Invité de l’émission «grand Jury» sur RFM hier, l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise actuellement médiateur de la république, Alioune Badara Cissé, a laissé entendre que le collectif «noo lank» était disposé à rencontrer le chef de l’état pour échanger sur la hausse du prix de l’électricité. Ce qui laisse entrevoir que les membres du mouvement ne sont pas aussi radicaux qu’on le pense.
Si on s’en tient à leur discours guerrier et leur ton de jusqu’auboutiste, on peut vite conclure que le collectif «Noo Lank» est constitué de gens radicaux. Contrairement à ce que l’on pense et à en croire le médiateur de la République, Alioune Badara Cissé qui les a reçus dernièrement, ces jeunes ne répondent pas au label qu’on leur colle. «Ce sont des jeunes extrêmement bien formés, d’une grande courtoisie et qui ont le Sénégal au cœur», a-t-il salué.
Mieux, dit-il, ils ne ferment pas leur porte pour un éventuel tête-à-tête avec le chef de l’Etat pour s’entretenir sur la hausse du prix de l’électricité. «Quand je leur ai demandé s’ils allaient accepter de rencontrer le Président Macky Sall, ils ont offert de ne pas s’opposer à rencontrer le Chef de l’État au cas où ce dernier le leur demanderait parce qu’ils sont des citoyens. Je l’ai mentionné noir sur blanc sur le compte rendu que j’ai adressé au président de la République. Et je ne vois pas ce qui pourrait empêcher que le chef de l’Etat rencontre ces citoyens qui ont des choses à lui dire», a expliqué Alioune Badara Cissé qui répète que les membres du collectif qui étaient venus le voir ne lui ont exprimé aucune objection de rencontrer le président de la République.
ABC dit ainsi avoir échangé avec des jeunes courageux, porte-parole des sans-voix, dans la plus grande civilité et dans la plus grande cordialité. «J’ai tenu la promesse d’informer le chef de l’Etat aussitôt qu’ils sont sortis de mon bureau. Nous devons faire de sorte que le dialogue ne s’estompe», déclare le médiateur de la République. Il affirme que les membres de «Noo Lank » lui ont assuré qu’ils ne sont pas dans des moments de riposte ou de dégradation de biens ou de violences sur les personnes. «Ils soutiennent qu’ils sont dans la sensibilisation et qu’ils ne peuvent pas renoncer à leurs démonstrations sur certains espaces de Dakar», rapporte le médiateur de la République qui demeure convaincu qu’un espace de dialogue doit être trouvé tout en espérant que le chef de l’Etat sera sensible à leur demande.
Livrant sa position sur la hausse du prix de l’électricité, il soutient qu’une réduction doit pouvoir avoir lieu dans la mesure où le dollar est à un niveau acceptable tout au long des dernières années qui ont prévalu à l’augmentation du prix de l’électricité, et que le coursdu barildupétrolen’estpas non plus à la hausse. Sauf à prendre en compte, relativise-t-il, les investissements nouveaux et un tableau d’amortissement qu’on ne peut pas satisfaire. Tout compte fait, à l’en croire, il est préférable que les prix ne soient pas augmentés surtout que les Sénégalais se satisfont bien peu de ce qu’ils gagnent le mois.
ABC ESQUIVE LA QUESTION DU 3EME MANDAT PRESIDENTIEL
Par ailleurs, s’exprimant sur les questions politiques, Alioune Badara Cissé a déploré le fait qu’à peine réélu, des appétits soient déclarés de part et d’autre. «Macky Sall ne peut certes empêcher les observateurs et autres journalistes de parler de succession. Quant aux militants de son parti, une seule adresse aurait suffi sans qu’il ait besoin de prendre d’autres sanctions. J’aurais dit à la place de Macky Sall en Comité directeur fermement mais tout aussi solennellement : « ceux qui sont en mesure de travailler pour le Sénégal et de croire en notre programme, qu’ils sachent que ces diversions multiples et variées qui passent pour des peccadilles et des querelles de mauvais intérêt pour le pays n’ont pas lieu d’être. Ou ils restent, ou ils s’en vont. Ce ne sont pas des compagnons comme ça dont je veux. Le Sénégal n’en veut pas non plus et c’est terminé. C’est simple et c’est fini ! Ceux qui continuent iront chercher ailleurs », explique l’ancien coordonnateur national du parti présidentiel.
Pour autant, Alioune Badara Cissé pense qu’il était incongru de limoger Sory Kaba, ex-Directeur des Sénégalais de l’extérieur pour avoir déclaré que le chef de l’Etat en est à son 2e mandat. «Jamais, je ne l’aurais fait, je n’aurais pas limogé ceux-là qui sont jeunes, pleins d’entrain. Sory Kaba est une intelligence. Macky devrait dire : « Kaba, écoute, arrête de me parler de ça, je ne peux pas savoir. Je sais l’échéance pour laquelle je suis élu, je sais ce que je dois faire. Je vous ai appelé à mes côtés pour que vous m’aidiez à construire ce pays, je ne veux pas que tu fasses partie d’un mouvement de diversion», a indiqué Monsieur Cissé. Selon lui, s’il en a la possibilité, il demandera au chef de l’Etat de le rétablir. «Je le sais pétri de qualité et talentueux. Et je ne veux pas qu’on perde trop de talents en cours de route. Les jeunes frères qui se trompent, on les rappelle à bord, on leur parle et on passe l’éponge», a-t-il affirmé. Interpellé en tant que juriste sur l’éventualité d’un troisième mandat pour le Président Sall, ABC de dire qu’il n’est pas juge constitutionnel et qu’en tant que médiateur, il fonde son action sur le respect de la ligne médiane. «Je ne veux pas porter ma voix à un débat non encore tranché par le juge constitutionnel Celui-ci a qualité d’interpréter la Constitution. Je ne l’ai pas. Même si je suis un avocat, il y a d’autres personnes beaucoup plus qualifiées que moi pour y procéder », a-t-il évité la question.
RECONCILIATION DE MACKY SALL ET MOUSTAPHA DIAKHATE
En définitive, l’ancien coordonnateur national de l’APR dit travailler pour rapprocher Moustapha Diakhaté et le chef de l’Etat. Il a déclaré, hier, avoir déjà eu un entretien avec l’ancien président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakaar (BBY) et qu’il devrait, s’il en a l’opportunité, en parler au chef de l’Etat. ABC informe dans la foulée avoir annoncé au chef de l’Etat samedi dernier son intention de retrouver le parti à la fin de son mandat de médiateur. A la question de savoir s’il serait d’accord pour être le successeur du Président Sall sur recommandation de ce dernier, il répond : «Non pas du tout. Je le serai sur la base de mes convictions personnelles ; à la suite de consultations de mes amis et de ma famille. Je le ferai bien entendu après en avoir échangé avec lui. Mais la seule désignation de ma personne par lui est très insuffisante pour que je plonge dans ce combat politique. C’est un combat de titans pour lequel il faut se préparer ici et ailleurs avec ceux du dedans comme ceux du dehors, avec la complicité de tous ceux qui ont eu à diriger le pays, Wade et Diouf. »