A Ouagadougou, à Conakry et jusqu’à Abidjan, l’élection de d’Umaro Sissoco Embalo à la présidence de Guinée-Bissau fait grincer les dents. Consultant multicarte, l’ancien premier ministre a un réseau dans toute la région.
L’ambiance promet d’être fraîche au prochain sommet des chefs d’Etat de laCommunauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Si l’élection d’Umaro Sissoco Embalo à la présidence de Guinée-Bissau, le 30 décembre, a ravi Macky Sall et Denis Sassou Nguesso, qui ont tous deux eu droit à la première visite d’Etat de leur nouvel homologue, les 4 et 5 janvier, elle a en revanche catastrophé Roch Marc Christian Kaboré, Alpha Condé et même Alassane Ouattara.
Reconstitution de ligue dissoute. Lui- même à demi Burkinabé, Umaro Sissoco Embalo a longtemps été proche de l’ex- président Blaise Compaoré et de son tout- puissant conseiller militaire, le général Gilbert Diendéré. Autant dire que son élection n’a pas exactement ravi Roch Marc Christian Kaboré, qui craint que les partisans de Compaoré ne disposent d’une nouvelle plate-forme dans la sous-région.
Effet domino. Mais c’est à Conakry que l’élection d’Umaro Sissoco Embalo fait le plus de vagues. Avant d’être premier ministre de 2016 à 2018, le nouveau président de Guinée-Bissau a en effet été un consultant très actif, notamment auprès du groupe de logistique portuaire Necotrans, liquidé en 2017. C’est notamment lui qui, grâce à ses réseaux mais également à ceux de Blaise Compaoré, avait permis au fondateur du logisticien français,
Richard Talbot, de décrocher la concession du Port autonome de Conakry face à Bolloré dans les derniers mois de la présidence de Lansana Conté, en 2008. Le contrat avait ensuite été confirmé par la junte militaire de Moussa Dadis Camara.
Dès son élection, en 2010, Alpha Condé avait dénoncé
Inquiétudes occidentales. De Paris à Washington en passant par Lisbonne, les services de coopération policière mettent précipitamment à jour leurs fiches sur le nouveau président bissau-guinéen. L’Europe et les Etats-Unis ne considèrent le pays, principale zone de transit de la cocaïne colombienne vers l’Europe, que sous l’angle de la lutte anti-drogue. Les points de passage sont tenus par l’armée et le grade de brigadier-général d’Umaro Sissoco Embalo inquiète beaucoup dans les capitales occidentales, où l’on s’interroge sur ses connexions avec les officiers généraux et supérieurs bissau-guinéens qui traitent directement avec les trafiquants.