.
Et la Guinée-Bissau de José Mario Vaz, le Président sortant, n’était pas un exemple de bonne coopération avec Dakar, même si les actes hostiles étaient rares, voire inexistants.
Ce qui se passe, c’est que Vaz semblait être beaucoup plus en phase avec Ould Aziz, l’ancien Président mauritanien, avec qui nous avions des relations souvent froides.
Aziz a hérité d’Ould Taya cette forme de méfiance envers le Sénégal, avec beaucoup de bâtons dans les roues même si l’on arrivait aussi, avec lui, à signer des accords de pêches et à faire des patrouilles communes à la frontière.
Des relations difficiles qui faisaient que l’on parlait de ceinture de feu. Mais pas que.
En réalité, le risque que le Sénégal courait du fait de son voisinage avec certains, était dû à l’absence d’une démocratie véritable dans ces pays plus qu’à la personnalité de ceux qui sont au pouvoir.
Nous avions des pays voisins où les expériences démocratiques étaient à l’état de balbutiement. Les violations des droits de l’homme et les atteintes aux libertés publiques étaient monnaie courante.
C’étaient des pays instables institutionnellement, politiquement et socialement.
Dans ces conditions, il est difficile, pour le Sénégal, de ne pas subir les contrecoups des luttes de pouvoir et autres contradictions en cours chez nos voisins.
Le conflit dans la région sud du pays de la Téranga a été largement amplifié par les bases arrière offertes de temps en temps par un ou des voisins. D’autres ont aidé par plusieurs formes des mouvements indépendantistes. Et cette réalité est connue des autorités sénégalaises.
Ce sont ces données géopolitiques-là qui sont en train de changer.
Entouré par des ‘’amis’’ où les pays amorcent des expériences démocratiques nouvelles, le Sénégal ne peut que s’en porter davantage mieux.
Assane Samb