Suite à la déclaration faite sur iGFM de M. Hamidou Diallo, Président de l’Association des insuffisants rénaux, la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement tient à apporter les précisions suivantes
Actuellement au Sénégal, il est impossible de faire une dialyse à 8.000 Francs CFA en achetant un kit à 2000 Francs CFA !
Au Sénégal, un kit de dialyse est composé de 11 éléments.
A titre d’exemple, rien que le rein artificiel (encore appelé dialyseur) au prix unitaire le moins cher coûte hors taxe et hors douane 9.070 Francs CFA; la cartouche de Bicarbonate coûte 3.026 Francs CFA hors taxe et hors douane.
Dans notre pays, la prévalence de l’insuffisance rénale est estimée à 4,9%. Selon les statistiques disponibles, ce sont environ 753 patients qui sont dialysés par an à raison de 2 ou 3 séances hebdomadaires dans les structures publiques de santé et plus de 200 patients dans les structures de santé privées.
En 2019, le nombre de patients sous dialyse dans les structures publiques de santé est passé à 842 patients dont 50 sous dialyse péritonéale.
La gratuité de la dialyse est entrée en vigueur en 2012, avec une subvention de l’Etat de 910 000 000 de Francs CFA qui a presque triplé en 2013 pour passer à 2 745 600 000 Francs CFA.
La gratuité concerne notamment les intrants qui sont mis à disposition dans tous les centres de dialyse sous forme de kits par la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement (PNA) y compris les centres privés conventionnés. La composition des kits est différente selon qu’il s’agit de l’hémodialyse ou de la dialyse péritonéale.
Les kits d’hémodialyse sont constitués de 11 éléments dont le rein artificiel, des médicaments et produits essentiels. La composition des kits d’hémodialyse varie également selon le générateur utilisé. Il existe 4 types dans les centres de dialyse au Sénégal.
Concernant la dialyse péritonéale, les intrants sont constitués principalement des poches de glucose à différente concentration (isotonique, intermédiaire et hypertonique) de contenance différente selon qu’il s’agit de la dialyse péritonéale continue ambulatoire (DPCA) ou de la dialyse péritonéale automatisée (DPA) qui nécessite l’utilisation de machine appelée cycleur.
L’acquisition des intrants qui composent le kit se fait par appel d’offres international sur la base d’un cahier de charge dont les clauses techniques sont des plus rigoureuses et correspondent aux besoins nécessaires à la prise en charge correcte des patients.
Tous les acteurs du système de santé concernés (néphrologues, techniciens…) par l’utilisation de ces intrants y compris les associations des malades sont associés au processus d’acquisition qui est mis en œuvre par la PNA.
L’approvisionnement en kits de dialyse des structures de prise en charge se fait sur la base de procédures préalablement établies sous la coordination d’un « Point focal » désigné par la tutelle technique dont l’approbation préalable des commandes est requise avant toute livraison aux structures sanitaires bénéficiaires par les Pharmacies Régionales d’Approvisionnement (PRA) auxquelles elles sont rattachées. Tout ceci se fait dans un processus clair et transparent.
Les factures et bordereaux de livraison signés sont transmis tous les mois à l’Agence de la couverture maladie universelle (ACMU) en vue du règlement.
Le prix d’acquisition des kits après évaluation technique des offres et attribution des marchés varie entre 26.315 Francs CFA minimum et 38.800 Francs CFA maximum hors taxes.
A cela s’ajoute les frais annexes qu’il faut intégrer au coût d’acquisition du kit. Il s’agit notamment de la taxe à l’importation ou Tarif Extérieur Commun de l’UEMOA (TEC) qui s’élève à 2,7% du prix d’acquisition du kit, des frais d’assurance et de stockage 3,5% des frais de distribution sur l’ensemble du territoire national 4,5%.
Le prix du kit est fixé après avoir pris en compte l’ensemble des coûts de gestion qui sont calculés grâce à un outil standard de modélisation des coûts de gestion logistique des intrants élaboré par l’Association des centrales d’achat d’Afrique (ACAME).
En 2019, la PNA a fourni aux structures sanitaires 105 438 kits de dialyse pour un montant estimé à 4 365 705 300 Francs.
Pour améliorer la prise en charge de ces maladies rénales, et accompagner les patients, des mesures importantes ont été prises par le Gouvernement du Sénégal depuis 2012. Outre celle de la gratuité de la dialyse dans les structures sanitaires publiques, il s’agit :
– de l’amélioration de l’accessibilité géographique de la dialyse avec un nombre de centres qui est de 4 à 23 entre 2012 et 2019 ;
– de la signature de conventions entre l’Etat et certains centres de dialyse privés pour renforcer l’offre de soins ;
– de l’adoption de la Loi n° 2015-22 du 08 décembre 2015 relative au don, au prélèvement et à la transplantation d’organes et aux greffes de tissus humains et le décret n ° 2018-1583 fixant la composition, l’organisation et le fonctionnement du Conseil national du Don et de la Transplantation (CNDT).
Toutefois, malgré les efforts consentis par l’Etat pour améliorer l’offre de soins en matière de prise en charge de la pathologie rénale, la demande reste forte et les besoins non encore satisfaits demeurent au regard du nombre de patients qui seraient en attente d’une dialyse sans avoir les moyens d’aller dans le secteur privé.
L’Etat est parfaitement conscient des défis auxquels il faudra faire face pour garantir la pérennité de cette initiative salutaire de gratuité de la dialyse. Ainsi, des réflexions sont en cours pour améliorer la stratégie de financement et se pencher rapidement sur les voies et moyens d’aller vers la fabrication locale de certains éléments du kit tels que les poches de glucose (ce sera bientôt possible au Sénégal), le bicarbonate voir même les médicaments et produits essentiels contenus dans le kit.
Au regard de ce qui précède, on dit souvent que la « santé n’a pas de prix. C’est une vérité absolue, quand on sait qu’elle est déterminante dans l’espérance de vie de l’Homme, mais elle a aussi un coût ! et ce coût, il y a toujours quelqu’un qui le supporte notamment quand il s’agit de la gratuité du traitement.
C’est dans cette dynamique que s’inscrit, l’Etat du Sénégal à travers le ministère de la santé et de l’action sociale.